Je me suis aperçu aujourd’hui que dissoudre et absoudre n’ont pas de passé simple ! Je ne comprends pas pourquoi : en italien on a bien dissolsi et assolsi... Pourquoi n’aurait-on pas en français j’absolvis/j’absolus et je dissolvis/je dissolus ?
C'est vraiment paradoxal : absoudre est peu souvent utilisé, et donc l'absence du passé simple paraît imaginable, mais pour dissoudre, c'est très étonnant.
Pour la forme de ces conjugaisons, il faut peut-être tout simplement regarder comment s'y prennent d'autres verbes avec une racine commune, comme résoudre :
je résolus
tu résolus
il résolut
nous résolûmes
vous résolûtes
ils résolurent
Je ne sais pas s'il y a un rapport, mais dans résoudre nous avons la prononciation zoudre, alors que dans les deux autres on dit soudre. Du coup, résoudre se prononce au passé simple zolu, alors que dissoudre et absoudre, si ce temps existait, se prononceraient ssolu etc. Qui sait si ce n'est pas cette bizarre phonétique qui a fait sauter le temps passé simple ?
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Il me semble qu'il faudrait trouver de quand date l'ancien français soudre.
J'ai fouiné autour de quelques livres, et ai vu que absoudre et dissoudre sont plus anciens que résoudre, le premier venant de ab/solvere et le deuxième de dis/solvere (une formation qui semble venir directement du latin). Par contre, le troisième n'est pas de re/solvere, mais directement de ré/soudre ! Donc il y a des chances que l'apparition de "soudre" y soit pour quelque chose.
Je viens de faire une trouvaille intéressante dans Le français correct de Grevisse, qui donne la conjugaison d'absoudre, je cite : « passé simple (rare) j'absolus ». Aux deux autres, dissoudre et résoudre, il mentionne : « comme absoudre ».
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Diomède a écrit :Mais c'est vrai que ces verbes doivent être assez peu utilisés au passé. D'où, peut-être, l'oubli de ces formes.
C'est l'explication la plus probable. Certains de ces verbes ont une forme si insolite à divers temps, et c'est le cas ici, qu'on a dû finir par y renoncer.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Vous trouvez insolites j’absolus et je dissolus ? Ce sont pourtant des formes qui rappellent des mots existants. Pour ma part, je les aime bien.
Mais imaginons un roman traditionnel (passé simple/imparfait) : si l’auteur veut utiliser absoudre et dissoudre dans son récit, comment les y insèrera-t-il s’ils n’ont pas de passé simple ? Dans la langue courante, la question ne se pose pas, puisqu’on utilise le passé composé.
Nous voyons bien là une illustration de la diversité des goûts. Ce qui nous semble insolite sonne bien à vos oreilles. Pour l'exemple du récit, je pense que l'on doit pouvoir trouver des astuces de remplacement, ce qui est forcément le cas pour tous les autres verbes défectifs. Mais puisque finalement ces trois verbes existent bien au passé simple, soyons rassurés. Ce que j'entendais surtout est que certaines formes conjuguées sont évitées parce qu'en général beaucoup de gens les ont trouvées bizarres, et qu'à force d'être évitées elles ont fini par disparaître du langage : les verbes se sont atrophiés. Le présent de l'indicatif de promouvoir a été longtemps considéré comme disparu et donc à ignorer, mais l'usage populaire le ressuscite, c'est donc le phénomène inverse.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).