Je trouve dans un dictionnaire en ligne (Dictionnaire de la langue française) cette définition de migrant :
1 se dit d’une personne en cours de migration
2 le nom s’emploie aujourd’hui pour des travailleurs immigrés
Le Hachette donne la même version.
La ligne 2 rend compte d'une situation courante, mais les auteurs devraient préciser que c’est une impropriété. Le culte du « politiquement correct » est passé par là. Depuis maintenant au moins un quart de siècle, le mot immigré devient tabou. Pour des raisons de fausse éthique, de morale distordue autant que ridicule, on n’ose plus l’employer et on le remplace officiellement, publiquement, par un euphémisme qui a des allures de barbarisme. Pour le Petit Larousse et le Petit Robert un migrant est « une personne en état de migration », c’est-à-dire qui s’expatrie en voyageant vers un pays étranger en vue de s’y installer, et rien d‘autre. Le récent drame de Lampedusa concernait bien des migrants.
Une fois arrivé à sa destination, le migrant devient un immigrant (étranger nouvellement arrivé) en attendant d’être immigré après une période d’adaptation.
Cette généralisation d’un emploi impropre montre à quel point l’imprécision du vocabulaire, l’incompréhension du vrai sens des mots, deviennent des faits banalisés.
Migrant
- Manni-Gédéon
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Il y a déjà un certain temps que les médias emploient le mot migrant pour immigré et ça m'agace.
Si les dictionnaires approuvent ce mauvais usage, la situation est désespérée...
Si les dictionnaires approuvent ce mauvais usage, la situation est désespérée...
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Gandhi, La Jeune Inde
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- Jacques
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Pour le moment, les deux principaux le refusent. Mais depuis longtemps (dans les 25 ans) existe en France un mouvement d'Église appelé Pastorale des migrants, et je crois que cette institution religieuse a été dans les premiers à officialiser le barbarisme, à moins que ce ne soit elle qui l'ait mis à la mode. Si on s'en tient au sens strict des mots, il serait destiné aux voyageurs qui traversent le pays à destination du nord de l'Europe, ou vice versa. Il semble en fait concerner les nouveaux immigrés, et peut-être même aussi les anciens.Manni-Gédéon a écrit :Il y a déjà un certain temps que les médias emploient le mot migrant pour immigré et ça m'agace.
Si les dictionnaires approuvent ce mauvais usage, la situation est désespérée...
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).