L'un et l'autre, les uns et les autres
L'un et l'autre, les uns et les autres
L’un, l’autre… Les uns, les autres.
On entend indifféremment :
« Je les range l’un sur l’autre – Je les range les uns sur les autres
« Plaçons-les l’un avec l’autre – Plaçons-les les uns avec les autres.
« Dispose ces objets l’un contre l’autre – Dispose ces objets les uns contre les autres
Je ne parviens pas à discerner si c’est la préposition sur, contre, avec qui va décider de l’emploi du singulier ou du pluriel, si c’est la nature des objets à rassembler (semblables ou pas), si c‘est la manière de procéder (empiler, classer, exposer, entasser…).
S’il n’y a que deux objets, le singulier l’un et l’autre s’impose. Pareillement pour trois objets puisqu’on aura toujours 2 + 1 (et l’on ne dit pas « l’un sur les autres »).
Les uns sur les autres semble laisser présider au hasard un empilement disparate dans le sens vertical,
Les uns avec les autres laisse penser à un classement par catégories ou alphabétique, chronologique, hiérarchique…,
Les uns contre les autres concerne le sens horizontal mais c’est un non-sens puisque contre sous-entend un antagonisme (on se protège contre le froid, on lutte contre la maladie, contre l’ennemi héréditaire…).
Et, comme cela fait un peu désordre, j’en appelle à vos connaissances. Outre le bon sens qui oblige à réfléchir, existe-t-il une règle établie ?
On entend indifféremment :
« Je les range l’un sur l’autre – Je les range les uns sur les autres
« Plaçons-les l’un avec l’autre – Plaçons-les les uns avec les autres.
« Dispose ces objets l’un contre l’autre – Dispose ces objets les uns contre les autres
Je ne parviens pas à discerner si c’est la préposition sur, contre, avec qui va décider de l’emploi du singulier ou du pluriel, si c’est la nature des objets à rassembler (semblables ou pas), si c‘est la manière de procéder (empiler, classer, exposer, entasser…).
S’il n’y a que deux objets, le singulier l’un et l’autre s’impose. Pareillement pour trois objets puisqu’on aura toujours 2 + 1 (et l’on ne dit pas « l’un sur les autres »).
Les uns sur les autres semble laisser présider au hasard un empilement disparate dans le sens vertical,
Les uns avec les autres laisse penser à un classement par catégories ou alphabétique, chronologique, hiérarchique…,
Les uns contre les autres concerne le sens horizontal mais c’est un non-sens puisque contre sous-entend un antagonisme (on se protège contre le froid, on lutte contre la maladie, contre l’ennemi héréditaire…).
Et, comme cela fait un peu désordre, j’en appelle à vos connaissances. Outre le bon sens qui oblige à réfléchir, existe-t-il une règle établie ?
- Jacques-André-Albert
- Messages : 4645
- Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
- Localisation : Niort
Je pense que la règle est simple, si tant est qu'il y ait une règle :
- deux objets, deux êtres vivants : l'un et l'autrel'un sur l'autre, l'un contre l'autre, avec, pour, envers, etc.
- quand il y en a plusieurs : les uns et les autres, etc.
- deux objets, deux êtres vivants : l'un et l'autrel'un sur l'autre, l'un contre l'autre, avec, pour, envers, etc.
- quand il y en a plusieurs : les uns et les autres, etc.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
(Montaigne - Essais, I, 24)
- Klausinski
- Messages : 1295
- Inscription : mar. 12 déc. 2006, 23:54
- Localisation : Aude
Je n'ai pas trouvé de règle. Pour moi, lorsqu'on emploie le singulier, on considère les paires. Quand on dit « ces nombreux objets sont placés l'un contre l'autre », je vois plusieurs paires d'objets placés l'un près de l'autre. Si l'on dit « ces objets sont placés les uns contre les autres », je vois tous les objets rassemblés en un groupe plus uniforme. Ainsi, la phrase « ils travaillent les uns pour les autres » signifierait que chaque personne travaille pour plusieurs personnes ; « ils travaillent l'un pour l'autre » signifierait, s'il y a plus de deux personnes, que chacune travaille pour une seule autre personne.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
(Kafka, cité par Mauriac)
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- Messages : 7437
- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Vos distinctions, Klausinski, me laissent un peu perplexe. Il me semble possible de dire que dans une bibliothèque des livres sont placés l'un contre l'autre sans qu'ils soient disposés par paires. S'ils le sont, d'ailleurs, on éprouve le besoin de le préciser : Les livres sont placés deux par deux l'un contre l'autre. En tout cas je ne fais aucune différence entre vingt livres disposés l'un sur l'autre et vingt livres disposés les uns sur les autres.Klausinski a écrit :Quand on dit « ces nombreux objets sont placés l'un contre l'autre », je vois plusieurs paires d'objets placés l'un près de l'autre. Si l'on dit « ces objets sont placés les uns contre les autres », je vois tous les objets rassemblés en un groupe plus uniforme. Ainsi, la phrase « ils travaillent les uns pour les autres » signifierait que chaque personne travaille pour plusieurs personnes ; « ils travaillent l'un pour l'autre » signifierait, s'il y a plus de deux personnes, que chacune travaille pour une seule autre personne.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Je raisonne comme JAA : quand on dit l'un sur/avec/contre l'autre, c'est qu'il n'y a que deux objets. Le pluriel laisse comprendre qu'il y en a plusieurs.
