Expressions mal employées
- Jacques
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Expressions mal employées
Dans une émission dont l’objectif est de désigner la plus belle région de France parmi plusieurs présentées, je relève ce commentaire : « La région Charentes Poitou saura-t-elle tirer son épingle du jeu ? »
Les gens de médias sont friands de cette formule qu’ils emploient toujours à contresens, pour parler de quelqu’un qui a encaissé un joli profit dans une entreprise juteuse, alors qu’elle signifie qu’on se retire à temps d’une affaire mal engagée, douteuse, compromise, et avant qu’elle ne tourne mal. Pas de profit à l’horizon, et encore bien heureux qu’on n’y laisse pas des plumes. Familièrement, on dit reprendre ses billes ou sauver les meubles. Mais les jaseux professionnels ne sont pas regardants sur les impropriétés et les mauvais usages linguistiques.
Du même genre, mais sans vouloir me moquer : à deux pavillons de chez nous habite une coiffeuse à domicile, qui vient officier à la maison. Je discutais avec elle, un jour, au sujet d’une femme que nous connaissons, et je lui disais qu’elle n’a pas une grosse retraite parce que, lors de son premier mariage, elle travaillait sans être rémunérée avec son mari qui était commerçant.
Et l’aimable coiffeuse de me répondre : « Ne t’inquiète pas pour elle, quand elle a divorcé elle n’est pas partie les mains vides, elle a su tirer les marrons du feu ». C’est comique, mais son métier est de manier le peigne et les ciseaux, pas de parler publiquement devant des millions de personnes, et la confusion mérite indulgence. Je me demande d’ailleurs si beaucoup de gens connaissent le vrai sens de l’expression.
Les gens de médias sont friands de cette formule qu’ils emploient toujours à contresens, pour parler de quelqu’un qui a encaissé un joli profit dans une entreprise juteuse, alors qu’elle signifie qu’on se retire à temps d’une affaire mal engagée, douteuse, compromise, et avant qu’elle ne tourne mal. Pas de profit à l’horizon, et encore bien heureux qu’on n’y laisse pas des plumes. Familièrement, on dit reprendre ses billes ou sauver les meubles. Mais les jaseux professionnels ne sont pas regardants sur les impropriétés et les mauvais usages linguistiques.
Du même genre, mais sans vouloir me moquer : à deux pavillons de chez nous habite une coiffeuse à domicile, qui vient officier à la maison. Je discutais avec elle, un jour, au sujet d’une femme que nous connaissons, et je lui disais qu’elle n’a pas une grosse retraite parce que, lors de son premier mariage, elle travaillait sans être rémunérée avec son mari qui était commerçant.
Et l’aimable coiffeuse de me répondre : « Ne t’inquiète pas pour elle, quand elle a divorcé elle n’est pas partie les mains vides, elle a su tirer les marrons du feu ». C’est comique, mais son métier est de manier le peigne et les ciseaux, pas de parler publiquement devant des millions de personnes, et la confusion mérite indulgence. Je me demande d’ailleurs si beaucoup de gens connaissent le vrai sens de l’expression.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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- Islwyn
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Cette expression (sc. tirer les marrons du feu) m'a toujours posé problème à cause de son ambivalence, de sorte qu'en l'entendant on doit toujours la contextualiser pour bien comprendre le sens de ce que dit son interlocuteur. C'est tirer profit d'une situation ou être victime d'une situation ?
Voyez ici :
http://www.expressio.fr/edj.php
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http://www.expressio.fr/edj.php
Quantum mutatus ab illo
- Jacques
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C'est prendre un risque au profit de quelqu'un d'autre. Elle est tirée de la fable de La Fontaine, Le singe et le chat. Le chat, nommé Raton, retire du feu où ils sont en train de griller, des marrons qu'il remet au singe Bertrand. C'est donc le félin qui risque de se brûler les pattes au bénéfice du singe qui, sans s'exposer au danger, déguste ces fruits. La Fontaine n'en est pas l'inventeur, elle existait avant lui mais il a contribué à la faire connaître.
