Malgré que...
Malgré que...
Je voudrais savoir si l'expression "malgré que..." qu'hélas, on entend de plus en plus souvent, n'est qu'une pitoyable tournure, totalement dénuée de style, ou une grave erreur de français.
Malgré que, n’en déplaise à L’Académie, est une forme désormais acceptable et acceptée. André Gide, dans Incidences, pp. 73-74, s’exprimait ainsi :
Je souscris. :DJ’ai écrit, avec Proust et Barrès, et ne rougirai pas d’écrire encore : malgré que, estimant que, si l’expression était fautive hier, elle a cessé de l’être. Elle ne se confond pas avec bien que, qui n’indique qu’une résistance passive ; elle indique une opposition.
- Perkele
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Contrairement à Marco
je ne m'autorise pas à juger de ce qui devient acceptable et je me fie à l'arbitre officiel qu'est l'Académie.
Je ne vois pas pourquoi il faudrait systématiquement rejeter les avis de l'Académie française qui est, depuis 400 ans, l'organe officiel chargé de canaliser l'évolution de la langue française.
![[clin d'oeil] :wink:](./images/smilies/icon_wink.gif)
Pour se comprendre il faut parler le même langage et si l'on n'a pas un ouvrage de référence sur lequel s'accorder, on n'y arrivera pas. Pour moi, cet ouvrage est le dictionnaire de l'Acédémie française. http://atilf.atilf.fr/academie9.htmMême si de nombreux écrivains ont employé Malgré que dans le sens de Bien que, quoique, il est recommandé d'éviter cet emploi.
Je ne vois pas pourquoi il faudrait systématiquement rejeter les avis de l'Académie française qui est, depuis 400 ans, l'organe officiel chargé de canaliser l'évolution de la langue française.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
Je respecte votre choix de vous en tenir à l’Académie, Perkele, mais il faut bien être conscient qu’elle est toujours en retard d’un demi-siècle ou même d’un siècle sur l’usage établi, contre lequel elle ne peut rien. Il ne s’agit pas de rejeter systématiquement ses sentences, mais de les examiner cas par cas, en les comparant avec l’usage littéraire. Là où la divergence est flagrante, on ne peut que constater une position, assez rigide et de douteuse fécondité, qui est aisément qualifiable, semble-t-il, par l’adjectif puriste.
Il conviendrait de s’interroger sur les critères adoptés par le purisme…
En tout cas, par cohérence, celui qui condamne malgré que devrait faire de même avec des expressions telles que malgré la pluie, malgré son absence, etc., puisqu’étymologiquement cela reviendrait à attribuer une volonté à ce qui ne peut en avoir par définition.![[clin d'oeil] ;)](./images/smilies/icon_wink.gif)
Il conviendrait de s’interroger sur les critères adoptés par le purisme…
En tout cas, par cohérence, celui qui condamne malgré que devrait faire de même avec des expressions telles que malgré la pluie, malgré son absence, etc., puisqu’étymologiquement cela reviendrait à attribuer une volonté à ce qui ne peut en avoir par définition.
![[clin d'oeil] ;)](./images/smilies/icon_wink.gif)
Un peu comme un chrétien critique le fait vis-à-vis des positions officielles du Vatican, somme toute? :DMarco a écrit :Je respecte votre choix de vous en tenir à l’Académie, Perkele, mais il faut bien être conscient qu’elle est toujours en retard d’un demi-siècle ou même d’un siècle sur l’usage établi, contre lequel elle ne peut rien. Il ne s’agit pas de rejeter systématiquement ses sentences, mais de les examiner cas par cas
Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet (Courteline)
Malgré que...
Bonjour,
J'ai remarqué, par l'usage, des choses à ce propos. Il est parfois difficile de ne pas l'employer quand nous n'y sommes habitués ou quand ce qui suit n'est pas dit habituellement pour nous.
Je pense que j'y reviendrai, malgré qu'il soit insistant - ... malgré son insistance. Plus joli non ? C'est ce qui justifie l'emploi pour moi, n'ayant pas les connaissances défendues par Marco.
J'ai aussi constaté que pour ne pas dire « que » je pouvais entendre ceci : Malgré le fait qu'il soit insistant. Ce qui, pour ma part n'est qu'une façon détournée de se sortir [du fait] de son " ignorance " quant à ce qui suit...
