Amour, délice et orgue
- Jacques
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Amour, délice et orgue
Amour (au sens de « sentiment passionné ; passion charnelle ») est souvent féminin au pluriel. On le rencontre, soit dans un usage populaire qui se reflète dans divers textes (chansons...), soit dans une langue littéraire assez recherchée, au féminin singulier (« L’amour, la vraie, la grande... » chez Anouilh ; « la grande amour » chez Queneau ; « cette amour curieuse » chez Valéry ; Une amour violente, enregistré par l’Académie), tandis que le masculin pluriel appartient à tous les niveaux de langue.
C’est l’explication donnée par l’Académie française. Le sujet donne lieu à diverses interprétations pas toutes concordantes, et dont la variété laisse place à l'incertitude et aux idées reçues.
J’ai retenu la version ci-après comme étant celle qui me convient le mieux. Elle diffère un peu de ce qui précède :
Amour, dans le sens de passion entre deux êtres, est masculin au singulier : Louis XV vouait un grand amour à Mme de Pompadour. Il est masculin au pluriel quand il désigne plusieurs aventures amoureuses vécues par une seule personne : Ce représentant de commerce a connu, lors de ses voyages, de nombreux amours passagers.
Le féminin pluriel s’utilise, uniquement en poésie et en grande littérature, pour désigner une passion unique intense entre deux personnes : Les amours contrariées (l’amour contrarié) de Roméo et Juliette. Il fut jadis, dans le même sens, également féminin singulier en grande poésie, mais d’un emploi rare. Si des écrivains modernes y ont eu recours, qui plus est dans des textes en prose, c'était par un effet de style qu'on peut qualifier de précieux.
Si l’on admet comme juste ce point de vue, on ne pourrait pas parler des amours nombreuses et passagères du représentant de commerce. Et l'avis exprimé par l'Académie laisse croire que si.
La règle donnée par Difficultés et pièges du français de Larousse, édition de 2004, correspond à ce que je rapporte ici, exprimé de manière légèrement différente, mais le principe y est.
C’est l’explication donnée par l’Académie française. Le sujet donne lieu à diverses interprétations pas toutes concordantes, et dont la variété laisse place à l'incertitude et aux idées reçues.
J’ai retenu la version ci-après comme étant celle qui me convient le mieux. Elle diffère un peu de ce qui précède :
Amour, dans le sens de passion entre deux êtres, est masculin au singulier : Louis XV vouait un grand amour à Mme de Pompadour. Il est masculin au pluriel quand il désigne plusieurs aventures amoureuses vécues par une seule personne : Ce représentant de commerce a connu, lors de ses voyages, de nombreux amours passagers.
Le féminin pluriel s’utilise, uniquement en poésie et en grande littérature, pour désigner une passion unique intense entre deux personnes : Les amours contrariées (l’amour contrarié) de Roméo et Juliette. Il fut jadis, dans le même sens, également féminin singulier en grande poésie, mais d’un emploi rare. Si des écrivains modernes y ont eu recours, qui plus est dans des textes en prose, c'était par un effet de style qu'on peut qualifier de précieux.
Si l’on admet comme juste ce point de vue, on ne pourrait pas parler des amours nombreuses et passagères du représentant de commerce. Et l'avis exprimé par l'Académie laisse croire que si.
La règle donnée par Difficultés et pièges du français de Larousse, édition de 2004, correspond à ce que je rapporte ici, exprimé de manière légèrement différente, mais le principe y est.
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La survivance du féminin au pluriel et les explications du Robert DHLF, considérant le mot comme « surtout féminin jusqu'au XVIIe siècle », semblent attester un latin amor du même genre, or ce mot était masculin.
S'agit-il d'archaïsmes chez Anouilh, Queneau, Valéry... ? Les dictionnaires mentionnent en tout cas pour le masculin tous les niveaux de sens, du plus éthéré au plus sexuel.
S'agit-il d'archaïsmes chez Anouilh, Queneau, Valéry... ? Les dictionnaires mentionnent en tout cas pour le masculin tous les niveaux de sens, du plus éthéré au plus sexuel.
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« Orgue » vient du latin « organum », neutre, et le Robert DHLF signale que le genre du mot a été « flottant du XIIe au XVIIe ». Je trouve ce flottement et sa conséquence en français moderne, du fait du neutre d'origine, un peu moins étonnants que ce qui s'est passé pour « amour ».
Le même Robert DHLF m'apprend que « délice » a subi une évolution différente de celle des deux autres : il a été emprunté plus tard (en 1120) par le français au latin « deliciae », nom féminin pluriel, et notre langue l'a employé « au singulier dès 1175 » : je ne trouve pas l'explication de son changement progressif de genre, entre le douzième et le dix-septième siècles.
Le même Robert DHLF m'apprend que « délice » a subi une évolution différente de celle des deux autres : il a été emprunté plus tard (en 1120) par le français au latin « deliciae », nom féminin pluriel, et notre langue l'a employé « au singulier dès 1175 » : je ne trouve pas l'explication de son changement progressif de genre, entre le douzième et le dix-septième siècles.
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- Jacques
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J'ai l'édition de 2004 qui ne donne pas ce renseignement.Islwyn a écrit :Tenez ! Selon le Larousse des difficultés, pour délice / délices, il s'agit de deux mots différents : délice <-- delicium (neutre singulier), délices <-- deliciae (f. pluriel). À qui faire confiance ?
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Plus fort que vous : je ressors mon édition de 1956 de l'étagère où elle dormait paisiblement, et j'y trouve ce que vous rapportiez plus haut.Islwyn a écrit :Ah, mon édition date de 1972 ! Il est bon de savoir que ces usuels de grand tirage font l'objet de corrections lors d'une nouvelle édition.
Ce fut le premier livre qui me fit découvrir les subtilités du français, une relique ! C'est en le parcourant que je découvris que ma connaissance de la langue se réduisait à fort peu de chose. C'est donc lui qui me donna ma première leçon d'humilité.
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Huit ans de moins à vivre en plus, c'est logiquement plus avantageux que huit de plus à vivre en moins, voyons !Perkele a écrit :Les deux autres seraient dans le bon sens ?Claude a écrit :Non, vous n'en avez que huit dans le mauvais sens.
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