Repentance
- Jacques
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Repentance
Je pensais que ce substantif était un néologisme fabriqué dans la lignée du snobisme et de la fantaisie qui envahissent la langue du vingt et unième siècle.
Or, j'ai la surprise de constater qu'il existait au dix-septième, puisqu'on le trouve dans la première édition du dictionnaire de l'Académie (1694) :
REPENTANCE. s. f. v. Regret, douleur qu'on a de ses pechez. Il est mort avec beaucoup de repentance, avec une grande repentance de ses pechez. Il vieillit.
Et voilà qu'on le ressuscite depuis peu, à propos d'évènements condamnables (colonialisme, esclavage principalement).
Pourquoi exhumer de la poussière des ans un terme depuis longtemps passé de mode ? Il existe un équivalent, repentir, bien vivant celui-là. La comparaison des définitions en fait des synonymes :
REPENTIR. n. m. Action de se repentir.
REPENTIR (SE). v. pron. Ressentir le regret d'une faute avec le désir de la réparer ou de n'y plus retomber. Se repentir d'avoir offensé Dieu. Se repentir de ses fautes, de ses péchés, de ses égarements. Se repentir de sa mauvaise conduite. Il s'en est repenti. Je me repens d'avoir fait, de n'avoir pas fait telle chose. Je me repens du mal que je lui ai fait.
REPENTANCE. n. f. Regret, douleur qu'on a de ses péchés. Il est mort avec beaucoup de repentance, avec une grande repentance de ses péchés. Il ne s'emploie guère que dans le langage de la piété. (Acad. 8e édition, 1932 - 1935).
La définition n'a pas varié. Notons quand même une précision : repentance est du vocabulaire religieux. Il n'y a aucune raison pour remettre en service cet archaïsme dans un usage laïque où le mot péché n'a pas sa place ; dans la langue non religieuse, ce sont des fautes, des crimes même, pas des péchés.
Or, j'ai la surprise de constater qu'il existait au dix-septième, puisqu'on le trouve dans la première édition du dictionnaire de l'Académie (1694) :
REPENTANCE. s. f. v. Regret, douleur qu'on a de ses pechez. Il est mort avec beaucoup de repentance, avec une grande repentance de ses pechez. Il vieillit.
Et voilà qu'on le ressuscite depuis peu, à propos d'évènements condamnables (colonialisme, esclavage principalement).
Pourquoi exhumer de la poussière des ans un terme depuis longtemps passé de mode ? Il existe un équivalent, repentir, bien vivant celui-là. La comparaison des définitions en fait des synonymes :
REPENTIR. n. m. Action de se repentir.
REPENTIR (SE). v. pron. Ressentir le regret d'une faute avec le désir de la réparer ou de n'y plus retomber. Se repentir d'avoir offensé Dieu. Se repentir de ses fautes, de ses péchés, de ses égarements. Se repentir de sa mauvaise conduite. Il s'en est repenti. Je me repens d'avoir fait, de n'avoir pas fait telle chose. Je me repens du mal que je lui ai fait.
REPENTANCE. n. f. Regret, douleur qu'on a de ses péchés. Il est mort avec beaucoup de repentance, avec une grande repentance de ses péchés. Il ne s'emploie guère que dans le langage de la piété. (Acad. 8e édition, 1932 - 1935).
La définition n'a pas varié. Notons quand même une précision : repentance est du vocabulaire religieux. Il n'y a aucune raison pour remettre en service cet archaïsme dans un usage laïque où le mot péché n'a pas sa place ; dans la langue non religieuse, ce sont des fautes, des crimes même, pas des péchés.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Toute cette famille de mots me semble affectée d'une connotation religieuse. Lorsque j'ai entendu « repentance » pour la première fois dans le domaine historico-politique, j'ai toutefois imaginé que l'on voulait insister sur le côté historique précisément, que cela concernait quelque chose de plus ancien et de plus collectif que le repentir que peut exprimer une personne à l'égard d'un acte condamnable dont elle s'est rendue coupable. Mais je vois que l'Académie ne fait pas cette distinction.
