Francophonie américaine
- Jacques
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- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Francophonie américaine
Je viens de retrouver dans mes archives un texte qui nous avait été déposé alors que le forum était encore tout jeune (la première ou la deuxième année) et qui nous avait beaucoup touchés :
Bonjour !
C'est par beau hasard que je suis tombée sur ce site il y a quelques heures, et je n'arrête pas d'y dénicher des informations utiles et si clairement (et gentiment) décrites. Je suis franco-ontarienne (et non québecoise... Oui - nous existons)* et je suis aux études en traduction vers le français. Le français est ma langue maternelle, mais je suis triste d'avouer que notre si belle langue n'est pas très bien enseignée aux écoles par ici. Nous sommes complètement submergés dans un univers anglophone, ce qui rend la pratique et l'apprentissage d'un beau français très difficile. C'est en comparant mes petites compétences à celles des mes collègues du Québec et d'ailleurs que je m'aperçois de mes lacunes... La situation ne fait qu'empirer avec la nouvelle génération d'enseignants qui parlent eux-même un "franglais" honteux. J'afficherai sans doute des questions assez bientôt, mais pour l'instant, ça me suffit de lire les si belles tournures de phrases écrites par les autres membres et par les administrateurs.
Il y a quand même une population assez importante de francophones en Ontario, particulièrement dans la région de la capitale, Ottawa. C'est une ville très gouvernementale ou (pardon, je n'arrive pas à trouver l'accent sur mon nouvel ordi) il faut être bilingue pour travailler pour le fédéral. Mais ce n'est pas évident de conserver son français. À mon école primaire, il y avait un système de jetons (petits cartons imprimés comme de l'argent) qui nous étaient distribués (25 par élève) en début de semaine. À chaque fois qu'un élève (ou même un prof) disait un mot en anglais, on pouvait lui demander "Un jeton s'il vous plaît !". Une phrase coûtait cinq jetons. Les vendredis, il y avait un jeu de Bingo, et les gagnants pouvaient "acheter" des prix (petits jouets...) avec leurs jetons. Étrange, mais ça marchait !
Mon père, qu'on avait empêché de parler français lorsqu'il était petit, (Il est allé à l'école des Jésuites afin d'apprendre en français. À l'époque, on avait banni les écoles publiques francophones.) est le plus grand défenseur de notre langue. Lorsque j'étais adolescente, si je parlais au téléphone avec une amie en anglais (une amie d'école qui parlait donc très bien le français), mon père m'avertissait une fois ("En français SVP !") et ensuite, si je récidivais, il raccrochait le téléphone ! »
* L’Ontario est une province canadienne à large dominante anglophone.
Bonjour !
C'est par beau hasard que je suis tombée sur ce site il y a quelques heures, et je n'arrête pas d'y dénicher des informations utiles et si clairement (et gentiment) décrites. Je suis franco-ontarienne (et non québecoise... Oui - nous existons)* et je suis aux études en traduction vers le français. Le français est ma langue maternelle, mais je suis triste d'avouer que notre si belle langue n'est pas très bien enseignée aux écoles par ici. Nous sommes complètement submergés dans un univers anglophone, ce qui rend la pratique et l'apprentissage d'un beau français très difficile. C'est en comparant mes petites compétences à celles des mes collègues du Québec et d'ailleurs que je m'aperçois de mes lacunes... La situation ne fait qu'empirer avec la nouvelle génération d'enseignants qui parlent eux-même un "franglais" honteux. J'afficherai sans doute des questions assez bientôt, mais pour l'instant, ça me suffit de lire les si belles tournures de phrases écrites par les autres membres et par les administrateurs.
