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Perles d'inculture 2
- Claude
- Messages : 9173
- Inscription : sam. 24 sept. 2005, 8:38
- Localisation : Décédé le 24 août 2022. Humour et diplomatie. Il était notre archiviste en chef.
Perles d'inculture 2
J'ouvre comme prévu ce nouveau sujet dans lequel vous pourrez communiquer à tous les cotélépapoteurs de nouvelles perles. ![[clin d'oeil] :wink:](./images/smilies/icon_wink.gif)
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Avatar : petit Gaulois agité (dixit Perkele)
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- Messages : 7437
- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Un journaliste s'adresse à un élu local à propos de la réforme territoriale : « Vous deviez être dans la même région que Reims et vous ne le serez plus. » Les pronoms sont de moins en moins utilisés, on préfère répéter les noms, c'est en tout cas ce qu'il me semble constater dans la bouche de notre président de la République, par exemple. Mais les pronoms conservés sont parfois fantaisistes, y en particulier déroute certains de nos contemporains. Dans la phrase du journaliste il s'imposait, mais on lui a substitué le en oubliant la fonction de complément de lieu. Dans d'autres cas il remplace anormalement en. J'entends assez souvent « J'y viens » au lieu de « J'en viens » : confusion entre le lieu où l'on va (direction) et celui d'où l'on vient (origine).
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- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
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- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Puristes non, je me défends de l'être et je pense qu'André fait de même.
Je me garderais bien de dire que vous avez « foncièrement tort ». Dans nos échanges, personne ne cherche à avoir forcément raison, les avis divergents ou opposés expriment la recherche de la vérité, de la lumière.
Nous avons des points de vue différents, à chacun de tenter de justifier le sien sans pour autant condamner celui d'autrui. Nous discutons, dans la tolérance comme je le préconise toujours.
Ainsi que je l'ai expliqué plus haut, le rappelle un état, une situation, pas un lieu. Selon la définition de Girodet, le est en fonction de pronom neutre complément. Un pronom, autant que je puisse le savoir, ne peut pas être complément de lieu.
Il cite quelques exemples :
– Croyez-vous que nous réussirons ? Je le crois ;
– Mais enfin, le pensez-vous vraiment ? Non, je ne le pense pas ;
– Il nous obéira, si nous le voulons ;
– Si vous le pouvez, prévenez-nous.
Dans toutes les circonstances, le pronom neutre le est synonyme de ceci ou de cela. Il est COD, pas complément circonstanciel. On ne peut donc pas le substituer à Y, adverbe de lieu.
Je me garderais bien de dire que vous avez « foncièrement tort ». Dans nos échanges, personne ne cherche à avoir forcément raison, les avis divergents ou opposés expriment la recherche de la vérité, de la lumière.
Nous avons des points de vue différents, à chacun de tenter de justifier le sien sans pour autant condamner celui d'autrui. Nous discutons, dans la tolérance comme je le préconise toujours.
Ainsi que je l'ai expliqué plus haut, le rappelle un état, une situation, pas un lieu. Selon la définition de Girodet, le est en fonction de pronom neutre complément. Un pronom, autant que je puisse le savoir, ne peut pas être complément de lieu.
Il cite quelques exemples :
– Croyez-vous que nous réussirons ? Je le crois ;
– Mais enfin, le pensez-vous vraiment ? Non, je ne le pense pas ;
– Il nous obéira, si nous le voulons ;
– Si vous le pouvez, prévenez-nous.
Dans toutes les circonstances, le pronom neutre le est synonyme de ceci ou de cela. Il est COD, pas complément circonstanciel. On ne peut donc pas le substituer à Y, adverbe de lieu.
Dernière modification par Jacques le sam. 19 juil. 2014, 17:29, modifié 1 fois.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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- Messages : 7437
- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Je souscris entièrement à vos explications, Jacques. J'ajouterai que le, comme pronom, peut cependant aussi être attribut du sujet :Jacques a écrit :Dans toutes les circonstances, le pronom neutre le est synonyme de ceci ou de cela. Il est COD, pas complément circonstanciel. On ne peut donc pas le substituer à Y, adverbe de lieu.
