jarnicoton a écrit :PS : je vois souvent parler de chacaleries sans avoir compris de qu'on entend par là.
Voici l'origine :
Un directeur de zoo a décidé de faire l'acquisition de nouveaux animaux. Il écrit à son fournisseur habituel pour passer sa commande : « Cher monsieur, seriez-vous assez aimable pour me livrer dès que possible deux chaca... » ; il est très ennuyé car il ne connaît pas le pluriel de chacal ; chacals ? chacaux ? Il réfléchit un moment, finit par jeter sa lettre à la corbeille, prend une feuille blanche et écrit : « Cher monsieur, seriez-vous assez aimable pour me livrer dès que possible un chacal, et pendant que vous y êtes vous m'en mettrez un deuxième ».
Il convient de préciser que Claude, qui est l'inventeur de ce mot, en détient la propriété intellectuelle et a bien voulu l'intégrer dans le vocabulaire spécifique du forum, de même que cotélépapoteur, également sorti de son imagination féconde pour l'agrément de nos échanges.
Les lexicographes parlent de « procédé de substitution », certes beaucoup plus rébarbatif que cette sympathique chacalerie.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Vous imaginez le directeur du zoo recevant les deux shakos qu'il aurait commandés ! Je vous remercie de m'avoir appris l'origine précise de chacalerie.
Cette discussion sur les féminisations est loin d'être la première. Lors de précédentes, il avait été dit qu'épicène ne convenait peut-être pas pour qualifier des personnes, son emploi d'origine étant apparemment réservé aux animaux (éléphant, souris, renard sont cités en exemples par le Robert). Mais j'ai bien l'impression que la plupart des noms d'animaux sont épicènes ou ont des emplois épicènes, je ne vois guère que poule, parmi les animaux communs, pour démentir cela. Et puis : le Petit Larousse constate que l'adjectif épicène « se dit d'un nom, d'un pronom, d'un adjectif qui ne varie pas selon le genre (ex. enfant, toi, jaune). »
Lors des discussions précédentes, nous avions réservé un sort particulier à docteur, qui ne désigne pas un métier. J'avais toutefois avancé que bachelier devenant bachelière, agrégéagrégée... au féminin, il ne serait pas inconcevable, dans la perspective de la féminisation de mots comme professeur, proviseur..., de créer docteure, tout en ayant conscience qu'il s'agit uniquement du grade universitaire.
Je ne me rappelais pas cette réserve à propos de l'adjectif épicène. J'ai l'impression qu'il a été étendu aux humains selon cette définition de l'Académie (9e éd.) : 1. Qui désigne indifféremment le mâle ou la femelle d'une espèce. Les mots « souris », « crabe », « hirondelle » sont des noms épicènes. 2. Qui peut être utilisé à l'un ou l'autre genre sans variation de forme. « Élève » est un nom épicène, « je », un pronom épicène, « agréable », un adjectif épicène. « Claude » est un prénom épicène.
On trouvait déjà ceci à sa première apparition dans la 4e éd. (1762) : ÉPICÈNE. adj. Nom que l'on donne aux mots communs aux deux sexes. Les mots, Enfans, Parens, sont Épicènes.
Vous préconisez docteure, cela me donne l'impression que vous avez une affection particulière pour les terminaisons en -eure, allant même jusqu'à donner la faveur à auteure et amateure, substitués à autrice et amatrice pourtant bien formés selon la règle (ce n'est pas une critique, juste la constatation d'un choix, sans parti pris). Là encore je m'étonne, puisque nous avons déjà doctoresse, qui s'utilisait dans mon enfance.
À propos de poule, le mâle ne s'est pas toujours appelé coq, jadis c'était le poul, presque épicène. D'où l'expression fier comme un poul qui, mal comprise, a donné par méprise fier comme un pou. Mais pourquoi se limiter à ce seul oiseau ? : porc / truie, cheval / jument, vache / taureau, cerf / biche, cane / canard... ou alors j'ai mal interprété votre phrase.
Dernière modification par Jacques le sam. 18 oct. 2014, 9:21, modifié 1 fois.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Jacques a écrit : allant même jusqu'à donner la faveur à auteure et amateure, substitués à autrice et amatrice pourtant bien formés selon la règle (ce n'est pas une critique, juste la constatation d'un choix, sans parti pris). Là encore je m'étonne, puisque nous avons déjà doctoresse, qui s'utilisait dans mon enfance.
Doctoresse, vieilli aujourd'hui, ne concernait que la profession, il était synonyme de femme médecin. C'est la raison pour laquelle je préconise docteure quand il s'agit du titre universitaire. Mais vous vous trompez, Jacques, si vous pensez que j'ai une prédilection particulière pour la terminaison -eure. Je ne la propose que pour les noms en -eur qui n'ont pas de féminin. J'ai expliqué précédemment combien je trouvais aberrants les instituteure et autres chercheure québécois et, connaissant et utilisant amatrice, n'ai jamais cité amateur parmi les noms à féminiser en -eure. Quant à auteur, je vous avais expliqué que c'était vous qui m'aviez fait découvrir son féminin autrice, que je n'imaginais aucunement auparavant.
Si l'on féminise auteur, proviseur, procureur par l'ajout d'un E, pourquoi à l'inverse ne masculiniserions-nous pas secrétaire (qui était me semble-t-il propre aux femmes à l'origine) par la suppression du E
Si l'on parle d'un auteur et qu'est appliquée la règle traditionnellle, on ignore le sexe de la personne concernée. Quand on dit le secrétaire on sait qu'il s'agit d'un homme. Aucune raison, donc, de modifier l'orthographe du mot.
Sans compter que nombre de mots masculins en -aire existent : volontaire, récipiendaire, commissaire, etc.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
Claude a écrit :Si l'on féminise auteur, proviseur, procureur par l'ajout d'un E, pourquoi à l'inverse ne masculiniserions-nous pas secrétaire (qui était me semble-t-il propre aux femmes à l'origine) par la suppression du E
Pardon Claude, c'est l'inverse : à l'origine secrétaire, comme libraire d'ailleurs, était un mot exclusivement masculin et fut féminisé parce que les femmes furent largement introduites dans la profession. Mais vous avez raison, pourquoi par exemple ne pas dire « un sentinel, un vigi » ?
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
André (G., R.) a écrit :Mais j'ai bien l'impression que la plupart des noms d'animaux sont épicènes ou ont des emplois épicènes, je ne vois guère que poule, parmi les animaux communs, pour démentir cela.
C'est sûrement vrai en règle générale. Mais je crois qu'on distingue poulain / poulaine. En plus, si les noms d'animaux sont pour la vaste majorité masculins et épicènes, souris et girafe sont des exceptions notables, pour des raisons d'étymologie surtout.