- Jacques
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Robert et Larousse ne font pas non plus de différence, et donnent des définitions qui expriment dans les deux cas la même idée de regret des fautes commises. Mais vous avez raison, repentir vient aussi, de toute évidence, du vocabulaire religieux.
En tout état de cause, il s'agit pour l'un comme pour l'autre de regretter des actions que l'on a personnellement perpétrées, et non celles qui l'ont été par quelqu'un d'autre.
En tout état de cause, il s'agit pour l'un comme pour l'autre de regretter des actions que l'on a personnellement perpétrées, et non celles qui l'ont été par quelqu'un d'autre.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Le second paraît plus recherché, plus littéraire que le premier.
Je ne trouve aucun autre couple de mots comparable, sauf peut-être si je fais appel, un peu par plaisanterie, à Aragon, qui, dans Aimer à perdre la raison (recueil Le Fou d'Elsa), parle de « la douleur du partir », tandis que l'on dit d'un bateau qu'il est en partance. Mais tout cela n'accrédite pas l'idée qu'il pourrait y avoir une différence entre repentir et repentance.
Je ne trouve aucun autre couple de mots comparable, sauf peut-être si je fais appel, un peu par plaisanterie, à Aragon, qui, dans Aimer à perdre la raison (recueil Le Fou d'Elsa), parle de « la douleur du partir », tandis que l'on dit d'un bateau qu'il est en partance. Mais tout cela n'accrédite pas l'idée qu'il pourrait y avoir une différence entre repentir et repentance.
- Jacques
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Je consulte le Dictionnaire historique. Alain Rey nous dit :
REPENTIR : acte par lequel on regrette sa faute et promet de la réparer.
REPENTANCE : regret douloureux qu'on a de ses fautes et de ses péchés. C'est, pour ainsi dire, bonnet blanc et blanc bonnet.
Sans vouloir m'immiscer dans l'actualité et les motifs des peuples qui appellent ou ont appelé à la « repentance », et quand bien même eût-ce été le repentir qu'ils demandaient, il y a dans les deux cas un emploi non conforme : on ne peut se repentir que des fautes que l'on a soi-même commises. Quand il s'agit de celles d'autrui, on déplore, regrette, condamne.
Je crois que le mot a été utilisé pour frapper les esprits et donner plus de solennité aux demandes, mais il reste impropre.
REPENTIR : acte par lequel on regrette sa faute et promet de la réparer.
REPENTANCE : regret douloureux qu'on a de ses fautes et de ses péchés. C'est, pour ainsi dire, bonnet blanc et blanc bonnet.
Sans vouloir m'immiscer dans l'actualité et les motifs des peuples qui appellent ou ont appelé à la « repentance », et quand bien même eût-ce été le repentir qu'ils demandaient, il y a dans les deux cas un emploi non conforme : on ne peut se repentir que des fautes que l'on a soi-même commises. Quand il s'agit de celles d'autrui, on déplore, regrette, condamne.
Je crois que le mot a été utilisé pour frapper les esprits et donner plus de solennité aux demandes, mais il reste impropre.
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- Jacques
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Cet avis est intéressant, mais si ce n'était pas abuser, pouvez-vous donner des exemples ? Claude parle de souvenir et souvenance, quelle nuance établir entre les deux ?Perkele a écrit :Pour moi, les suffixe en "ance" expriment un concept et pas un fait.
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- Perkele
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- Localisation : Deuxième à droite après le feu
Bienveillance, surveillance, prévoyance, vaillance, sont des concepts ; la repentance recouvre le concept du regret public d'avoir nuit ; la souvenance recouvre celui de la capacité à se rappeler des événements passés.
Ce n'est que mon ressenti.
Ce n'est que mon ressenti.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
- Jacques-André-Albert
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