L’enflure verbale est un phénomène bien installé dans les mœurs. La démesure, le pléonasme et la redondance en sont les principaux moteurs.
Ainsi par exemple, le professeur des écoles qui remplace l’instituteur. Quand j’étais enfant, instituteur était un mot auréolé de prestige : Monsieur l’instituteur était le refuge du savoir, cela lui valait considération et respect. Aujourd’hui on estime, Dieu sait pourquoi, que ce n’est pas assez valorisant. Le chef du personnel a laissé la place au directeur des ressources humaines, un titre ronflant et prétentieux, tellement long qu’on l’abrège en DRH. Dans certaines entreprises, et notamment celle où je travaillais, on a débaptisé les chefs de service pour les nommer directeurs.
Venons-en au P.-D.G. que Wikipedia, encourageant une faute universellement répandue en francophonie, signale improprement comme s’abrégeant en PDG.
Il y a quelques jours, nous avons vu à la TV un artisan du bâtiment qui emploie deux ouvriers, pompeusement présenté comme P.-D.G. (avec la faute d’orthographe classique bien sûr). Outre les petits artisans, les commerçants de quartier sont aussi devenus P.-D.G., ainsi que toute personne dirigeant une entreprise même très modeste.
Or, qu’est-ce exactement qu’un président-directeur général ? Le personnage le plus haut placé dans une société anonyme, à la fois président du conseil d’administration et directeur général, donc grand patron de la société.
Je ne crois pas que notre pâtissier et notre charcutier aient eu besoin de se constituer en société anonyme, de trouver des actionnaires, et de tenir un conseil d’administration. Messieurs les phraseurs, arrêtez de nous bassiner avec votre manie de l'emphase aussi ridicule que prétentieuse.
Toujours plus fort !
- Jacques
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Toujours plus fort !
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).