Le tiroir est grand ouvert, le placard était grand ouvert. Aucune question ne se pose à nous dans ces phrases. L’affaire est plus délicate avec un pluriel ou un féminin ou les deux ensemble. Pour le Larousse des difficultés, c’est tranché : l’accord doit toujours se faire. Hanse est plus nuancé, et cite des auteurs connus qui ont appliqué l’invariabilité. Girodet signale que l’accord est beaucoup plus fréquent dans l’usage mais ne proscrit pas l’invariabilité.
On peut donc dire les fenêtres sont grandes ouvertes ou grand ouvertes.
À titre personnel, je trouve l’accord illogique. Dans ce type de phrase, le participe passé du verbe ouvrir est employé en fonction d’adjectif attribut. L’adjectif étant modifié par l’emploi d’un adverbe, j’en conclus que grand est adverbe synonyme de grandement. La phrase est donc de même type que : les fenêtres sont assez ouvertes, souvent ouvertes, légèrement ouvertes… et je vois mal qu’on puisse accorder les adverbes assez, souvent, légèrement. Pourquoi le faire avec grand ? Parce qu’il ressemble à un adjectif ? Notons alors que jadis, l’adjectif grand était invariable, ce qui explique qu’on écrive les grand-mères, les grand-tantes, les grand-messes, la grand-route.
Bien sûr, nous avons déjà un adverbe qui s’accorde : Ma sœur était toute contrariée.
L’explication est probablement de l’ordre d’une attraction psychologique. Mais enfin ! Par nature, l’adverbe est invariable.
Grand ouvert
- Jacques
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Grand ouvert
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques-André-Albert
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Il faut aussi rappeler que grand, au moyen-âge, s'écrivait avec un t final, d'où la prononciation « grand-t-ouvert » qui a subsisté avec la forme masculine : grand-t-honneur, grand-t-homme, etc.
Je suis d'accord avec Jacques : grand est employé adverbialement quand il précède un adjectif.
Je suis d'accord avec Jacques : grand est employé adverbialement quand il précède un adjectif.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
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-
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Une fenêtre minuscule ne saurait pour moi être grande ouverte, mais seulement grand ouverte.
Mais les personnes soucieuses d'égalité des genres, se disent peut-être que les gens simples risquent de voir avec cette apparence de masculin mal placé une infraction à la modernité.
(C'est très sérieux : n'ai-je pas lu ces jours derniers qu'il faut en quinze endroits corriger la loi parce que "les Françaises et les Français ne comprennent pas" qu'on y parle encore du "bon père de famille".)
Mais les personnes soucieuses d'égalité des genres, se disent peut-être que les gens simples risquent de voir avec cette apparence de masculin mal placé une infraction à la modernité.
(C'est très sérieux : n'ai-je pas lu ces jours derniers qu'il faut en quinze endroits corriger la loi parce que "les Françaises et les Français ne comprennent pas" qu'on y parle encore du "bon père de famille".)
- Jacques
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- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Nous atteignons aux extrémités du ridicule et de l'absurde. Mais parler des extrémités est peut-être utopique, il paraît que la bêtise n'a pas de limites.
Il ne faudra donc plus que le code civil parle d'administrer un patrimoine en bon père de famille. Et que dirait-on à la place ?
Il y a deux jours j'ai encore reçu un message d'une adhérente de notre association, qui m'avoue être singulièrement agacée par ces féminisations. Elle se disait indisposée par la mode venue du Québec qui consiste à dire « une auteure », mais elle mettait dans le même sac toutes les autres.
Pourquoi toutes ces féminisations forcées, alors que les femmes dans leur grande majorité y sont opposées ?
Il ne faudra donc plus que le code civil parle d'administrer un patrimoine en bon père de famille. Et que dirait-on à la place ?
Il y a deux jours j'ai encore reçu un message d'une adhérente de notre association, qui m'avoue être singulièrement agacée par ces féminisations. Elle se disait indisposée par la mode venue du Québec qui consiste à dire « une auteure », mais elle mettait dans le même sac toutes les autres.
Pourquoi toutes ces féminisations forcées, alors que les femmes dans leur grande majorité y sont opposées ?
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).