J'ai remarqué, par l'usage, des choses à ce propos. Il est parfois difficile de ne pas l'employer quand nous n'y sommes habitués ou quand ce qui suit n'est pas dit habituellement pour nous.
Je pense que j'y reviendrai, malgré qu'il soit insistant - ... malgré son insistance. Plus joli non ? C'est ce qui justifie l'emploi pour moi, n'ayant pas les connaissances défendues par Marco.
J'ai aussi constaté que pour ne pas dire « que » je pouvais entendre ceci : Malgré le fait qu'il soit insistant. Ce qui, pour ma part n'est qu'une façon détournée de se sortir [du fait] de son " ignorance " quant à ce qui suit...
- Klausinski
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- Inscription : mar. 12 déc. 2006, 23:54
- Localisation : Aude
Vous avez raison, Abinitio. Il est difficile de se garder toujours de certaines fautes. À l’oral, je ne parviens presque jamais à mettre le mot horaire au masculin, par exemple, alors que je sais pertinemment son genre. Il est d’autres mots aussi que je ne dis jamais sans commettre une faute.
Pour revenir à la tournure « malgré que », les linguistes (les linguistes sérieux, s’entend) s’accordent pour dire que « malgré que » est une locution conjonctive très bien formée, à laquelle il n’est rien à redire. Quant à trouver que c’est moins joli ou que ça sonne bizarre, c’est une question de culture et de préjugés. Par exemple, ceux à qui l’on n’a jamais dit qu’après que doit être suivi de l’indicatif, vous répondent : « Mais ça fait bizarre quand on met l’indicatif. » Au contraire, ceux qui l’ont appris petits disent que le subjonctif est laid et malsonnant. Du reste, les linguistes remettent aussi en question le bien fondé de cette règle. Le tout est d’être circonspect et de ne pas aller chercher des fautes pour le plaisir de les pointer du doigt en se prévalant d’une illusoire infaillibilité.
Pour revenir à la tournure « malgré que », les linguistes (les linguistes sérieux, s’entend) s’accordent pour dire que « malgré que » est une locution conjonctive très bien formée, à laquelle il n’est rien à redire. Quant à trouver que c’est moins joli ou que ça sonne bizarre, c’est une question de culture et de préjugés. Par exemple, ceux à qui l’on n’a jamais dit qu’après que doit être suivi de l’indicatif, vous répondent : « Mais ça fait bizarre quand on met l’indicatif. » Au contraire, ceux qui l’ont appris petits disent que le subjonctif est laid et malsonnant. Du reste, les linguistes remettent aussi en question le bien fondé de cette règle. Le tout est d’être circonspect et de ne pas aller chercher des fautes pour le plaisir de les pointer du doigt en se prévalant d’une illusoire infaillibilité.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
(Kafka, cité par Mauriac)
Bien dit
C'est bien dit. J'aime bien cette façon que vous avez de voir les choses. Il est préférable en effet d'adopter la juste mesure entre « purisme et laxisme » et ce serait même mieux pour l'image que l'on ( amoureux de la langue ) renvoie.Klausinski a écrit :Vous avez raison, Abinitio. Il est difficile de se garder toujours de certaines fautes. À l’oral, je ne parviens presque jamais à mettre le mot horaire au masculin, par exemple, alors que je sais pertinemment son genre. Il est d’autres mots aussi que je ne dis jamais sans commettre une faute.
Pour revenir à la tournure « malgré que », les linguistes (les linguistes sérieux, s’entend) s’accordent pour dire que « malgré que » est une locution conjonctive très bien formée, à laquelle il n’est rien à redire. Quant à trouver que c’est moins joli ou que ça sonne bizarre, c’est une question de culture et de préjugés. Par exemple, ceux à qui l’on n’a jamais dit qu’après que doit être suivi de l’indicatif, vous répondent : « Mais ça fait bizarre quand on met l’indicatif. » Au contraire, ceux qui l’ont appris petits disent que le subjonctif est laid et malsonnant. Du reste, les linguistes remettent aussi en question le bien fondé de cette règle. Le tout est d’être circonspect et de ne pas aller chercher des fautes pour le plaisir de les pointer du doigt en se prévalant d’une illusoire infaillibilité.
