Au plus... au moins

[Jacques-André-Albert]

Y a-t-il une règle décrivant ou définissant l'utilisation de plus et plusse ? N'est-ce pas une question de régionalisme ou de culture familiale ?

... et de génération.
Personnellement, j'utilise le mot « davantage », qui permet de trancher entre les deux « plus ».
La prononciation du S final de plus est, à mon avis, à placer dans le cadre plus général du retour en force des consonnes finales : on entend souvent « sisse cahiers » (6) là où la langue soignée dit plutôt « si cahiers » (je prends cet exemple car il me semble avoir remarqué que cette mode a commencé, en partie, chez des enseignants du primaire qui voulaient faire comprendre qu'il s'agissait bien du nombre six).
Dans « plus de peur que de mal », il me semble que faire entendre ou non le S est une question d'âge.
Comment entendez-vous ce plus dans les célèbres vers de du Bellay ?

Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :

Plus mon Loire gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la douceur angevine.

[Jacques]

Je prononce plu dans le premier et le dernier vers, et pluss dans les deux du milieu.

[Klausinski]

Je prononce plu dans le premier et le dernier vers, et pluss dans les deux du milieu.

Je fais pareil.

[Claude]

Je suppose que vos prononciations sont dues aux que qui suivent les plus dans le premier et le quatrième vers.

[cyrano]

Dans ce cas précis, j'aurais tendance à prononcer plu partout. Pris isolément, les deux vers du milieu pourraient éventuellement se prononcer pluss, mais le changement de prononciation d'un vers à l'autre me dérange un peu.

[Islwyn]

Je prononce plu dans le premier et le dernier vers, et pluss dans les deux du milieu.

Est-ce à dire que la prononciation du s s'impose chaque fois que plus n'est pas suivi de que ? Cela m'étonnerait. Comme cyrano, je dirais |ply| partout (ce qui correspond d'ailleurs à la prononciation normale au XVIe siècle). J'ai tendance à ne dire pluss que pour éviter une confusion avec la négation sans ne (j'ai pluss d'argent...).

[Jacques]

Je prononce plu dans le premier et le dernier vers, et pluss dans les deux du milieu.

Est-ce à dire que la prononciation du s s'impose chaque fois que plus est suivi de que ? Cela m'étonnerait.

Il y a du flou dans la pratique. Voyez l'opinion de Cyrano : la première fois je pensais comme lui. Puis, en essayant de comprendre le sens des deux vers du milieu, j'ai penché pour pluss. Mais cela ne veut rien dire et ne crée pas une règle. C'est subjectif, chacun le sent à sa façon.
Voici l'avis de Bordas :
– devant une voyelle ou H muet, se prononce pluz : plus on est de fous, plus on rit (pluzon) ;
– devant une consonne ou H aspiré, plu : ce mur-ci est plus haut que celui-là (plu'ô) ;
– devant une pause ou en finale, toujours pluss : Si cela nous rapporte plus (pluss), tant mieux ; elle en dit peu, mais elle en sait bien plus (pluss).
Cela pour la forme affirmative.

[Jacques-André-Albert]

Je prononce comme Cyrano et Islwyn, c'est à dire [plu] dans les quatre vers.

[Jacques]

Je prononce comme Cyrano et Islwyn, c'est à dire [plu] dans les quatre vers.

Bordas vous donne raison à tous les trois. Il faut que je révise ma façon de faire.

[Claude]

Vous me faites tous penser à plus plu.

Pardonnez-moi, je n'ai pas résisté.

[Klausinski]

Merci pour la chanson, Claude !

Comment prononceriez vous : « mon Loire gaulois me plaît plus que le Tibre latin » ? J'aurais tendance à prononcer le s ici, sans doute à cause de la place de plus, qui ne se trouve pas devant un adjectif. Je ne marque pas de pause, cependant. Selon Bordas, faudrait-il donc prononcer « plu » ?

[Jacques]

Merci pour la chanson, Claude !

Comment prononceriez vous : « mon Loire gaulois me plaît plus que le Tibre latin » ? J'aurais tendance à prononcer le s ici, sans doute à cause de la place de plus, qui ne se trouve pas devant un adjectif. Je ne marque pas de pause, cependant. Selon Bordas, faudrait-il donc prononcer « plu » ?

C'est ce qui découle de ses recommandations : plu devant une consonne. J'avoue que cela me chagrine, et que sans réfléchir je dirais pluss ; l'usage n'obéit pas toujours à la règle, selon ce que j'ai constaté. Mais pour éviter l'allitération, je ferais comme JAA, et je dirais davantage.
Les prescriptions du Larousse des difficultés coïncident parfaitement avec celles de Bordas.

[Manni-Gédéon]

Vous me faites tous penser à plus plu.

Pardonnez-moi, je n'ai pas résisté.

Moi, j'ai pensé à une expression qu'on entend parfois et que je trouve maladroite : « Ce qui m'a le plus plu, c'est (...) » [le pluss plu].

Dans les vers de du Bellay, instinctivement, je prononce comme Jacques et Klausinski. Mais comme c'est de la poésie, j'hésiterais à ne prononcer aucun s.

[Manni-Gédéon]

Voici l'avis de Bordas :
– devant une voyelle ou H muet, se prononce pluz : plus on est de fous, plus on rit (pluzon) ;
– devant une consonne ou H aspiré, plu : ce mur-ci est plus haut que celui-là (plu'ô) ;
– devant une pause ou en finale, toujours pluss : Si cela nous rapporte plus (pluss), tant mieux ; elle en dit peu, mais elle en sait bien plus (pluss).
Cela pour la forme affirmative.

Cette règle correspond assez à ma prononciation; mais devant que ou de, je prononce pluss, y compris dans plus de peur que de mal.

[Jacques]

Je crois que nous avons tous nos habitudes, qui se démarquent parfois de la règle.