Il y a quand même une population assez importante de francophones en Ontario, particulièrement dans la région de la capitale, Ottawa. C'est une ville très gouvernementale ou (pardon, je n'arrive pas à trouver l'accent sur mon nouvel ordi) il faut être bilingue pour travailler pour le fédéral. Mais ce n'est pas évident de conserver son français. À mon école primaire, il y avait un système de jetons (petits cartons imprimés comme de l'argent) qui nous étaient distribués (25 par élève) en début de semaine. À chaque fois qu'un élève (ou même un prof) disait un mot en anglais, on pouvait lui demander "Un jeton s'il vous plaît !". Une phrase coûtait cinq jetons. Les vendredis, il y avait un jeu de Bingo, et les gagnants pouvaient "acheter" des prix (petits jouets...) avec leurs jetons. Étrange, mais ça marchait !
Mon père, qu'on avait empêché de parler français lorsqu'il était petit, (Il est allé à l'école des Jésuites afin d'apprendre en français. À l'époque, on avait banni les écoles publiques francophones.) est le plus grand défenseur de notre langue. Lorsque j'étais adolescente, si je parlais au téléphone avec une amie en anglais (une amie d'école qui parlait donc très bien le français), mon père m'avertissait une fois ("En français SVP !") et ensuite, si je récidivais, il raccrochait le téléphone ! »
* L’Ontario est une province canadienne à large dominante anglophone.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Hippocampe
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- Klausinski
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Ce témoignage est très intéressant. « Submergés » est le mot. On peut voir sur Wikipédia à quel point les Ontariens dont la langue maternelle est le français sont minoritaires (ils ne sont que 4 %).
Avons-nous des nouvelles de cette personne ?
Avons-nous des nouvelles de cette personne ?
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
(Kafka, cité par Mauriac)
- Jacques
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Moi aussi j'ignorais leur existence, et nous ne sommes pas les seuls. Non, malheureusement elle ne s'est plus jamais manifestée, ce fut son seul message. J'ai retrouvé, c'était en 2007.Hippocampe a écrit :Vous avez eu des nouvelles depuis ?
J'ignorais l'existence des franco-ontariens.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Hippocampe
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Le message, maintenant un peu ancien, de cette Ontarienne m’émeut également beaucoup.
L’Amérique du Nord se veut pragmatique et la minorité francophone canadienne cadre mal avec ce souci de réalisme : le patron d’une entreprise de Vancouver sourit quand on lui rappelle qu’à l’autre bout de son pays certains de ses compatriotes n’ont pas l’anglais pour langue maternelle, de même qu’il peut trouver irréaliste le souci du maintien du français dans son pays. Lors d’un voyage au Canada j’ai cependant rencontré quelques Canadiens anglophones parlant aussi notre langue.
L’Ontario touche le Québec, il héberge à lui seul le tiers de la population du pays… et en particulier la capitale, Ottawa, située sur la Rivière des Outaouais : celle-ci forme la frontière provinciale et une « banlieue » d’Ottawa, Hull, sur l’autre rive et à majorité francophone, est donc québecoise. On peut y visiter le formidable Musée Canadien des Civilisations. « Ottawa » et « Outaouais » rappellent une ancienne tribu amérindienne.
La doctrine officielle veut que dans la capitale fédérale tout citoyen canadien puisse être accueilli dans sa langue maternelle lorsqu’il s’adresse à un organisme gouvernemental, elle est plus ou moins respectée. Il y a donc dans la ville des francophones de langue maternelle « en délégation ». Quelques autres, sans doute très peu nombreux, descendent de familles installées depuis beaucoup plus longtemps dans la région.
Il me semble que sont inscrits sur ce forum quelques Canadiens francophones, avec lesquels je rêve d’avoir des échanges sur la situation de notre langue dans leur pays et sur ce que nous considérons éventuellement comme des particularités de leur français.
L’Amérique du Nord se veut pragmatique et la minorité francophone canadienne cadre mal avec ce souci de réalisme : le patron d’une entreprise de Vancouver sourit quand on lui rappelle qu’à l’autre bout de son pays certains de ses compatriotes n’ont pas l’anglais pour langue maternelle, de même qu’il peut trouver irréaliste le souci du maintien du français dans son pays. Lors d’un voyage au Canada j’ai cependant rencontré quelques Canadiens anglophones parlant aussi notre langue.
