Jamais
- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Vous vous interrogez parce que, comme beaucoup de gens, vous pensez à tort que jamais est un mot à valeur négative, alors qu'il a un sens positif.
Il est formé de deux éléments : ja, « le moment présent »* et mais, du latin magis, « davantage ».
Il signifie étymologiquement à partir du moment présent et pour les temps à venir. En bref, il correpond à à un moment quelconque, avec une extension qui fait considérer le passé aussi bien que l'avenir.
C'est ainsi que l'on dit : Si jamais vous la rencontrez... (si à l'avenir, n'importe quand...) ou encore : L'avez-vous jamais rencontrée ? (à un moment quelconque avant ce jour...).
L'utilisation fréquente de l'adverbe accompagné d'une négation, surtout à l'époque de la négation simple (ne...) a fait croire, à notre époque de la double négation (ne... pas...) que ce mot était à sens négatif : Je n'ai jamais vu cet homme (je n'ai pas vu cet homme à un seul moment de ma vie) ; à tel point qu'il peut s'employer seul avec un réel sens négatif :
– lui avez-vous parlé ?
– jamais
Je ne sais pas si j'ai été bien clair sur ce sens primitif positif, c'est difficile à expliquer.
Donc, la plus grande catastrophe jamais survenue, c'est littéralement la plus importante qui se soit produite jusqu'à présent.
* ja se retrouve dans jadis, ja a dis « Il y a maintenant bien des jours » et dans déjà (dès ja),« dès ce moment» (qui a aussi pris une valeur rétrospective qu'il n'a pas étymologiquement).
Il est formé de deux éléments : ja, « le moment présent »* et mais, du latin magis, « davantage ».
Il signifie étymologiquement à partir du moment présent et pour les temps à venir. En bref, il correpond à à un moment quelconque, avec une extension qui fait considérer le passé aussi bien que l'avenir.
C'est ainsi que l'on dit : Si jamais vous la rencontrez... (si à l'avenir, n'importe quand...) ou encore : L'avez-vous jamais rencontrée ? (à un moment quelconque avant ce jour...).
L'utilisation fréquente de l'adverbe accompagné d'une négation, surtout à l'époque de la négation simple (ne...) a fait croire, à notre époque de la double négation (ne... pas...) que ce mot était à sens négatif : Je n'ai jamais vu cet homme (je n'ai pas vu cet homme à un seul moment de ma vie) ; à tel point qu'il peut s'employer seul avec un réel sens négatif :
– lui avez-vous parlé ?
– jamais
Je ne sais pas si j'ai été bien clair sur ce sens primitif positif, c'est difficile à expliquer.
Donc, la plus grande catastrophe jamais survenue, c'est littéralement la plus importante qui se soit produite jusqu'à présent.
* ja se retrouve dans jadis, ja a dis « Il y a maintenant bien des jours » et dans déjà (dès ja),« dès ce moment» (qui a aussi pris une valeur rétrospective qu'il n'a pas étymologiquement).
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Si je puis me permettre, Jacques, votre réponse me laisse sur ma faim car ma question portait sur l'adjonction de la restriction « depuis 2010 », et bel et bien dans le sens que vous qualifiez de positif. Ainsi, pour reprendre votre exemple « lui avez-vous parlé ?», qui pourrait être étendu par « lui avez-vous jamais parlé ?», pensez-vous qu'il serait correct de dire : « Lui avez-vous jamais parlé depuis le mois dernier ?»
- Jacques
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- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Mea culpa, j'avais mal interprété le sens de la question. Je suis en pleine réorganisation informatique, à cause de pannes de mon système, et je visite le forum en vitesse. J'ai lu trop vite. La phrase que vous citez n'est pas recevable, jamais veut dire à un moment quelconque, et ne semble pas s'accorder avec une limitation de temps, la définition d'une période.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Combien de fois entendons-nous ou lisons-nous des tournures pas correctes dans une journée ? Hier soir encore, à la télévision, j'ai entendu parler d'une télécommande à distance !Koutan a écrit :Je vous remercie, Jacques, il me semblait bien que ce n'était pas correct. Et pourtant, on l'entend si souvent !
