INDIGNATIONS 8

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Jacques
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Message par Jacques »

Claude a écrit :Et il y a des jours où ça s'évapore comme dans le sketch de Jacques Bodoin.
Le robinet qui goutte et le bassin qui fuit !
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Claude
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Message par Claude »

Attention Philibert ! je vais me fâcher.
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Jacques a écrit :
Islwyn a écrit :Oh, les robinets qui fuient, on ne les rattrape jamais !
On ne les rattrape pas, mais on les joint.
À ce propos, on peut signaler le verbe jointer, synonyme de joindre dans son emploi intransitif, au sens de « se toucher sans laisser d'intervalle » : planches qui jointent bien ou qui joignent bien (elles sont jointives), fenêtre qui jointe mal.
Ne pas confondre avec le verbe jointoyer, qui a pour sens combler les joints entres les pierres, les briques ou les parpaings d'un bâtiment.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
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Jacques
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Message par Jacques »

Merci de nous rafraîchir la mémoire au sujet de ces deux verbes qu'on pourrait facilement confondre.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
jarnicoton
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Message par jarnicoton »

Entendu tout à l'heure sur France Inter (mais je ne suis pas indigné, parce que c'est amusant) :

"on attrape les œuvres au travers du prisme d'un nuage culturel"

(il s'agit des livres de J. Joyce)

Je ne sais pas non plus si vous avez déjà débattu de ce prisme mis depuis quelques années à toutes les sauces.
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Jacques
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Message par Jacques »

C'est déroutant cette manie de prendre des mots dans un sens qui n'a rien à voir avec le vrai. Et plus c'est absurde plus cela fait recette.
En outre, au travers de est une impropriété ce me semble. Quant on regarde, c'est à travers un prisme, une vitre ou autre chose. Girodet explique que au travers de insiste sur l'idée de difficulté à franchir quelque chose : Il se frayait un chemin au travers des buissons.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

jarnicoton a écrit :"on attrape les œuvres au travers du prisme d'un nuage culturel"

Je ne sais pas non plus si vous avez déjà débattu de ce prisme mis depuis quelques années à toutes les sauces.
Voir quelque chose à travers le prisme de... ne me semble pas condamnable, si l'on veut indiquer, par exemple, qu'un jugement est altéré par un élément émotionnel.
Ici "prisme" n'est pas suivi de "déformant", qui le qualifie parfois en créant un pléonasme.
Le "nuage culturel" me perturbe. Faut-il comprendre que la culture du lecteur, quelle qu'elle soit, fait obstacle à la bonne compréhension des œuvres de Joyce et ne peut que les lui faire paraître floues et absconses ? Qu'il faudrait lire Joyce sans avoir jamais rien lu auparavant ? Ou, à l'inverse, que ce nuage culturel leur serait inhérent ?
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Claude
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Message par Claude »

Sur le fond j'ai interprété cette phrase par comparaison avec la lumière qui à travers le prisme se décompose en toutes ses couleurs ; le nuage culturel est la lumière et les œuvres qui le composent sont les couleurs.
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Perkele
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Message par Perkele »

Ce qui me chagrine, c'est que les nuages n'ont rien d'un prisme.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Claude
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Message par Claude »

Excellente remarque ! Effectivement mon interprétation correspond à une syntaxe différente : « On attrape les œuvres d'un nuage culturel à travers un prisme ».
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Jacques
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Message par Jacques »

Mais la phrase, en elle-même, n'a aucun sens logique : attraper des œuvres à travers le prisme d'un nuage culturel. Pour moi c'est absurde. La preuve, nous essayons de la décortiquer sans arriver à un résultat satisfaisant. La signification d'un texte ou d'une phrase doit apparaître spontanément à qui lit ou entend, ce qui n'est pas le cas.
Pierre DAC avait superbement ridiculisé ce type de pédantisme avec le texte suivant :
Gloire à ceux qui ont forgé silencieusement mais efficacement le fier levain qui, demain ou après-demain au plus tard, fera germer le grain fécond du ciment victorieux, au sein duquel, enfin, sera ficelée, entre les deux mamelles de l’harmonie universelle, la prestigieuse clé de voûte qui ouvrira à deux battants la porte cochère d’un avenir meilleur sur le péristyle d’un monde nouveau.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

C'est clair ! Je veux dire : votre manière de voir la phrase, Jacques.
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Perkele a écrit :Ce qui me chagrine, c'est que les nuages n'ont rien d'un prisme.
Ah, si ! justement, la lumière solaire peut être diffractée à travers une multitude de gouttelettes d'eau et former un arc-en-ciel.

Jacques, merci de nous faire profiter de l'humour de l'excellent Pierre Dac, maître de la dérision.

Sinon, dans la phrase qui nous occupe, je bannirais surtout le verbe attraper, qui est ici impropre et maladroit. On perçoit les œuvres, on ne les attrape pas.
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Jacques
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Message par Jacques »

Je note le verbe diffracter : on entend plus souvent parler de réfraction que de diffraction, ou de réfracter que de diffracter.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

C'est ma formation scientifique qui refait surface. Quand vous étudiez la transformation d'un rayon lumineux qui passe par un prisme et dont les couleurs sont déviées chacune selon un angle propre, vous comprenez ce qu'est la diffraction de la lumière, et du même coup le pourquoi de l'arc-en-ciel.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
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