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- Jacques
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Ensuite elle prit la forme Tirer les marrons de la patte du chat.André (G., R.) a écrit :L'expression originelle était d'ailleurs tirer les marrons du feu avec la patte du chat, m'apprend un site que je viens de visiter sur la Toile.
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- Islwyn
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Oui, mais tardivement. La fable était déjà connue avant la version magistrale qu'en donna La Fontaine. En voici un dessin datant du XVIe siècle :
http://en.wikipedia.org/wiki/The_Monkey ... t_chat.jpg
http://en.wikipedia.org/wiki/The_Monkey ... t_chat.jpg
Quantum mutatus ab illo
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- Jacques
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Moi non plus.
À propos d'expressions, il me revient une anecdote. Quand j'ai été mis en retraite, j'ai apporté une aide à l'apprentissage du français, soit à des étudiants ou écoliers en difficulté, soit à des étrangers non francophones.
Une année, je recevais une femme chypriote turcophone qui parlait un sabir étrange, du genre : « Je sonté partir », ou « J'ai travaillé pour remplacer une dame qui était couchement ». Son langage était fait de toutes sortes d'incongruités de ce genre. Et voilà qu'un jour, nous tombons sur une phrase avec le mot chinoiser. Je tentai laborieusement de lui expliquer avec des mots simples le sens de ce verbe familier et, quand j'eus fini, elle me sortit : « Oui, c'est chercher midi à quatorze heures ! »
À propos d'expressions, il me revient une anecdote. Quand j'ai été mis en retraite, j'ai apporté une aide à l'apprentissage du français, soit à des étudiants ou écoliers en difficulté, soit à des étrangers non francophones.
Une année, je recevais une femme chypriote turcophone qui parlait un sabir étrange, du genre : « Je sonté partir », ou « J'ai travaillé pour remplacer une dame qui était couchement ». Son langage était fait de toutes sortes d'incongruités de ce genre. Et voilà qu'un jour, nous tombons sur une phrase avec le mot chinoiser. Je tentai laborieusement de lui expliquer avec des mots simples le sens de ce verbe familier et, quand j'eus fini, elle me sortit : « Oui, c'est chercher midi à quatorze heures ! »
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- Islwyn
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Ah, nous ne sommes pas les premiers à rapprocher les marrons et les épingles ! Parler français, un de mes sites préférés, les traite ici :
http://parler-francais.eklablog.com/de- ... a108241168
(suivez le lien donné vers le billet sur les marrons).
http://parler-francais.eklablog.com/de- ... a108241168
(suivez le lien donné vers le billet sur les marrons).
Quantum mutatus ab illo
- Jacques
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Instructif. À propos de Philippe Lasserre, cité dans ce texte, il a commis d'autres bévues. Une fois, dans un de ses articles, il parlait des contractuelles qui distribuaient des contraventions. J'étais alors correcteur, j'ai fait remarquer que la contravention est le délit qui consiste à contrevenir à un règlement, qu'elle est constatée par un procès-verbal abrégé en PV, et sanctionnée par une amende. Il a refusé la correction, prétextant que ce mot avait changé de sens et que, dans l'acception moderne, c'était devenu la sanction. Ce monsieur, qui veut donner des leçons aux autres, estime qu'il ne peut jamais se tromper.
Nous avons eu, rarement Dieu merci, des personnages de ce genre sur le forum, ils n'y sont pas restés, soit que je les aie éjectés, soit qu'ils aient demandé leur radiation parce que nous les avions priés de se modérer dans leurs propos.
Nous avons eu, rarement Dieu merci, des personnages de ce genre sur le forum, ils n'y sont pas restés, soit que je les aie éjectés, soit qu'ils aient demandé leur radiation parce que nous les avions priés de se modérer dans leurs propos.
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