Je ne vois pas que l'on puisse dire : Il y avait une douzaine de livres empilés l'un sur l'autre.
Je ne vois pas que l'on puisse dire : Il y avait une douzaine de livres empilés l'un sur l'autre.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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- Messages : 7437
- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Tort est peut-être une appréciation excessive. En l'absence de directives, nous manquons de certitudes et nous fions surtout à une logique personnelle. Je n'affirme rien, j'exprime, sans preuve, ce que je ressens.André (Georges, Raymond) a écrit :J'en viens à considérer que j'avais sans doute tort de ne guère faire de distinction entre "l'un sur l'autre" et "les uns sur les autres".
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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- Messages : 7437
- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
En effet ! Je suis peut-être passé un peu vite d'un extrême à l'autre !
Beaucoup d'exemples fournis par le Robert en sept volumes considèrent deux éléments pour la tournure au singulier :
"Les deux nations se contiennent l'une l'autre." (Montesquieu)
"Il rejette les deux propositions, il n'accepte ni l'une ni l'autre..."
Mais Robert, qui donne aussi beaucoup d'exemples avec le pluriel, en propose par ailleurs avec des singuliers qui semblent comporter une valeur universelle et se référer à plus de deux éléments :
"Un volage qui va de l'une à l'autre."
"Comme on voit tous ses vœux l'un l'autre se détruire." (Racine)
Si Racine confirme mon intuition originelle, j'ai eu tort de me remettre en cause ! "L'un l'autre" s'est sans doute référé initialement à deux éléments et a été utilisé ensuite pour en considérer plus de deux.
Beaucoup d'exemples fournis par le Robert en sept volumes considèrent deux éléments pour la tournure au singulier :
"Les deux nations se contiennent l'une l'autre." (Montesquieu)
"Il rejette les deux propositions, il n'accepte ni l'une ni l'autre..."
Mais Robert, qui donne aussi beaucoup d'exemples avec le pluriel, en propose par ailleurs avec des singuliers qui semblent comporter une valeur universelle et se référer à plus de deux éléments :
"Un volage qui va de l'une à l'autre."
"Comme on voit tous ses vœux l'un l'autre se détruire." (Racine)
Si Racine confirme mon intuition originelle, j'ai eu tort de me remettre en cause ! "L'un l'autre" s'est sans doute référé initialement à deux éléments et a été utilisé ensuite pour en considérer plus de deux.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Le premier exemple se justifie par le fait qu'aller de l'une à l'autre met en présence deux personnes à la fois, et pas davantage, ce qui nous ramène à l'idée que voulait exprimer Klausinski : il passe d'une femme à une autre, mais on n'appréhende pas l'ensemble, il n'y a pas de cumul comme lorsqu'on dit que des livres sont empilés les uns sur les autres, où nous avons un bloc fait de plusieurs unités qui sont en tas, donc ensemble.André (Georges, Raymond) a écrit :"Un volage qui va de l'une à l'autre."
"Comme on voit tous ses vœux l'un l'autre se détruire." (Racine).
Pour le second exemple, il y a la même idée : une cascade, chaque nouvel élément détruisant le précédent. Une progression unité par unité et non une destruction collective.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques-André-Albert
- Messages : 4645
- Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
- Localisation : Niort
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- Messages : 7437
- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
J'ai l'impression, effectivement, que la manière de considérer le sujet et l'action exprimée par le verbe n'est pas strictement la même. Mais GB-91 s'est demandé initialement s'il y avait une différence entre "Je les range l'un sur l'autre" et "Je les range les uns sur les autres" et quelle raison il pourrait y avoir de dire plus l'un que l'autre (!) Je ne suis pas sûr que nous ayons fourni une réponse qui le convainque totalement...
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Je maintiens mon raisonnement : je range les livres l'un sur l'autre s'il y en a deux, et les uns sur les autres s'il y en a plusieurs ; et dans ce dernier cas, si on veut exprimer le singulier on dira peut-être « les uns sur les autres en mettant chacun sur le précédent, l'un après l'autre ». Mais c'est tiré par les cheveux.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).