Phrase interrogative fermée

André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Comme je l'ai indiqué plus haut, l'expression "phrase interrogative fermée" m'était jusqu'à ce jour aussi étrangère qu'à vous ! J'ai seulement souhaité montrer que la réalité grammaticale qu'elle recouvre n'est pas inutile, loin s'en faut, à connaître. Il m'a semblé, à tort probablement, que vous contestiez cela en écrivant "À trop vouloir en faire, on embrouille les esprits des jeunes élèves."
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Je suis de l'avis de Jacques. Nous avons reçu une formation en français qui n'incluait pas des descriptions théoriques et abstraites des fonctions grammaticales. Et force est de constater que malgré, ou à cause des réformes introduites dans l'enseignement de notre langue maternelle, le niveau a considérablement baissé : on voit couramment dans les écrits des jeunes générations des fautes qui montrent qu'ils ne comprennent pas la fonction des mots. Je peux même vous assurer que les lettres que j'ai conservées de mes grands-parents et arrière-grands-parents pourraient laisser à penser que le niveau de français a évolué en sens inverse de la multiplication des théories linguistiques appliquées dans les écoles.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
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Perkele
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Re: Phrase interrogative fermée

Message par Perkele »

Claude a écrit :En surveillant les devoirs d'un élève de CE2, je viens d'apprendre qu'une phrase interrogative fermée est celle dont la réponse ne peut être que OUI ou NON.
Exemple : « Y a-t-il d'autres ignares que moi sur ce forum ? » :lol:
Ben... :? questions ouvertes et questions fermées font partie, entre autres, de l'arsenal de base de toute personne qui doit recevoir des personnes en entretien ou faire réfléchir un groupe.

Il y a également des :
- question écho,
- question relais,
- question miroir,
- question relance,
- question menu,
- question clarification,
- question focus...
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Oui, justement, c'est du vocabulaire de spécialistes, qui ne devrait pas être introduit dans les écoles.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
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Perkele
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Message par Perkele »

Jacques-André-Albert a écrit :Oui, justement, c'est du vocabulaire de spécialistes, qui ne devrait pas être introduit dans les écoles.
Certes.

Je répondais à Claude qui a demandé "connaissez-vous ?"
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Jacques-André-Albert a écrit : on voit couramment dans les écrits des jeunes générations des fautes qui montrent qu'ils ne comprennent pas la fonction des mots.
Je crains que vous ayez parfaitement raison ! Mais je reste étonné de l'écart entre le plan sur lequel vous vous placez, celui du niveau scolaire général, de son évolution depuis trois ou quatre générations, et celui où se situait ma remarque, qui concernait d'abord l'existence, incontestable, de phrases interrogatives pouvant amener "oui" ou "non" comme réponses, ensuite la nécessité d'en être conscient pour ne pas confondre "si" interrogatif et "si" conditionnel en français et bien maîtriser le fonctionnement de subordonnées introduites par "ob" en allemand, "whether" en anglais.
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Jacques
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Message par Jacques »

Dans les distinctions à établir entre les si, ne devrait-on pas ajouter si adverbe, synonyme de tellement ? On voit tant d'aberrations et de confusions entre les mots (ex. : quoique et quoi que, peut-être et peut être) qu'on a l'impression qu'il faut tout décortiquer pour écarter les risques de confusion, d'autant que SI synonyme de tellement est fort mal compris, et souvent remplacé à tort par aussi ; exemple : je ne savais pas qu'il était aussi grand au lieu de qu'il était si grand.
Par ailleurs, pour ma phrase qui vous a ému André, elle ne visait pas les enseignants mais les élucubrations de ces technocrates que j'évoque plus haut, et qui ne cessent d'inventer des concepts pour le moins discutables, qu'ils affublent de noms obscurs inspirés du jargon « hexagonal ».
Des pratiques qui, loin d'éclaircir les choses pour les « chères têtes blondes », n'aboutissent qu'à obscurcir dans leur esprit une grammaire déjà suffisamment compliquée par elle-même.
On a éliminé les math modernes, il faudrait faire aussi le ménage dans la grammaire moderne, qui se révèle tout aussi néfaste si on en juge par les pitoyables résultats qu'elle engendre.
Si noble que soit le travail de ces enseignants — et il l'est réellement — ils sont des instruments du système dont lesdits technocrates tirent les ficelles.
Dernière modification par Jacques le sam. 12 oct. 2013, 7:56, modifié 2 fois.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Jacques a écrit : je ne savais pas qu'il était aussi grand au lieu de qu'il était si grand.
Je crois bien qu'il m'arrive de commettre cette erreur.
Mais j'ai parlé, en page une de ce fil, de ce "si" adverbe d'intensité (Elle est si belle !) sans préciser toutefois qu'il était synonyme de "tellement".
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Jacques
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Message par Jacques »

Nous nous sommes croisés, j'ai ajouté un commentaire à mon précédent message, afin qu'il ne subsiste aucune équivoque.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
jarnicoton
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Message par jarnicoton »

Je donnais dernièrement à un professeur de physique mon sentiment sur la méticulosité avec laquelle sa science s'efforçait de rendre sa terminologie aussi rigoureuse que celle des mathématiques (complexe de gens dédaignés par quelques mathématiciens "purs" ?). Je prenais l'exemple du préfixe (apparu postérieurement à mes études secondaires) qu'on n'oublie surtout pas d'ajouter au nom des corps simples susceptibles de voir leurs atomes s'agréger en molécules : dihydrogène, dioxygène, diazote, diode... (masculin ! à ne pas confondre avec la diode de l'électronicien !)

