Typographie fautive ?
- Jacques
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Typographie fautive ?
L’auteur de Da Vinci code utilise un procédé typographique qui m’étonne et que je trouve discutable. Il met entre parenthèses des phrases que je qualifierai d’« introductives », où il pose le signe deux-points avant la parenthèse fermante. Il en usait d’abondance dans son premier ouvrage, moins semblerait-il dans les suivants, mais la pratique demeure.
Exemple tiré de son dernier livre :
Je sais que c’est contraignant pour vous, mais vous n’imaginez pas à quel point c’est important. (Elle fit une pause avant de reprendre :) Il est possible que ce soit une question de vie ou de mort.
Je ne me rappelle pas avoir jamais vu appliquer une telle méthode.
– la phrase entre parenthèses est un commentaire en aparté, elle ne peut donc pas servir d’introduction et n’a pas un caractère démonstratif ;
– par voie de conséquence, on ne peut pas mettre ce signe deux-points avant la parenthèse fermante ;
– la phrase entre parenthèses, autant que je le sache, ne se met pas après un point et ne commence donc pas par une majuscule.
J'aimerais connaître vos avis critiques.
Dans la citation ci-dessus il suffirait de supprimer les parenthèses.
Exemple tiré de son dernier livre :
Je sais que c’est contraignant pour vous, mais vous n’imaginez pas à quel point c’est important. (Elle fit une pause avant de reprendre :) Il est possible que ce soit une question de vie ou de mort.
Je ne me rappelle pas avoir jamais vu appliquer une telle méthode.
– la phrase entre parenthèses est un commentaire en aparté, elle ne peut donc pas servir d’introduction et n’a pas un caractère démonstratif ;
– par voie de conséquence, on ne peut pas mettre ce signe deux-points avant la parenthèse fermante ;
– la phrase entre parenthèses, autant que je le sache, ne se met pas après un point et ne commence donc pas par une majuscule.
J'aimerais connaître vos avis critiques.
Dans la citation ci-dessus il suffirait de supprimer les parenthèses.
Dernière modification par Jacques le mar. 03 sept. 2013, 21:33, modifié 2 fois.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques-André-Albert
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Je suis de votre avis : une phrase entre parenthèses est isolée du reste du discours. Or les deux points expriment une liaison, une suite logique, comme le ferait une conjonction de coordination ; c'est donc absurde de placer ces deux points juste avant la parenthèse de fermeture.
Non seulement je supprimerais les parenthèses, mais je reformulerais ce qu'elles contiennent de la façon suivante :
« Elle fit une pause, puis reprit : ... ».
Non seulement je supprimerais les parenthèses, mais je reformulerais ce qu'elles contiennent de la façon suivante :
« Elle fit une pause, puis reprit : ... ».
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
(Montaigne - Essais, I, 24)
- Jacques
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- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
En principe non puisqu'il y en a deux. C'est pourquoi j'ai écrit « le signe deux-points » avec un trait d'union, alors que JAA écrit les deux points. Et nous avons raison tous les deux, parce qu'il existe une nuance. Le Petit Robert explique : Deux-points, signe de ponctuation formé de deux points superposés. Si vous utilisez l'article défini ou indéfini, il paraît plus logique de recourir au pluriel et à l'orthographe sans trait d'union.Koutan a écrit :En effet, des parenthèses pour isoler et un deux-points pour relier, c'est contradictoire, c'est aussi superfétatoire (!) et peut-être même saugrenu.
Mais peut-on dire "un deux-points" ?
Vous auriez pu, comme moi, écrire « un signe deux-points ». Disons que pour vous, il est sous-entendu et que vous recourez à l'ellipse.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Manni-Gédéon
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Autrefois, j'employais des parenthèses pour ce genre d'indications dans les dialogues, de la manière suivante :
Je sais que c’est contraignant pour vous, mais vous n’imaginez pas à quel point c’est important. (Elle fit une pause avant de reprendre.) Il est possible que ce soit une question de vie ou de mort.
Aujourd'hui, je supprimerais les parenthèses et je passerais à la ligne :
- Je sais que c’est contraignant pour vous, mais vous n’imaginez pas à quel point c’est important.
Elle fit une pause avant de reprendre :
- Il est possible que ce soit une question de vie ou de mort.
Ma méthode actuelle n'est probablement pas très catholique non plus...
Dans tous les cas, je ne mettrais jamais deux points avant la parenthèse fermante.
Je sais que c’est contraignant pour vous, mais vous n’imaginez pas à quel point c’est important. (Elle fit une pause avant de reprendre.) Il est possible que ce soit une question de vie ou de mort.
Aujourd'hui, je supprimerais les parenthèses et je passerais à la ligne :
- Je sais que c’est contraignant pour vous, mais vous n’imaginez pas à quel point c’est important.
Elle fit une pause avant de reprendre :
- Il est possible que ce soit une question de vie ou de mort.
Ma méthode actuelle n'est probablement pas très catholique non plus...
