Complexes

[Jacques]

Depuis quelques jours un fait me tracasse. Claude a gardé le contact avec quelqu’un qui fut un temps participant actif, mais reste désormais dans la coulisse, en observateur qui ne souhaite plus s’exprimer. Un de ses arguments est qu’il estime le niveau trop élevé pour lui. Ce n’est pas la première fois qu’on détecte ce sentiment chez des personnes inscrites.
Je n’ai jamais souhaité que le forum fût une espèce de cercle d’intellectuels réservé à une élite. J’ai toujours désiré qu’il s’ouvre au plus grand nombre, et m’efforce de persuader les nouveaux venus qu’ils ne pénètrent pas au cœur d’un aréopage. On n’a pas besoin de certificat d’excellence pour s’y produire. Qu’on m’excuse de me prendre comme exemple, mon niveau de formation scolaire en français n’a pas dépassé le stade du « certif » comme nous l’appelions familièrement, le défunt certificat d’études primaires.
Nous avons ici des professeurs de langues, qui élèvent le débat sur un plan plus technique, mais surtout des amateurs sans qualification linguistique, curieux et passionnés.
Quel que soit son niveau, il me paraît que chacun a forcément quelque chose à donner. Certains ont peut-être plus de questions que de réponses, mais cela soulève des discussions généralement très instructives et oblige à la réflexion. Pour ce qui me concerne, et je suis convaincu que tout le monde partage mon avis, je n’ai jamais porté la moindre appréciation sur le degré de savoir des uns ou des autres. Tout le monde apporte son eau au moulin, le forum n’est pas un club de snobs prétentieux, et nul ne cherche à épater la galerie en dominant les autres (nous avons eu quelques personnages de ce type, mais ils n’ont pas fait de vieux os et j’en ai « viré » un certain nombre, souvent à leur demande, après les avoir remis à leur place).
Il n’y a pas de remède à cette situation qui engendre des complexes non justifiés, mais enfin, si d’aucuns me lisent qu’ils sachent que nous ne sommes pas dans un lieu élitiste. Il n’y a ni classes ni castes.
Quand je dis que les complexes ne se justifient pas, c’est simple : s’inscrire ici c’est déjà exprimer son amour d’une langue pure et conforme à ce qu’il y a de meilleur. C’est une démarche intelligente. Et je répète qu’il n’y a pas de questions idiotes, parce qu’il vaut mieux demander que ne pas s’en poser du tout et rester dans un flou linguistique qui est devenu quasi général. Le sot n’est pas celui qui pose la question, mais celui qui ne s’en pose aucune.

[Jacques-André-Albert]

Vous avez très bien exprimé l'esprit du forum. Il n'y a rien à ajouter.

[Jacques]

Merci de partager mon avis.

[André (G., R.)]

Je le partage aussi et fais plus particulièrement mienne votre phrase :

Le sot n’est pas celui qui pose la question, mais celui qui ne s’en pose aucune.

Qu'on veuille bien excuser ce qui, dans ce que j'ai écrit ici depuis dix-huit mois, aurait pu paraître difficile d'accès. Lorsque je suis arrivé sur le forum, j'ai eu moi-même le sentiment qu'un certain nombre de thèmes qui s'y traitaient, me dépassaient, par exemple en matière d'informatique, de vie de l'entreprise, de littérature, de stylistique... Par contre mon intérêt pour la grammaire, où je ne suis pourtant pas un spécialiste, mais qu'expliquent ma formation de professeur d'allemand et mes goûts personnels, m'a progressivement amené à intervenir sur les sujets qui la concernaient ou demandaient selon moi des précisions d'ordre grammatical : je n'ai sans doute alors pas suffisamment pensé à ceux que cela intéresse moins.
Vos tracas, Jacques, vont dans le sens de ce que j'ai cru observer depuis quelques mois : quelques participants réguliers anciens aux débats se font plus discrets. C'est leur droit le plus strict et je ne m'engage pas moi-même à intervenir tous les jours ! Mais comme vous, Jacques, je souhaite vivement que le forum « s’ouvre au plus grand nombre ».

[Jacques]

Ne faites pas de complexe de culpabilité, André, pour avoir abordé des cas difficiles ou plus spécialement orientés vers les subtilités de la grammaire. Nous sommes en un lieu de libre expression, chacun propose spontanément les sujets qui le préoccupent ou l'intéressent.
On ne peut pas s'imposer des restrictions ou avoir des scrupules.
Des thèmes qui nous dépassent, il y en a des monceaux. Chacun a ses talents et ses compétences, il n'y a pas ici de Pic de la Mirandole capable d'aborder n'importe quel domaine du savoir. Laissons-nous aller librement et sans retenue.
Pour ma part, je me contente de passer sans réagir sur les affaires qui dépassent mes capacités. Mais il ne doit pas y avoir de limites imposées.