SOS
- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
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SOS
Je ne vais pas exposer mes histoires personnelles, qui n’intéressent personne, mais je cherche un renseignement : au sortir
d’un coma une amnésie partielle a, entre autres choses, gommé une part non négligeable de mon vocabulaire et de mon orthographe.
J’ai travaillé à reconquérir les deux, mais avec une incertitude persistante en ce qui concerne les consonnes redoublées. Malgré des progrès sérieux, je bute encore et dois consulter chaque fois un dictionnaire pour écrire des mots comme apprécier, approvisionner, approprié, ou même attraper, etc. (je viens encore de le faire).
Avant, je n’avais jamais hésité. Un médecin m’a expliqué que le coma provoque la destruction de certaines zones cervicales, et donc des infirmités de ce genre.
Je viens de me rappeler, aujourd’hui seulement, que le directeur de mon école primaire nous répétait de temps à autre la liste des verbes qui s’écrivent avec un seul P ; il y avait apanager, apercevoir, apurer… J’ai oublié les autres. Si quelqu’un en a entendu parler, il me rendrait un sacré service en me donnant cette liste.
d’un coma une amnésie partielle a, entre autres choses, gommé une part non négligeable de mon vocabulaire et de mon orthographe.
J’ai travaillé à reconquérir les deux, mais avec une incertitude persistante en ce qui concerne les consonnes redoublées. Malgré des progrès sérieux, je bute encore et dois consulter chaque fois un dictionnaire pour écrire des mots comme apprécier, approvisionner, approprié, ou même attraper, etc. (je viens encore de le faire).
Avant, je n’avais jamais hésité. Un médecin m’a expliqué que le coma provoque la destruction de certaines zones cervicales, et donc des infirmités de ce genre.
Je viens de me rappeler, aujourd’hui seulement, que le directeur de mon école primaire nous répétait de temps à autre la liste des verbes qui s’écrivent avec un seul P ; il y avait apanager, apercevoir, apurer… J’ai oublié les autres. Si quelqu’un en a entendu parler, il me rendrait un sacré service en me donnant cette liste.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Re: SOS
Ce site n'est certes pas destiné à ce qu'on s'étende sur cette sorte d'histoires, mais ce que vous racontez là ne me laisse pas indifférent pour autant. Je tends cependant à croire, au vu des éléments de jugement dont on dispose ici, que la situation n'a rien de dramatique.Jacques a écrit : mes histoires personnelles, qui n’intéressent personne
- Jacques
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- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Je ne sais pas ce que vous entendez par « situation dramatique ». D'un point de vue humain oui parce que j'ai failli mourir par la faute d'un chirurgien, faute facilement évitable, et que j'en garde des marques, des mutilations.
Du point de vue linguistique, si c'était ce que vous entendiez, j'ai beaucoup travaillé pour récupérer ce que j'avais perdu. Au début ma femme cherchait des mots dans le dictionnaire, je tentais d'en donner la définition et l'orthographe. Puis j'ai travaillé seul, mais imaginez ce que c'est que d'écrire une lettre en cherchant continuellement dans le dictionnaire, c'est lassant.
En un certain sens, j'ai réappris le français, au moins en partie, mais j'ai heureusement bénéficié d'une aptitude naturelle que possèdent plusieurs membres de la famille de ma mère.
Ces centaines d'heures, des années pour arriver au point actuel. Je crois que j'ai fini par dépasser mon niveau antérieur.
Du point de vue linguistique, si c'était ce que vous entendiez, j'ai beaucoup travaillé pour récupérer ce que j'avais perdu. Au début ma femme cherchait des mots dans le dictionnaire, je tentais d'en donner la définition et l'orthographe. Puis j'ai travaillé seul, mais imaginez ce que c'est que d'écrire une lettre en cherchant continuellement dans le dictionnaire, c'est lassant.
En un certain sens, j'ai réappris le français, au moins en partie, mais j'ai heureusement bénéficié d'une aptitude naturelle que possèdent plusieurs membres de la famille de ma mère.
Ces centaines d'heures, des années pour arriver au point actuel. Je crois que j'ai fini par dépasser mon niveau antérieur.
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À lire ce que vous écrivez, ce que je fais régulièrement depuis quinze mois, vos écrits les plus anciens datant eux-mêmes ici de presque dix ans, je n'ai jamais rien remarqué qui trahisse l'amnésie partielle dont vous parlez plus haut. C'était ce que j'avais à l'esprit dans ma précédente intervention.
Il vous est déjà arrivé de faire allusion ici à votre santé, mais pas aussi précisément qu'aujourd'hui. Je suis d'autant plus admiratif de votre démarche personnelle que je connais un ancien collègue, victime d'un AVC, qui essaie, comme vous avec l'aide de sa femme, mais avec un succès seulement mitigé, de retrouver son ancien niveau intellectuel.