Mon sentiment donc était partagé... car en pratique les confusions sont à peu près inexistantes, et le préfixe mis là par perfectionnisme et rigorisme moliéresque. Ce professeur répliqua en me conseillant d'aller voir un peu sur par exemple Wikipédia comment en usaient ses collègues grammairiens : ils dissèquent et multiplient leurs concepts de façon tellement incroyable que visiblement ils veulent hausser la noblesse de leur discipline à celle qu'on s'entend à accorder aux mathématiques pures...

Un professeur de mauvais esprit, peut-être ?
Dernière modification par jarnicoton le sam. 12 oct. 2013, 18:07, modifié 1 fois.
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Jacques
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Message par Jacques »

Je m'interrogeais depuis longtemps sur ce qu'on appelait dans mes cours de chimie l'oxyde de carbone, qui a depuis quelques années pris le nom de dioxyde de carbone. Voilà donc la réponse. Mais l'oxyde de carbone est un corps composé.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

André (Georges, Raymond) a écrit :
Jacques-André-Albert a écrit : on voit couramment dans les écrits des jeunes générations des fautes qui montrent qu'ils ne comprennent pas la fonction des mots.
Je crains que vous ayez parfaitement raison ! Mais je reste étonné de l'écart entre le plan sur lequel vous vous placez, celui du niveau scolaire général, de son évolution depuis trois ou quatre générations, et celui où se situait ma remarque, qui concernait d'abord l'existence, incontestable, de phrases interrogatives pouvant amener "oui" ou "non" comme réponses, ensuite la nécessité d'en être conscient pour ne pas confondre "si" interrogatif et "si" conditionnel en français et bien maîtriser le fonctionnement de subordonnées introduites par "ob" en allemand, "whether" en anglais.
Je n'ai pas été enseignant, et je ne me base que sur ma propre expérience des langues. Sans avoir abordé de façon théorique une classification des phrases interrogatives, je n'ai jamais confondu si interrogatif et si conditionnel, et j'ai perçu dès le début de mon apprentissage de l'anglais et de l'allemand les fonctions respectives de whether et if, ob et wenn.
C'est pourquoi je ne vois pas la nécessité d'introduire dans l'enseignement les notions de question ouverte et de question fermée. À mon avis, c'est la manie de théoriser et de classifier qui mène à ce genre de considération.
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jarnicoton
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Message par jarnicoton »

Jacques a écrit :Je m'interrogeais depuis longtemps sur ce qu'on appelait dans mes cours de chimie l'oxyde de carbone, qui a depuis quelques années pris le nom de dioxyde de carbone. Voilà donc la réponse. Mais l'oxyde de carbone est un corps composé.
Non, non. Le carbone a deux combinaisons possibles avec l'oxygène, appelées communément naguère encore :
- gaz carbonique, formule CO²
- oxyde de carbone, formule CO.
Naturellement le gaz carbonique est aussi un oxyde de carbone puisqu'il contient de l'oxygène. Pour lever la confusion chez les collégiens, on leur dit avec plus de rigueur :
- CO² = dioxyde de carbone
- CO = monoxyde de carbone
puisque la formule du premier comporte 2 atomes d'oxygène et la seconde un seul.

Je ne juge pas pour les élèves cette rigueur ponctuelle inutile dans ce cas précis (elle l'est pour les plus instruits). Mon message précédent évoquait des cas où la rigueur n'apporte sensiblement rien que la rigueur pour la rigueur.
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Jacques
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Message par Jacques »

Le fait est que ces deux appellations sont plus claires et parlantes que celles que nous avions de gaz carbonique et oxyde de carbone, car j'avais du mal à me rappeler lequel des deux avait un ou deux atomes d'oxygène.
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Le gaz carbonique et le monoxyde de carbone restent des cas simples en ce qui concerne l'appellation à choisir. Les choses se compliquent quand il s'agit d'autres corps composés pouvant présenter plusieurs degrés d'oxydation possibles, et là je vous demande de m'excuser pour l'emploi de termes techniques, mais il se semble que nous nous situons, dans cette discussion, au carrefour de la science et du langage.
Le fer peut s'oxyder sous trois formes :
- FeO, appelé oxyde ferreux, se présente sous la forme d'un poudre noire.
- Fe2O3, l'oxyde ferrique, appelé communément rouille.
- Fe3O4, composé naturel appelé magnétite, présent dans la nature sous la forme de cristaux noirs.
Vous voyez que, dans les deux derniers cas, le rapport numérique de l'oxygène au fer n'est pas de 3 et 4, respectivement.
Le chrome, de mémoire, peut se combiner de plusieurs façons avec l'oxygène.
De la même façon, l'azote peut former 6 corps composés avec l'oxygène, obligeant les chimistes à utiliser un vocabulaire rigoureux :
- N2O, protoxyde d'azote, maintenant appelé monoxyde de diazote
- NO, monoxyde d'azote
- N2O3, trioxyde de diazote
- N2O4, tétraoxyde d'azote, auparavant peroxyde d'azote.
- N2O5, pentaoxyde de diazote.
On voit là que la nouvelle dénomination est beaucoup plus explicite.
Il reste le cas des corps simples formés de deux ou plusieurs atomes d'un même élément, pour lesquels l'application de la règle n'était pas indispensable : il suffisait de préciser élément oxygène ou hydrogène, par exemple (O ET H) ou gaz (O2 et H2).
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
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