Dans tous les cas, je ne mettrais jamais deux points avant la parenthèse fermante.
L'erreur ne devient pas vérité parce qu'elle se propage et se multiplie ; la vérité ne devient pas erreur parce que nul ne la voit.
Gandhi, La Jeune Inde
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- TSOS
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- Localisation : Duché de Bretagne / Nordrhein Westfalen /S'la,sk
Une conjecture:
peut-être l'auteur considère-t-il que le fait de placer des mots entre parenthèses indique au lecteur que leur lecture est justement optionnelle pour comprendre l'intrigue, la rendre plus vivante si l'on décide d'ignorer les apartés. De cette manière, si le lecteur décide de ne plus voir les parenthèses ou leur contenu, alors il devient logique que la phrase suivant la parenthèse finale débute par une majuscule, comme si de rien n'était, comme s'il n'y avait pas le signe des deux-points puisque l'on déciderait alors de n'y prendre plus garde, de ne le pas lire.
C'est une interprétation subjective de la pensée de l'auteur et de ce qui l'a peut-être amené à être fautif.
peut-être l'auteur considère-t-il que le fait de placer des mots entre parenthèses indique au lecteur que leur lecture est justement optionnelle pour comprendre l'intrigue, la rendre plus vivante si l'on décide d'ignorer les apartés. De cette manière, si le lecteur décide de ne plus voir les parenthèses ou leur contenu, alors il devient logique que la phrase suivant la parenthèse finale débute par une majuscule, comme si de rien n'était, comme s'il n'y avait pas le signe des deux-points puisque l'on déciderait alors de n'y prendre plus garde, de ne le pas lire.
C'est une interprétation subjective de la pensée de l'auteur et de ce qui l'a peut-être amené à être fautif.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Mais la phrase entre parenthèses introduit une citation. On n'introduit pas une citation en mettant dans des parenthèse la phrase d'introduction. Et il est fautif de mettre les deux-points avant une parenthèse fermante. La faute peut venir aussi du traducteur ou même du typographe.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Dans la majorité des cas, ce type de fautes est à imputer à l’éditeur… chez lequel une secrétaire a revu le code typographique à sa manière.Jacques a écrit :Mais la phrase entre parenthèses introduit une citation. On n'introduit pas une citation en mettant dans des parenthèse la phrase d'introduction. Et il est fautif de mettre les deux-points avant une parenthèse fermante. La faute peut venir aussi du traducteur ou même du typographe.
Linotypiste durant une dizaine d’années chez divers employeurs, j’ai eu à affronter des éditeurs qui voulaient quatre points de suspension, qui abrégeaient francs par Frcs, qui plaçaient une virgule entre le verbe et son sujet, qui exigeaient une capitale aux noms des mois, aux mots rue, avenue ou boulevard… J’en passe. Et l’imprimeur accepte parce que « c’est le client qui paie ».
Dans notre cas, il s’agit d’une traduction et j’en suis à me demander s’il ne s’agit pas d’une adaptation copie/copie d’une typographie étrangère, états-unienne en l’occurrence.
J’ajoute sans être méchant ni mauvaise langue qu’il n’y a plus de typographes dans les imprimeries, les textes sont saisis selon les principes « low cost » qui prédominent toute la chaîne de production : moindre coût = moindre qualification.
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Je peinais à admettre qu'une majuscule ne puisse figurer en tête d'un contenu entre parenthèses. Sur la Toile un site qui semble sérieux répond aux questions concernant la ponctuation et l'orthogtraphe en pareil cas :
http://www.synapse-fr.com/manuels/P_PARENT.htm
http://www.synapse-fr.com/manuels/P_PARENT.htm
- Islwyn
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- Inscription : sam. 16 févr. 2013, 12:09
- Localisation : Royaume-Uni (décédé le 9 mars 2018)
Je tire ceci de l'Orthotypographie de J.-P. Lacroux :
Si le texte entre parenthèses est une phrase autonome : point final
avant la parenthèse fermante : « Ce sont des ânes… des ânes bâtés.
(Elle parlait des médecins.) Je ne veux plus en voir un seul. »
–Marcel Prévost, les Anges gardiens.
Si le texte entre parenthèses est une phrase autonome : point final
avant la parenthèse fermante : « Ce sont des ânes… des ânes bâtés.
(Elle parlait des médecins.) Je ne veux plus en voir un seul. »
–Marcel Prévost, les Anges gardiens.
Quantum mutatus ab illo
- Claude
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- Inscription : sam. 24 sept. 2005, 8:38
- Localisation : Décédé le 24 août 2022. Humour et diplomatie. Il était notre archiviste en chef.
Je me demande ce qu'on entend exactement par une phrase complète ; s'il s'agit bien de l'ensemble sujet, verbe et éventuellement complément, la mise entre parenthèses peut dépendre du contexte ; voici un exemple simple dans lequel je vois mal une majuscule à ceci : « Ce que je vais vous dire, écoutez-bien (ceci est très important), est la pure vérité ».
Avatar : petit Gaulois agité (dixit Perkele)