Qui n'est pas concerné par ces évènements ? En tout cas, moi je le suis.
C'est peut-être d'ailleurs l'une des origines de la confusion avec y.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Fin 2010, Evrard Wendenbaum a pris la tête d'une expédition naturaliste d'envergure dans le massif du Makay, dans le Sud-Ouest de Madagascar, un des derniers endroits de la Terre jamais foulés par l'homme.
Il n'y a pas de faute de style ou de vocabulaire, rien qui soit répréhensible, si ce n'est une syntaxe qui crée l'ambigüité.
Jamais, dans son sens originel, signifie proprement « à un moment quelconque », interprétation un peu libre de l'étymologie : ja le moment présent, et magis davantage. Peu importe, le fait est là et, à première lecture, l'interprétation de la phrase donne : « un des derniers endroits que l'homme a foulés ». Or, en réfléchissant plus loin, je pense que l'auteur veut dire : un des derniers endroits encore inexplorés, qui n'ont à aucun moment été foulés par l'homme.
D'où la nécessité, pour éviter l'incertitude, de formuler sa pensée de manière non équivoque : « Un des derniers endroits que l'homme n'a encore jamais foulés ».
C'est de la rédaction à la va-vite, qui ne prend pas en compte les subtilités et embûches du langage.
Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément.
Il n'y a pas de faute de style ou de vocabulaire, rien qui soit répréhensible, si ce n'est une syntaxe qui crée l'ambigüité.
Jamais, dans son sens originel, signifie proprement « à un moment quelconque », interprétation un peu libre de l'étymologie : ja le moment présent, et magis davantage. Peu importe, le fait est là et, à première lecture, l'interprétation de la phrase donne : « un des derniers endroits que l'homme a foulés ». Or, en réfléchissant plus loin, je pense que l'auteur veut dire : un des derniers endroits encore inexplorés, qui n'ont à aucun moment été foulés par l'homme.
D'où la nécessité, pour éviter l'incertitude, de formuler sa pensée de manière non équivoque : « Un des derniers endroits que l'homme n'a encore jamais foulés ».
C'est de la rédaction à la va-vite, qui ne prend pas en compte les subtilités et embûches du langage.
Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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- Messages : 7437
- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Excellente chacalerie !
À l'actif de l'auteur de la phrase je relève la terminaison -s de foulés. Mais sur le point que vous traitez, Jacques, je me demande si l'on ne peut pas être un peu plus catégorique que vous : jamais n'est négatif qu'accompagné de ne. On ne comprend ce qu'a voulu dire l'auteur de cette phrase que parce que l'on sait que les endroits non foulés de la Terre sont rares et qu'il utilise l'adjectif derniers. En correction conviendrait peut-être aussi : «... un des derniers endroits de la Terre à n'avoir jamais été foulés par l'homme. »
À l'actif de l'auteur de la phrase je relève la terminaison -s de foulés. Mais sur le point que vous traitez, Jacques, je me demande si l'on ne peut pas être un peu plus catégorique que vous : jamais n'est négatif qu'accompagné de ne. On ne comprend ce qu'a voulu dire l'auteur de cette phrase que parce que l'on sait que les endroits non foulés de la Terre sont rares et qu'il utilise l'adjectif derniers. En correction conviendrait peut-être aussi : «... un des derniers endroits de la Terre à n'avoir jamais été foulés par l'homme. »
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
C'est ce que j'ai voulu souligner : nous avons affaire à l'un de ces mots à valeur positive qui sont compris comme négatifs (jamais, rien, personne), même seuls, alors qu'ils ne devraient l'être qu'accompagnés d'une négation. D'où justement l'incertitude née de cette syntaxe qui manque de précision. Telle que la phrase est construite, on comprend d'emblée l'acception positive, alors qu'un second examen fait penser à l'interprétation négative. Votre proposition est ce qu'on peut envisager de meilleur.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).