Nous suivons à la télévision, avec intérêt (et gourmandise) une émission qui met en compétition des pâtissiers amateurs (déjà très éclairés). Je ne m’attarderai pas trop sur l’épreuve qui les invite à innover en reprenant le thème d’un classique pour lui apporter de la nouveauté, une touche d’originalité, avec le titre « tarte aux pommes revisitée, saint-honoré revisité, éclair revisité », etc. qui nous vaut d’entendre des dizaines de fois ce mot et ceux de sa famille, « une revisite, une revisitation », impropriétés dont tous se gargarisent à l'envi.
Le pâtissiers ont à leur disposition, entre autres, des objets appelés « emporte-pièce » qui servent à découper des formes dans une pâte étalée.
Voilà qu’hier, au cours d’une autre épreuve, les juges émettent à plusieurs reprises ce commentaire : « La pâte n’a pas été assez emporte-piécée. »
J’ignore si c’est un terme du vocabulaire de métier, ou s’il sort spontanément de leur imagination, toujours est-il qu’il me donne des douleurs étymologiques et grammaticales.
À l'emporte-pièce
- Jacques
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À l'emporte-pièce
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques-André-Albert
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Ce verbe barbare ne semble pas avoir été inventé par les juges de cette émission, puisqu'on le trouve sur Google. Mais ça ne lui donne en rien une quelconque légitimité.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
(Montaigne - Essais, I, 24)
- Jacques-André-Albert
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Hélas ! Le français est dans les mains, si j'ose dire, des technocrates et des publicitaires qui ont pour seules préoccupations l'efficacité et la rentabilité. Le beau langage est à mille lieues de leur monde, comme il l'est à celui de la majorité de nos contemporains.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
(Montaigne - Essais, I, 24)