Les féminisations, encore

[André (G., R.)]

Concerné par le sujet, docteur mérite une considération particulière. Je me suis d'abord dit qu'il n'y avait pas d'obligation à le traiter de la même manière que professeur, auteur ou défenseur, du fait qu'il s'agit d'un grade universitaire et non d'une profession ou d'une fonction. Mais je me ravise en pensant à "bachelière", "licenciée", "agrégée" d'une part, aux grades militaires d'autre part (colonel, général...), que nous avons imaginé de féminiser. Dans cette logique il faut proposer "docteure" !
Et que fait-on du master ?

[Jacques-André-Albert]

Le bon vieux « doctoresse » fait bien l'affaire. Il est encore en usage par ci, par là.

[André (G., R.)]

Le bon vieux « doctoresse » fait bien l'affaire. Il est encore en usage par ci, par là.

Bien sûr, doctoresse existe, mais je lui vois deux inconvénients : il est vieilli, comme vous le suggérez, et surtout il s'appliquait à la profession, il désignait une femme médecin, dont le grade universitaire était bien celui de "docteur".
L'occasion m'est d'ailleurs donnée ici de considérer notre médecin : j'ai l'impression que du fait de l'existence du mot très répandu "médecine" désignant sa science, le mot ne risque pas de subir le sort de "professeur" et que les femmes exerçant ce métier seront encore longtemps désignées de ce nom uniquement masculin.

[Jacques]

Autant que je puisse en juger par mes fréquentations du monde médical, je n'ai jamais vu que les femmes exerçant une profession dans ce domaine se sentent gênées par le mot masculin, elles n'hésitent pas à dire « Je suis le docteur Z... ». Je l'ai maintes fois entendu. Alors, pourquoi être plus royalistes que le roi ?
Je reprends ci-après une question adressée par une adhérente à l'association Défense de la langue française, et la réponse que je lui avais donnée :
Q. : Je suis une femme, médecin, et je me demande comment je dois écrire lorsque je remplis une attestation : Je soussigné ou soussignée docteur Martin ?
R. : Quand il y a opposition de genre entre la personne et la fonction, on peut appliquer l’accord d’intention. Vous avez donc le choix. Toutefois, si vous optez pour le féminin, il sera préférable, bien que ce ne soit pas obligatoire, de le justifier en indiquant votre prénom devant le patronyme : Je soussignée, docteur Catherine Martin… Grevisse donne cet exemple : Madame le professeur est absent aujourd’hui, il reviendra demain. Si le masculin est ici grammaticalement correct, il se révèle très choquant ; lorsque le sexe féminin est clairement défini, il est préférable de faire l’accord sur lui, car c’est alors la personne qui prédomine dans la pensée. L’accord d’intention doit s’appliquer avec bon sens.

[André (G., R.)]

Je vous comprends tout à fait s'agissant des médecins. Mais j'ai pensé au grade universitaire en général, que portent beaucoup d'autres spécialistes qu'eux ; c'est la raison pour laquelle j'ai mis le mot sur le même plan que bachelier, agrégé...
Dans l'exemple que vous fournissez, Jacques, je ne peux bien sûr voir qu'une confirmation du bien-fondé de la création de "docteure" : si ce mot existait, "Je soussignée, docteure Marie Dupont..." ne poserait aucun problème.

[Jacques]

Je ne partage pas cette option qui me gêne, et tant que le Conseil supérieur de la langue française ne l'aura pas acceptée avec l'accord de l'Académie je resterai sur ma réserve. Les ouvrages didactiques sur la langue française ont tous la même position. Écrire docteure ou professeure est pour l'instant, et à l'unanimité, considéré comme une faute. Même le correcteur d'orthographe de mon navigateur, au moment où j'écris ces lignes, rechigne et me les souligne d'un trait rouge.
Pour le moment, vous êtes donc dans la même position que Galilée quand il affirmait que c'est la terre qui tourne autour du soleil et non l'inverse. Mais on a fini par rendre justice à Galilée. Alors... gardez l'espoir.

[Perkele]

Certes, mais elle ne faisait que passer de la tutelle de son père (ou d'un tuteur) à celle de son mari. Mais si elle ne se mariait pas elle n'avait pas de statut social. Elle pouvait éventuellement avoir un métier manuel qui ne l'émancipait pas entièrement.

[André (G., R.)]

Deux conversations se déroulent en parallèle : ne croyez pas, Perkele, que je néglige votre dernière intervention.
Vous avez vu, Jacques, que j'ai employé le conditionnel ! Et je trouve heureux qu'existent et agissent les organismes que vous citez.

[Jacques]

Deux conversations se déroulent en parallèle : ne croyez pas, Perkele, que je néglige votre dernière intervention.
Vous avez vu, Jacques, que j'ai employé le conditionnel ! Et je trouve heureux qu'existent et agissent les organismes que vous citez.

Grammaticalement, votre proposition ne peut pas être rejetée, puisqu'elle ne viole pas les règles traditionnelles. C'est donc plutôt une affaire de principes. Il faut bien qu'il y ait des pionniers pour faire avancer les sciences, la culture et tous les schmilblicks la terre. :D

[Claude]

Je vous donne un lien intéressant fourni par Foulques, notre nouveau membre que je remercie.

[Jacques]

Bienvenue à Foulques, et merci à lui de nous donner ce lien. Ce qui retient particulièrement mon attention, c'est que ce linguiste souligne que l'égalité des sexes ne doit pas se manifester dans l'univers des mots.