Les féminisations, encore

André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Peut-être l'avocate acceptera-t-elle un jour ce mot féminin dans l'exercice officiel de sa profession.
Il serait intéressant de dresser une liste des noms (pas d'adjectifs !) potentiellement concernés par notre discussion. Je ne crois pas qu'ils soient très nombreux. Je relève avocat, écrivain, docteur, défenseur, professeur, auteur. Il en existe sans doute d'autres se terminant par -eur, comme inventeur.
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Jacques
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Message par Jacques »

Autres que ceux terminés en -eur, nous avons chirurgien, député, qui sont aussi sur la voie encore hésitante de la féminisation dans le langage courant mais pas dans l'exercice de leur fonction, de même que pharmacien.
Et si un jour une femme s'asseyait dans le fauteuil de l'Élysée, serait-elle officieusement présidente et officiellement président ?
Une femme qui dirige une société n'est pas présidente-directrice générale. À ce sujet, il y a bon nombre d'années, une émission de radio ou de TV, je ne sais plus, avait été annoncée au moins une semaine à l'avance à grands frais de propagande, et on entendait à tout instant de la journée : « Comment devient-on pédégère ? » qui me faisait chaque fois bondir d'indignation.
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Islwyn
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Message par Islwyn »

Une collègue française m'a expliqué un jour qu'il fallait dire « Mme le préfet » pour la dame qui remplissait les fonctions préfectorales, mais « Mme la préfète » pour la femme du préfet. Cette distinction est-elle généralement admise ?
Quantum mutatus ab illo
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Jacques
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Message par Jacques »

La collègue a entièrement raison. C'est la même chose pour les grades militaires : la colonelle et la générale sont les épouses du colonel et du général, et on dit d'une femme gradée qu'elle est le colonel ou le général. Idem pour ambassadeur.
Que la distinction soit admise, disons qu'elle devrait l'être, mais l'inculture linguistique allant en s'aggravant, on peut craindre que beauoup de gens ne sachent plus faire ladite distinction.
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jarnicoton
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Message par jarnicoton »

L'époux du général ou du préfet en jupe n'a aucun titre ! :evil:
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Jacques a écrit :Et si un jour une femme s'asseyait dans le fauteuil de l'Élysée, serait-elle officieusement présidente et officiellement président ?.
Pour l'Argentine je n'ai jamais entendu parler, sauf erreur, que de la présidente Kirchner.
Je trouve linguistiquement normal que l'on dise Madame le préfet lorsqu'il s'agit d'une femme remplissant la fonction et Mme la préfète quand on parle de l'épouse du préfet : je n'ai (presque) jamais entendu "la préfet", c'est la différence avec professeur, qui a produit "la prof" et "la professeur" il y a belle lurette.
Par contre je ne serais pas étonné que certains s'opposent à Madame la préfète (Madame la générale...) pour des raisons de militantisme féministe ! Et du fait, comme vous le dites, jarnicoton, que l'époux du préfet femme n'a pas de titre !
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Jacques
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Message par Jacques »

André (Georges, Raymond) a écrit :
Jacques a écrit :Et si un jour une femme s'asseyait dans le fauteuil de l'Élysée, serait-elle officieusement présidente et officiellement président ?.
Pour l'Argentine je n'ai jamais entendu parler, sauf erreur, que de la présidente Kirchner.
La règle qui veut qu'une femme soit madame le président quand elle exerce une fonction officielle (président du tribunal, de la République, d'un organisme d'État) est ignorée de la majorité des citoyens, ce qui conduit à dire la présidente ou madame la présidente. Il n'y a vraiment pas là un bien gros péché contre la langue, et nous pouvons supposer que ladite règle ne tardera pas à devenir caduque ou au moins désuète, ce qui me paraît être dans la logique d'une évolution de la langue et des mentalités.
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André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Et un autre élément ne peut être ignoré, la manière dont d'autres langues traitent le problème : bien que l'espagnol "presidente" puisse être, selon mon dictionnaire, aussi bien féminin que masculin, il semblerait que les Argentins enfoncent le clou en y renonçant et en n'employant que "presidenta", y compris avec "la Señora" devant. Bien qu'on ne puisse l'exclure d'emblée, il me paraît difficile de traduire " La Sra. Presidenta de la Nación, Dr...a. Cristina Fernández de Kirchner", que je trouve sur la Toile, par "Mme le Président..."
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Jacques
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Message par Jacques »