Il vous est déjà arrivé de faire allusion ici à votre santé, mais pas aussi précisément qu'aujourd'hui. Je suis d'autant plus admiratif de votre démarche personnelle que je connais un ancien collègue, victime d'un AVC, qui essaie, comme vous avec l'aide de sa femme, mais avec un succès seulement mitigé, de retrouver son ancien niveau intellectuel.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Il y a probablement une plus grande ancienneté : l'« accident » remonte à 1982. Pour ce qui est de la récupération, ce sont les premières années qui sont difficiles. Ensuite c'est comme pour le sport : plus on pratique, plus on augmente sa capacité de performances. Quand le train est lancé, il va de plus en plus vite. Ne devons-nous pas être admiratifs des exploits réalisés par des handicapés aux jeux para-olympiques ?
Il est possible également que l'entraînement ait fait ressurgir des connaissances anciennes des profondeurs.
(C'est curieux, le correcteur d'orthographe de mon navigateur n'accepte pas l'orthographe ressurgir, pourtant ce verbe peut s'écrire soit avec un S soit avec deux.)
J'ai trop parlé de moi, et cette expérience m'amène à une réflexion ; dernièrement, une personne nous a dit : « Moi je ne suis pas bonne en orthographe » ; nous avons l'occasion, ma femme et moi, de le constater dans les échanges de courriels. Je n'ai pas répondu, mais ce qui me chagrine c'est que d'une part elle est cadre, et je me demande comment son employeur a pu laisser passer sa déficience dans la décision de promotion. D'autre part, puisqu'elle en a conscience, pourquoi n'a-t-elle pas essayé de s'améliorer ? N'éprouve-t-elle donc pas de complexes de ce qui se révèle comme une carence quasi dramatique ?
Il est possible également que l'entraînement ait fait ressurgir des connaissances anciennes des profondeurs.
(C'est curieux, le correcteur d'orthographe de mon navigateur n'accepte pas l'orthographe ressurgir, pourtant ce verbe peut s'écrire soit avec un S soit avec deux.)
J'ai trop parlé de moi, et cette expérience m'amène à une réflexion ; dernièrement, une personne nous a dit : « Moi je ne suis pas bonne en orthographe » ; nous avons l'occasion, ma femme et moi, de le constater dans les échanges de courriels. Je n'ai pas répondu, mais ce qui me chagrine c'est que d'une part elle est cadre, et je me demande comment son employeur a pu laisser passer sa déficience dans la décision de promotion. D'autre part, puisqu'elle en a conscience, pourquoi n'a-t-elle pas essayé de s'améliorer ? N'éprouve-t-elle donc pas de complexes de ce qui se révèle comme une carence quasi dramatique ?
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- Karl d'Aulnay
- Messages : 11
- Inscription : mer. 06 nov. 2013, 14:44
Malheureusement, j'ai l'impression que les compétences orthographiques deviennent, de plus en plus, une qualité certes appréciable mais dispensable. Je vois, dans le monde de l'entreprise ainsi que (dans une moindre mesure) dans le monde académique, de plus en plus de gens haut placés incapables d'écrire un courriel de longueur modérée sans faute.Jacques a écrit :J'ai trop parlé de moi, et cette expérience m'amène à une réflexion ; dernièrement, une personne nous a dit : « Moi je ne suis pas bonne en orthographe » ; nous avons l'occasion, ma femme et moi, de le constater dans les échanges de courriels. Je n'ai pas répondu, mais ce qui me chagrine c'est que d'une part elle est cadre, et je me demande comment son employeur a pu laisser passer sa déficience dans la décision de promotion.
Je ne m'explique pas ce désintérêt pour la langue, mais le constate (avec tristesse). En ce qui me concerne, les correspondants qui m'écrivent mal sont moins susceptibles de recevoir une considération aussi attentive de ma part que leurs pairs qui soignent leur rédaction.
Mais force est de reconnaître qu'il devient de plus en plus socialement acceptable d'écrire mal.
J'ai l'impression que deux hypothèses peuvent être émises. La première, c'est une désinvolture certaine, liée à cette espèce de « dispense d'écrire correctement » que j'ai évoquée précédemment. La deuxième est un certain fatalisme (éprouvé à tort), et ce n'est pas limité à l'orthographe. « Je suis mauvais en X », alors on ne fait pas d'efforts pour devenir bon en X, parce qu'on est convaincu de l'échec à venir. Une sorte de castration intellectuelle, si vous voulez, opérée par l'environnement dans lequel vit ou a grandi la personne et qui l'empêchera de remettre l'ouvrage sur le métier (pour ma part, je jette la pierre aux préceptes d'enseignement de la société moderne, mais ne vous invite pas forcément à faire de même).Jacques a écrit :D'autre part, puisqu'elle en a conscience, pourquoi n'a-t-elle pas essayé de s'améliorer ? N'éprouve-t-elle donc pas de complexes de ce qui se révèle comme une carence quasi dramatique ?