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Claude
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- Localisation : Décédé le 24 août 2022. Humour et diplomatie. Il était notre archiviste en chef.
Jacques a écrit :Cette expression n'est pas près de disparaître quand on pense que descendre en bas et suivre derrière sont vieilles comme le monde (ou presque) et couleront encore des jours heureux pendant plusieurs générations, sauf si le français disparaît complètement au profit de l'anglais.Koutan a écrit :[...] Hier soir encore, à la télévision, j'ai entendu parler d'une télécommande à distance !
Avatar : petit Gaulois agité (dixit Perkele)
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- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Pourquoi, après tout, "jamais" qui signifie "à un moment quelconque", ne pourrait-il pas s'employer dans une phrase limitée en temps, dans le sens "à un moment quelconque de la période considérée" ? Pourquoi ne pourrait-on pas dire "J'ai été gravement malade de 2010 à 2012. Si jamais tu m'avais vu alors, tu ne m'aurais pas reconnu" ?
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Vous avez raison, mais le concept n'est pas le même. Quand on dit « c'est la plus grande catastrophe jamais survenue », cela implique l'éternité. Si jamais est une locution adverbiale qui a un sens différent : au cas où, si par hasard... le SI change tout.André (Georges, Raymond) a écrit :Pourquoi, après tout, "jamais" qui signifie "à un moment quelconque", ne pourrait-il pas s'employer dans une phrase limitée en temps, dans le sens "à un moment quelconque de la période considérée" ? Pourquoi ne pourrait-on pas dire "J'ai été gravement malade de 2010 à 2012. Si jamais tu m'avais vu alors, tu ne m'aurais pas reconnu" ?
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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- Messages : 7437
- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Si on considère la phrase simple « C'est la plus grande catastrophe survenue depuis 2010 », on voit qu'elle se suffit à elle-même. L'ajout de "jamais" semble vouloir préciser que le degré d'importance de la catastrophe est unique, par un effet dramatique qui perd de sa teneur quand on limite ensuite la durée considérée. Il me semble que l'adverbe "jamais" n'est pas utile parce que diminué.
Re: Jamais
Je lis aujourd'hui ce titre d'un article en ligne : Inca, le fils de Florent Pagny se confie sur leur relation : "Il n'a jamais pensé qu'à sa gueule".
Ma première réaction est de penser : « Ce père, quel égoïste ! ».
En lisant l'article un peu plus loin, c'est un autre portrait de l'artiste qui semble se dessiner : "Je sais la chance qu’est la mienne de l’avoir toujours à mes côtés" complète-t-il. Il indique que son père est "courageux et bienveillant". Un point de vue partagé selon lui. "Je vois autour de lui beaucoup de gens lui témoigner leur affection", note-t-il. "Mon père a toujours été là pour les siens. Il n'a jamais pensé qu'à sa gueule", se réjouit-il.
Je m'aperçois qu'en fait, il eût fallu écrire, pour éviter toute ambiguïté : "Jamais, il n'a pensé qu'à sa gueule" plutôt que "Il n'a jamais pensé qu'à sa gueule".
"Jamais", avec son sens tantôt positif tantôt négatif, est une grande cause de trouble dans notre belle langue !
Ma première réaction est de penser : « Ce père, quel égoïste ! ».
En lisant l'article un peu plus loin, c'est un autre portrait de l'artiste qui semble se dessiner : "Je sais la chance qu’est la mienne de l’avoir toujours à mes côtés" complète-t-il. Il indique que son père est "courageux et bienveillant". Un point de vue partagé selon lui. "Je vois autour de lui beaucoup de gens lui témoigner leur affection", note-t-il. "Mon père a toujours été là pour les siens. Il n'a jamais pensé qu'à sa gueule", se réjouit-il.
Je m'aperçois qu'en fait, il eût fallu écrire, pour éviter toute ambiguïté : "Jamais, il n'a pensé qu'à sa gueule" plutôt que "Il n'a jamais pensé qu'à sa gueule".
"Jamais", avec son sens tantôt positif tantôt négatif, est une grande cause de trouble dans notre belle langue !