Tous les chemins mènent à l'angloricain

[Jacques]

Je ne vais pas enfoncer une porte ouverte, tous les défenseurs du français dénoncent le phénomène, l'introduction massive de l'anglo-américain en français mène à une hégémonie culturelle.
Nous avons déjà remarqué, par exemple, cette mauvaise habitude de remplacer la virgule par un point dans les expressions arithmétiques : 13.5% au lieu de 13,5.
Je lis ceci sur Internet : 63% des jeunes diplômés Bac+5 sont en emploi un an après l'obtention de leur diplôme, selon une étude de l'Association pour l'emploi des cadres (Apec). Le salaire annuel brut moyen s'élève à 28.700 euros.
Alors que le revenu d'un salarié s'exprime en France, depuis des lustres, en chiffres mensuels, la mode est désormais de l'énoncer en revenu annuel. C'est un petit rien qui s'ajoute à bien d'autres pour convertir notre culture européenne en tout américain.

[André (G., R.)]

Comment ne pas vous approuver ? Claude HAGÈGE (Contre la pensée unique) l’explique très bien, l’anglomanie se nourrit d’elle-même.
J’ai lu un jour que contre l’acceptation par eux du système métrique les Américains souhaitaient imposer leur langue au monde, ce n’est même plus vrai : en matière de mesures et de nombres les habitudes américaines nous sont également imposées (dimensions de pneumatiques, d’écrans de télévision en pouces, remplacement de la virgule par le point en arithmétique…) En ce qui concerne les salaires, leur indication en montants annuels n’est même plus nouvelle, j’ai vu cela pour la première fois il y a plusieurs années. Et je crains l'arrivée de 25,000 en remplacement de 25 000, me demandant d'ailleurs ce que deviendront alors nos nombres avec décimales (3,1416 ).
Et l’expression être en emploi ne serait-elle pas calquée sur l’américain ?

[Claude]

[...]Alors que le revenu d'un salarié s'exprime en France, depuis des lustres, en chiffres mensuels, la mode est désormais de l'énoncer en revenu annuel. C'est un petit rien qui s'ajoute à bien d'autres pour convertir notre culture européenne en tout américain.

De plus et pour ma part le revenu annuel n'est pas significatif ; je suis obligé d'effectuer mentalement (grosso modo) la division par douze pour me faire une meilleure idée.

[Jacques]

Je suis obligé d'effectuer mentalement (grosso modo) la division par douze pour me faire une meilleure idée.

C'est la même chose pour moi, et je suppose que nous ne sommes pas les seuls.

[Stéph]

Je pense que le logiciel Excel y est pour beaucoup. Merci Monsieur Microsoft.
En effet, quand vous remplissez une cellule avec un chiffre comportant une partie décimale, même avec une virgule, Excel le transforme en point

Ceci est l'option par défaut, alors que Excel est installé en français, et c'est possible de la changer en allant dans les options d'édition, mais faut bien chercher...

[Jacques-André-Albert]

Il faut aussi ajouter que, sur la plupart des claviers, le point fait partie du pavé numérique, ce qui incite à son utilisation plutôt qu'à celle de la virgule, plus éloignée.

[Jacques]

Monsieur Microsoft s'appelle en réalité monsieur Bill Gates.
J'ai un principe : je parle du système d'exploitation Fenêtres de la firme Petitdoux, dont le fondateur s'appelle Guillaume Barrières.
:D
Je ne crois pas qu'Excel soit le principal responsable, c'est un état d'esprit très général. Il y a quelque chose de ce genre dans Libre Office ex Open Office, une histoire de séparateur à la mode anglophone par défaut, je ne sais plus bien, je n'utilise pas ce logiciel, ni d'ailleurs la suite Microsoft. Tout ce qui est américain d'origine fonctionne de cette façon.

[jarnicoton]

Cependant les gages des domestiques dans les romans du XIXè siècle sont souvent exprimés en montant annuel. "Je donne quinze louis l'an à ma vieille cuisinière, et voilà cent écus que je ne regrette pas".

[Jacques-André-Albert]

L'emploi du salaire annuel est quand même justifié par l'adjonction de primes, dites treizième, quatorzième ou quinzième mois, qui augmentent considérablement le revenu sans modifier le salaire mensuel.

[Jacques]

J'étais dans ce cas ; nous avions, outre le fixe, deux quarts de mois trimestriels, plus deux demi-mois aux autres trimestres, tous garantis, et des gratifications (variables selon les bénéfices). D'ailleurs le patron, quand la perspective était florissante, doublait les demi ou quarts de mois, ou donnait même en cours de semestre une somme indépendante des conventions. Le salaire fixe aboutissait à quatorze mois, mais on l'exprimait toujours en tant par mois (salaire mensuel de base).
Et quand on comptait sur une année, on disait « J'ai gagné X par mois l'année dernière » (total des 14 de fixe + variable, le tout divisé divisé par 12). Tout était toujours ramené à un calcul mensuel. On ne parlait pas de salaires annuels. C'est donc bien une méthode importée.

[Stéph]

En Amérique du Nord, les salaires sont versés toutes les 2 semaines, il est donc plus facile de négocier son salaire à l'année.
Il n'y a pas de 13ème mois, encore moins de 14ème