Mode de conjugaison
- Abyssinien
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Mode de conjugaison
J'ai relevé cette phrase dans le dernier ouvrage d'un écrivain connu: " A quoi occupé-je mon temps …?"
J'ai besoin d'explication concernant les règles (mode et forme de conjugaison) qui régissent dans ce cas la liaison entre le verbe "occuper " et le sujet "je". Merci d'avance pour les différents avis.
J'ai besoin d'explication concernant les règles (mode et forme de conjugaison) qui régissent dans ce cas la liaison entre le verbe "occuper " et le sujet "je". Merci d'avance pour les différents avis.
- Jacques-André-Albert
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Ce n'est pas une règle de conjugaison ; il s'agit d'éviter, lorsque l'inversion du verbe et du sujet s'impose, la rencontre des deux consonnes p et j :
- occupe-je n'est pas euphonique, que l'on prononce ou non le premier E.
De même pour suive-je, puisse-je, etc.
Cet accent aigu sur le E final du verbe relève du langage soigné ou poétique.
- occupe-je n'est pas euphonique, que l'on prononce ou non le premier E.
De même pour suive-je, puisse-je, etc.
Cet accent aigu sur le E final du verbe relève du langage soigné ou poétique.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
(Montaigne - Essais, I, 24)
- Abyssinien
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- Jacques
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- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Cela me rappelle, dans Horace, les imprécations de Camille :
...................................
Que le courroux du ciel allumé par mes vœux
Fasse pleuvoir sur elle un déluge de feu !
Puissé-je de mes yeux y voir tomber ce foudre,
Voir ses maisons en cendres et tes lauriers en poudre
..................................
Remarquons que l'Académie donne foudre comme uniquement féminin seulement dans la sixième édition de son dictionnaire (1835), et qu'avant elle cite les deux genres pour le phénomène météorologique :
FOUDRE. s. m. & f. Exhalaison enflammée qui sort de la nuë avec esclat & violence. Un coup de foudre. le foudre vengeur. estre frappé du foudre. estre frappé de la foudre. touché de la foudre. l'esclat de la foudre. lancer la foudre. la foudre est tombée. crime digne de la foudre.
Ce passage de la pièce est riche en exemples ; entre autres choses il offre aussi une tautologie : de mes yeux y voir tomber... Au XVIIe s. la tautologie devait être plutôt mal vue, quand on pense que Littré la condamnait encore au XIXe.
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Que le courroux du ciel allumé par mes vœux
Fasse pleuvoir sur elle un déluge de feu !
Puissé-je de mes yeux y voir tomber ce foudre,
Voir ses maisons en cendres et tes lauriers en poudre
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Remarquons que l'Académie donne foudre comme uniquement féminin seulement dans la sixième édition de son dictionnaire (1835), et qu'avant elle cite les deux genres pour le phénomène météorologique :
FOUDRE. s. m. & f. Exhalaison enflammée qui sort de la nuë avec esclat & violence. Un coup de foudre. le foudre vengeur. estre frappé du foudre. estre frappé de la foudre. touché de la foudre. l'esclat de la foudre. lancer la foudre. la foudre est tombée. crime digne de la foudre.
Ce passage de la pièce est riche en exemples ; entre autres choses il offre aussi une tautologie : de mes yeux y voir tomber... Au XVIIe s. la tautologie devait être plutôt mal vue, quand on pense que Littré la condamnait encore au XIXe.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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- Messages : 7437
- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Sous la plume inspirée de Corneille, Camille était un foudre d'éloquence : quels beaux alexandrins !
Je découvre, en feuilletant mes dictionnaires, que la "foudre" vient du neutre latin "fulgur" et que dans l'expression "un foudre de..." on a à faire à un mot désignant initialement un "faisceau de javelots de feu, attribut de Jupiter" (Larousse).
Certaines personnes prononcent, à tort, "Rêvé-je ?", "Chanté-je ?"... comme si l'accent aigu n'était pas là : pas si facile !
Je découvre, en feuilletant mes dictionnaires, que la "foudre" vient du neutre latin "fulgur" et que dans l'expression "un foudre de..." on a à faire à un mot désignant initialement un "faisceau de javelots de feu, attribut de Jupiter" (Larousse).
Certaines personnes prononcent, à tort, "Rêvé-je ?", "Chanté-je ?"... comme si l'accent aigu n'était pas là : pas si facile !
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- Messages : 7437
- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
- Jacques-André-Albert
- Messages : 4645
- Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
- Localisation : Niort
Ça me rappelle le duo Desproges et Le Luron dans l'interview de Mitterrand, dans un contexte légumier que j'ai oublié :
- me gourre-je ?
- non, du moins l'espère-je.
- me gourre-je ?
- non, du moins l'espère-je.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
(Montaigne - Essais, I, 24)
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- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Ce sketch illustre très précisément ce que nous disions sur un autre fil : à sa suite quelques naïfs ont cru ces formes correctes et les ont intégrées à leur syntaxe !Jacques-André-Albert a écrit :Ça me rappelle le duo Desproges et Le Luron dans l'interview de Mitterrand, dans un contexte légumier que j'ai oublié :
- me gourre-je ?
- non, du moins l'espère-je.
- Jacques-André-Albert
- Messages : 4645
- Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
- Localisation : Niort
Là, je suis dubitatif : j'ai du mal à croire que des naïfs puissent ignorer l'incorrection et en même temps s'amuser à utiliser l'inversion interrogative à la première personne. Même ici, en Anjou, où le langage populaire a conservé l'inversion, je ne l'entends jamais qu'à la deuxième et à la troisième personne, du singulier et du pluriel.
Il me semble que viens-je, prends-je, etc. sont toujours utilisés pour produire un effet comique.
Il me semble que viens-je, prends-je, etc. sont toujours utilisés pour produire un effet comique.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
(Montaigne - Essais, I, 24)