La presidenta : c'est un fait nouveau, mais après tout pourquoi pas ? C'est bien la preuve que, quelle que soit la langue, il y a une tendance naturelle à l'adaptation du vocabulaire à la faveur d'une situation qui représente une innovation.
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Manni-Gédéon
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Message par Manni-Gédéon »

André (G., R.) a écrit : Par contre je ne serais pas étonné que certains s'opposent à Madame la préfète (Madame la générale...) pour des raisons de militantisme féministe ! Et du fait, comme vous le dites, jarnicoton, que l'époux du préfet femme n'a pas de titre !
Je ne suis pas une féministe militante, mais je ne vois pas au nom de quoi une femme porterait un titre pour lequel elle n'a aucune compétence, simplement parce que c'est celui de son mari.
La femme d'un directeur n'est pas directrice, celle d'un professeur, d'un médecin, d'un juge etc. ne porte pas de titre. C'est un vestige de l'époque où les femmes ne pouvaient pas faire partie de l'armée, ni monter dans la hiérarchie d'une entreprise ou de l'État. Elles ne pouvaient pas accéder à des professions ou des fonctions prestigieuses et il leur était presque impossible de faire de hautes études. (Cet usage va de pair avec celui qui consiste à appeler madame Jean Dupont l'épouse de monsieur Jean Dupont, comme si elle n'avait pas sa propre identité).
Avec l'évolution de la société, je trouve que ces féminins devraient s'appliquer aux femmes qui occupent la fonction et plus à celles dont le mari l'occupe. On y arrivera peut-être un jour, mais, je l'espère, pas par ignorance. Je pense qu'il faut suivre l'évolution de la société tout en se battant pour que les nouveaux mots (ou nouveaux féminins) soient bien formés et ne défigurent pas notre belle langue.
L'erreur ne devient pas vérité parce qu'elle se propage et se multiplie ; la vérité ne devient pas erreur parce que nul ne la voit.
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Je suis tout à fait d'accord avec vous : une femme ne peut porter le titre de son époux, même au féminin ; c'est complètement illogique.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
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Jacques
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Message par Jacques »

Oui bien sûr, je suis d'accord également. On ne sait trop ce qui inspirait ces façons de dire, mais je crois que de nos jours ces pratiques s'estompent. Elles semblent un tantinet ridicules.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Jacques, JAA et Manni-Gédéon, je suis bien sûr de votre avis. En imaginant les arguments du militantisme féministe, j'aurais dû ajouter que la logique allait dans le même sens.
Mais le jour où l'on acceptera que la femme de tel ou tel responsable, dignitaire, officier supérieur, grand fonctionnaire ne porte pas le titre féminisé de son époux, toute une série de mots deviendront disponibles !

Peut-être, alors,
une présidente et un président,
une pharmacienne et un pharmacien,
une générale et un général,
une préfète et un préfet,
une députée et un député,
une présidente-directrice générale et un président-directeur général,
une avocate et un avocat,
une professeure et un professeur,
une auteure et un auteur,
une écrivaine et un écrivain
seront-ils tout simplement des collègues !
Dernière modification par André (G., R.) le jeu. 21 nov. 2013, 20:28, modifié 1 fois.
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Perkele
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Message par Perkele »

Des pratiques qui datent d'une époque où, sauf rares exceptions, une femme n'avait un statut qu'à travers le mariage.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Jacques
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Message par Jacques »

Perkele a écrit :Des pratiques qui datent d'une époque où, sauf rares exceptions, une femme n'avait un statut qu'à travers le mariage.
Mais le mariage, au contraire, la privait de bien des droits, puisque le code civil classait la femme mariée dans les incapables juridiques, à égalité avec les mineurs : elle ne pouvait rien faire sans l'accord de son mari, elle était sous sa tutelle. En principe, elle n'avait même pas le droit de signer les carnets de notes ou les cahiers de ses enfants. La seule femme libre, c'était celle qui était célibataire majeure (c'était le terme légal).
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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