Votre « rééducation » orthographique, si vous me permettez l'analogie avec le procédé par lequel on reprend le contrôle d'un membre après bris ou blessure, Jacques, force mon respect et mon admiration ; et montre bien qu'acquérir une orthographe décente en dehors des bancs d'école n'est pas une chose inaccessible. Vous avez relevé le gant et vous en êtes tiré, au vu de votre plume, avec un brio qui ferait pâlir bien des gens de lettres.
- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Je commence à me sentir gêné de ces compliments. Je ne pouvais pas accepter une infirmité intellectuelle ; j'ai parlé des jeux para-olympiques (que je préfère à l'étrange paralympique), c'est vraisemblablement le même combat.
Par ailleurs, j'apprécie beaucoup l'analyse que vous nous avez présentée. J'hésite cependant entre fatalisme et paresse. Une résignation qui évite d'avoir à se donner du mal, c'est commode. Mais être cadre, cela doit se mériter.
Par ailleurs, j'apprécie beaucoup l'analyse que vous nous avez présentée. J'hésite cependant entre fatalisme et paresse. Une résignation qui évite d'avoir à se donner du mal, c'est commode. Mais être cadre, cela doit se mériter.
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- Jacques-André-Albert
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- Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
- Localisation : Niort
Après avoir longtemps pesté contre les gens déficients en orthographe, et observé leurs écrit et leurs capacités intellectuelles visibles, je suis arrivé à la conclusion qu'il n'y avait pas de lien entre la dysorthographie et le niveau intellectuel. Je pense que le sens de l'orthographe fait partie des capacités innées comme l'aptitude au dessin ou à la musique. Mais tout est perfectible chez l'être humain, et l'alliance de la motivation et du travail font des miracles.
Pour revenir sur l'adjectif para-olympique, que vous écrivez de façon tout à fait correcte, Jacques, il me semble avoir déjà protesté sur ce forum contre la forme « paralympique », fautive selon les règles de construction des mots français d'origine grecque. La seule forme contractée correcte est parolympique, à l'instar de parodontie.
Malheureusement, les effets conjugués de l'inculture, du matraquage médiatique et du comportement moutonnier de la population font que « paralympique » est largement majoritaire dans les résultats de recherche sur Internet, et que mon correcteur d'orthographe souligne en rouge parolympique. Tyrannie de la bêtise universelle...
Pour revenir sur l'adjectif para-olympique, que vous écrivez de façon tout à fait correcte, Jacques, il me semble avoir déjà protesté sur ce forum contre la forme « paralympique », fautive selon les règles de construction des mots français d'origine grecque. La seule forme contractée correcte est parolympique, à l'instar de parodontie.
Malheureusement, les effets conjugués de l'inculture, du matraquage médiatique et du comportement moutonnier de la population font que « paralympique » est largement majoritaire dans les résultats de recherche sur Internet, et que mon correcteur d'orthographe souligne en rouge parolympique. Tyrannie de la bêtise universelle...
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
(Montaigne - Essais, I, 24)
- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Oui vous aviez déjà protesté contre cette ineptie. J'ai toujours été agacé par une construction qui me paraissait douteuse, c'est pourquoi j'ai forgé ce terme qui m'est propre.
Vous avez entièrement raison pour l'effet dominateur de la bêtise ; il ne fait aucun doute que la propagation du barbarisme est due à l'incompétence linguistique du monde des médias.
Vous avez entièrement raison pour l'effet dominateur de la bêtise ; il ne fait aucun doute que la propagation du barbarisme est due à l'incompétence linguistique du monde des médias.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Islwyn
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- Inscription : sam. 16 févr. 2013, 12:09
- Localisation : Royaume-Uni (décédé le 9 mars 2018)
Mais on dirait du Flaubert, celui du Dictionnaire des idées reçues. C'est un compliment !Jacques-André-Albert a écrit :Malheureusement, les effets conjugués de l'inculture, du matraquage médiatique et du comportement moutonnier de la population font que « paralympique » est largement majoritaire dans les résultats de recherche sur Internet, et que mon correcteur d'orthographe souligne en rouge parolympique. Tyrannie de la bêtise universelle...
Quantum mutatus ab illo