J'ai récemment vu sur les informations que diffuse Internet employer le verbe vitupérer pour désigner un fait, une mesure. J'ai été choqué car il me semblait qu'on ne pouvait l'utiliser qu'à l'égard de personnes : vitupérer son voisin, ou tel personnage.
L'Académie est très sobre ; elle donne comme définition blâmer sans commentaires ni exemples. Littré s'y réfère : Terme vieilli Blâmer. Vitupérer n'est plus un mot de la langue, Acad. observ. sur Vaugel. p. 407, dans POUGENS. On vitupère les écrivains officiels ; on devrait plutôt les plaindre, REYBAUD, Jér. Patur. I, 14
Pour revenir à l'Académie, elle ne l'introduit que dans la 6e édition du dictionnaire (1835), avec ce commentaire : Il est vieux.
Pourtant il revient depuis déjà quelques dizaines d'années, mais étrangement il devient transitif indirect, avec la préposition contre. Bien que cet emploi soit fautif, sa fréquence l'a fait admettre comme toléré. Est-ce à cause de cette dérogation qu'il s'applique de nos jours à des choses, des faits, des situations, alors que jadis il ne concernait que des personnes ? Autant que j'en juge d'ailleurs, on l'utilise plutôt dans le sens de pester envers quelqu'un ou quelque chose, ou critiquer violemment.
Vitupérer
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Je ne suis pas sûr d'avoir lu votre intervention ci-dessus en son temps, Jacques. Elle a deux avantages : elle m'apprend l'emploi transitif de vitupérer et me montre que Larousse n'a pas totalement renoncé à des explications sur la correction des usages dont il rend compte : REM. Vitupérer contre est critiqué par certains grammairiens.
- Jacques
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Je suis content de votre réaction, car le commentaire était passé inaperçu.
L'ennui avec les fautes très répandues dans l'usage, c'est que, quand on emploie la bonne formule, on craint de passer, aux yeux des interlocuteurs ou des lecteurs, pour quelqu'un qui n'emploie pas forme correcte. Paradoxe !
L'ennui avec les fautes très répandues dans l'usage, c'est que, quand on emploie la bonne formule, on craint de passer, aux yeux des interlocuteurs ou des lecteurs, pour quelqu'un qui n'emploie pas forme correcte. Paradoxe !
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).