J'ai été/je suis allé
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J'ai été/je suis allé
Je ne discerne pas clairement le degré d'incorrection ou pas de la formulation "j'ai été" pour dire "je suis allé". Que pouvez-vous en dire ?
- Jacques
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Je suis allé exprime un mouvement, un déplacement : cette année je suis allé en vacances en Corse (je m'y suis rendu). J'ai été exprime un état, un situation statique : J'ai été fonctionnaire pendant trente ans ; cet été j'ai été en Corse pendant trois semaines (j'y ai séjourné).
J'ai été pour je suis allé est une formulation de type populaire, à éviter dans un niveau de langue surveillé.
J'ai été pour je suis allé est une formulation de type populaire, à éviter dans un niveau de langue surveillé.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Bien sûr, mais est-ce une faute caractérisée ?Jacques a écrit :Je suis allé exprime un mouvement, un déplacement : cette année je suis allé en vacances en Corse (je m'y suis rendu). J'ai été exprime un état, un situation statique : J'ai été fonctionnaire pendant trente ans ; cet été j'ai été en Corse pendant trois semaines (j'y ai séjourné).
J'ai été pour je suis allé est une formulation de type populaire, à éviter dans un niveau de langue surveillé.
- Jacques
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Voici l'avis de Girodet : « Cette substitution, fréquente dans la langue parlée, est déconseillée dans la langue écrite ». Le Larousse Pièges et difficultés donne le même conseil. Personne ne parle de faute caractérisée, mais il appartient au langage familier oral et doit être proscrit de la langue écrite. C'est comme cet emploi de ON à la place de NOUS, qui fait partie de la langue orale familière, mais ne doit pas figurer dans la langue littéraire (au sens large de cet adjectif).jarnicoton a écrit :Bien sûr, mais est-ce une faute caractérisée ?Jacques a écrit :Je suis allé exprime un mouvement, un déplacement : cette année je suis allé en vacances en Corse (je m'y suis rendu). J'ai été exprime un état, un situation statique : J'ai été fonctionnaire pendant trente ans ; cet été j'ai été en Corse pendant trois semaines (j'y ai séjourné).
J'ai été pour je suis allé est une formulation de type populaire, à éviter dans un niveau de langue surveillé.
Si on ne le considère pas comme une faute de construction ou une impropriété, c'est au moins un signe de relâchement qui fait mauvais effet à l'écrit.
Ne croyez-vous pas que Nous sommes allés à Nancy pour le mariage de ma cousine fait meilleur effet que « On a été à Nancy pour le mariage... » ?
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- Jacques-André-Albert
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À mon avis, si on prend les expressions au pied de la lettre, « je suis allé à Venise » rend compte du trajet, alors que « j'ai été à Venise » parle davantage du séjour sur place.
J'opposerais donc plutôt Nous sommes allés ce week-end à Venise à Nous avons été à Venise ce week-end, en gardant à l'esprit que la seconde formule a plutôt cours dans le langage populaire sous la forme « on a été ».
J'opposerais donc plutôt Nous sommes allés ce week-end à Venise à Nous avons été à Venise ce week-end, en gardant à l'esprit que la seconde formule a plutôt cours dans le langage populaire sous la forme « on a été ».
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
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- Jacques
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Deux avis valent mieux qu'un : vous êtes donc en tous points d'accord avec ce que j'ai tenté d'expliquer.Jacques-André-Albert a écrit :À mon avis, si on prend les expressions au pied de la lettre, « je suis allé à Venise » rend compte du trajet, alors que « j'ai été à Venise » parle davantage du séjour sur place.
J'opposerais donc plutôt Nous sommes allés ce week-end à Venise à Nous avons été à Venise ce week-end, en gardant à l'esprit que la seconde formule a plutôt cours dans le langage populaire sous la forme « on a été ».
Pour épondre à Islwyn en citant encore Girodet : « L'usage du passé simple ou de l'imparfait du subjonctif du verbe être à la place d'aller (nous nous en fûmes la voir... Sur ce, il s'en fut) est très vieilli et constitue une affectation d'archaïsme. »
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- Islwyn
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Merci. J'en suis très content, car j'adore les archaïsmes (mais non les affectations).Jacques a écrit :Pour répondre à Islwyn en citant encore Girodet : « L'usage du passé simple ou de l'imparfait du subjonctif du verbe être à la place d'aller (nous nous en fûmes la voir... Sur ce, il s'en fut) est très vieilli et constitue une affectation d'archaïsme. »
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- Jacques-André-Albert
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Lu et approuvé !
Je me garderais bien de mettre grammaticalement sur le même plan « Je m'en fus vite dans la salle voisine » et « J'ai été vite dans la salle voisine ». La première comporte le verbe « s'en être », vieilli certes et rarement énoncé à l'infinitif, qui exprime très correctement un déplacement. Dans la seconde, « vite » est incompatible, par contre, avec « être », utilisé alors manifestement à mauvais escient pour « aller ».
J'accepterais éventuellement « J'ai vite été dans la salle voisine », où je ne ressens guère l'idée de déplacement.
Je me garderais bien de mettre grammaticalement sur le même plan « Je m'en fus vite dans la salle voisine » et « J'ai été vite dans la salle voisine ». La première comporte le verbe « s'en être », vieilli certes et rarement énoncé à l'infinitif, qui exprime très correctement un déplacement. Dans la seconde, « vite » est incompatible, par contre, avec « être », utilisé alors manifestement à mauvais escient pour « aller ».
J'accepterais éventuellement « J'ai vite été dans la salle voisine », où je ne ressens guère l'idée de déplacement.
- Islwyn
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Un petit éclaircissement, s'il vous plaît : « s'en être » exprime « très correctement un déplacement ». Oui, mais comment ?André (G., R.) a écrit :Je me garderais bien de mettre grammaticalement sur le même plan « Je m'en fus vite dans la salle voisine » et « J'ai été vite dans la salle voisine ». La première comporte le verbe « s'en être », vieilli certes et rarement énoncé à l'infinitif, qui exprime très correctement un déplacement.
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- Jacques-André-Albert
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