L’Ontario touche le Québec, il héberge à lui seul le tiers de la population du pays… et en particulier la capitale, Ottawa, située sur la Rivière des Outaouais : celle-ci forme la frontière provinciale et une « banlieue » d’Ottawa, Hull, sur l’autre rive et à majorité francophone, est donc québecoise. On peut y visiter le formidable Musée Canadien des Civilisations. « Ottawa » et « Outaouais » rappellent une ancienne tribu amérindienne.
La doctrine officielle veut que dans la capitale fédérale tout citoyen canadien puisse être accueilli dans sa langue maternelle lorsqu’il s’adresse à un organisme gouvernemental, elle est plus ou moins respectée. Il y a donc dans la ville des francophones de langue maternelle « en délégation ». Quelques autres, sans doute très peu nombreux, descendent de familles installées depuis beaucoup plus longtemps dans la région.
Il me semble que sont inscrits sur ce forum quelques Canadiens francophones, avec lesquels je rêve d’avoir des échanges sur la situation de notre langue dans leur pays et sur ce que nous considérons éventuellement comme des particularités de leur français.
- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Malheureusement non, nous n'avons pas de francophones du continent américain. Nous en avons eu un une fois, le seul dont je me souvienne, et il n'a jamais participé aux débats sur la langue, son seul souci était de nous bombarder de propositions pour réformer le forum et y introduire des rubriques nouvelles. Marco et moi nous étions même demandé s'il n'allait pas nous prier de le nommer administrateur.André (Georges, Raymond) a écrit :Il me semble que sont inscrits sur ce forum quelques Canadiens francophones, avec lesquels je rêve d’avoir des échanges sur la situation de notre langue dans leur pays et sur ce que nous considérons éventuellement comme des particularités de leur français.
Je me rappelle qu'il avait présenté la situation des francophones québécois de façon très dramatique, et qu'il avait même dit qu'il était pour le rétablissement de la peine de mort.
Je ne me rappelle pas que nous ayons eu d'autres inscriptions de Québécois, ou en tout cas pas d'inscriptions suivies d'effet.
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- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Quel dommage ! Je croyais avoir vu il y a quelques semaines au moins une intervention laissant entendre que son auteur était québécois.Jacques a écrit :Malheureusement non, nous n'avons pas de francophones du continent américain. Nous en avons eu un une fois, le seul dont je me souvienne, et il n'a jamais participé aux débats sur la langue, son seul souci était de nous bombarder de propositions pour réformer le forum et y introduire des rubriques nouvelles. Marco et moi nous étions même demandé s'il n'allait pas nous prier de le nommer administrateur.
Je me rappelle qu'il avait présenté la situation des francophones québécois de façon très dramatique, et qu'il avait même dit qu'il était pour le rétablissement de la peine de mort.
Je ne me rappelle pas que nous ayons eu d'autres inscriptions de Québécois, ou en tout cas pas d'inscriptions suivies d'effet.
Faut-il comprendre que l'ancien inscrit dont vous parlez voulait rétablir la peine de mort pour ceux qui, dans son pays, le Canada, nuisent à la francophonie ?
- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Il ne l'a pas dit mais j'ai cru le deviner. Il paraissait excessif dans ses propos. Je ne sais pas quel est le sort des francophones dans son pays, mais il parlait de persécutions, on aurait quasiment cru qu'ils étaient en état d'occupation, comme nous étions nous-mêmes pendant la guerre sous la botte allemande. Ou qu'ils étaient dans la situation qui fut celle des juifs au temps d'Isabelle la catholique (l'Inquisition en moins, quand même).André (Georges, Raymond) a écrit :Faut-il comprendre que l'ancien inscrit dont vous parlez voulait rétablir la peine de mort pour ceux qui, dans son pays, le Canada, nuisent à la francophonie ?
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Ils font partie du ROC francophone.
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