Ce que vous me dîtes me fait aussi penser au temps se trouvant à la suite de avant que ou après que. Par logique je dirai : Avant qu'il ne soit et après qu'il sera, mais, si je me trompe vous allez me corriger.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Pièges et difficultés, à propos de malgré que + subjonctif : « Cette construction est aujourd'hui courante, mais reste critiquée, quoiqu'elle ait été employée par de grands auteurs (Gide, Baudelaire). Dans l'expression soignée, préférer bien que ou tourner la phrase autrement. »
On sent un assouplissement. Gageons que, dans quelques dizaines d'années ou moins, on ne dira même plus qu'elle est critiquée. J'ai beau m'interroger, je vois mal ce qu'on peut reprocher à cette forme, sinon éventuellement un petit manque d'esthétique ; mais encore ?
On sent un assouplissement. Gageons que, dans quelques dizaines d'années ou moins, on ne dira même plus qu'elle est critiquée. J'ai beau m'interroger, je vois mal ce qu'on peut reprocher à cette forme, sinon éventuellement un petit manque d'esthétique ; mais encore ?
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
En effet
Je pense que dans peu de temps, peut-être qu'aujourd'hui c'est un peu le cas, il y aura dans un sens une forme soutenue et une forme courante. Elle sera donc courante, mais non fautive.Jacques a écrit :Pièges et difficultés, à propos de malgré que + subjonctif : « Cette construction est aujourd'hui courante, mais reste critiquée, quoiqu'elle ait été employée par de grands auteurs (Gide, Baudelaire). Dans l'expression soignée, préférer bien que ou tourner la phrase autrement. »
On sent un assouplissement. Gageons que, dans quelques dizaines d'années ou moins, on ne dira même plus qu'elle est critiquée. J'ai beau m'interroger, je vois mal ce qu'on peut reprocher à cette forme, sinon éventuellement un petit manque d'esthétique ; mais encore ?
Peut-être que les puristes ont des réprobations qui leur semblent viables et logiques : moi je n'en vois pas.
- Klausinski
- Messages : 1295
- Inscription : mar. 12 déc. 2006, 23:54
- Localisation : Aude
Re: Bien dit
Avant que s’emploie avec le mode subjonctif (notez que le subjonctif n’est pas un temps). Le futur est donc impossible. On ne peut pas dire : *« Avant qu’elle viendra, je voudrais avoir nettoyé toute ma maison. » Avant qu’elle ne vienne suffit car le subjonctif est un mode qui contient l’idée d’une chose possiblement réalisable, et le possible peut s’exercer aussi bien dans le présent que dans le futur, exactement comme pour la conjonction si : « si elle vient demain » et non pas *« si elle viendra ».Abinitio a écrit :Ce que vous me dîtes me fait aussi penser au temps se trouvant à la suite de avant que ou après que. Par logique je dirai : Avant qu'il ne soit et après qu'il sera, mais, si je me trompe vous allez me corriger.
Pour après que, beaucoup de grammairiens préconisent l’indicatif. Mais, comme je l’ai dit, la règle est discutée. En tout cas, un indicatif, contrairement à un subjonctif, peut se mettre au futur : « Elle viendra après que j’aurai nettoyé la maison de fond en comble. »
Moralité : vous ne vous trompiez pas, mais tout dépend du contexte.
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« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
(Kafka, cité par Mauriac)
Re: Bien dit
Klausinski a écrit : Avant que s’emploie avec le mode subjonctif (notez que le subjonctif n’est pas un temps). Le futur est donc impossible. On ne peut pas dire : *« Avant qu’elle viendra, je voudrais avoir nettoyé toute ma maison. » Avant qu’elle ne vienne suffit car le subjonctif est un mode qui contient l’idée d’une chose possiblement réalisable, et le possible peut s’exercer aussi bien dans le présent que dans le futur, exactement comme pour la conjonction si : « si elle vient demain » et non pas *« si elle viendra ».
Pourquoi " Avant qu'elle ne vienne" et pas " Avant qu'elle vienne" ?
Est-ce que les deux sont corrects ou bien seulement la première ?
- Claude
- Messages : 9173
- Inscription : sam. 24 sept. 2005, 8:38
- Localisation : Décédé le 24 août 2022. Humour et diplomatie. Il était notre archiviste en chef.
Il s'agit du NE explétif ; il n'est pas obligatoire mais donne un certain style ; les deux propositions sont donc correctes.
Je vous invite à lire ceci.
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