Je tape ou j'écris ?
- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Je tape ou j'écris ?
Lors de notre premier cours, le professeur de dactylographie nous avait fait une mise au point : elle ne voulait pas que nous disions « je tape à la machine », qui selon elle était fautif, mais j’écris à la machine.
Dans ma tête d’adolescent, le professeur était celui qui détient le savoir et ne peut pas se tromper. Je m’y suis donc plié avec effort.
Par la suite, je crois bien que j’ai lâché du lest, et quand je ne dis pas que je rédige ou écris un texte, une lettre, etc. avec le traitement de texte, il doit bien m’arriver de me laisser aller à utiliser le verbe défendu.
Je n’ai jamais trouvé de référence qui confirme les dires du prof. J’aimerais savoir si d’autres personnes ici ont eu vent de quelque chose de ce genre.
Pendant que j’y suis, il y a… un certain temps (35 ans ?) j’avais acheté un petit livre d’initiation de base aux services qu’on peut attendre d’un ordinateur. L’auteur affirmait qu’il y a trois sortes de documents : manuscrit (rédigé à la main), tapuscrit (dactylographié) et ordinascrit (conçu par traitement de texte). Le troisième me paraît loufoque, mais j’ai rencontré au moins deux fois tapuscrit dans des textes qu'on peut considérer comme sérieux. Je livre tout cela à vos méditations et espère avoir des réponses ou réflexions.
**************************
En rédigeant mon sujet, je pense à vous André. Vous auriez écrit la professeure, réglant de ce fait le chassé-croisé entre masculin et féminin.
Je réfléchis depuis longtemps à votre choix. Le rejet aveugle « par conviction » est évidemment l’attitude la plus sotte. Votre système a ceci d’avantageux, c’est qu’il est inattaquable et applique une féminisation naturelle grammaticalement non contestable. Je suis toujours réticent à cette mutation, et puis il y a aussi la crainte de passer pour celui qui a commis une faute (c’est pareil quand j’écris évènement ou ambigüité) mais je pense que dans un avenir à moyen terme, il pourrait bien arriver à s’imposer.
L’Académie ne rejette pas, et se dit prête à entériner l’usage qui se sera établi.
Dans ma tête d’adolescent, le professeur était celui qui détient le savoir et ne peut pas se tromper. Je m’y suis donc plié avec effort.
Par la suite, je crois bien que j’ai lâché du lest, et quand je ne dis pas que je rédige ou écris un texte, une lettre, etc. avec le traitement de texte, il doit bien m’arriver de me laisser aller à utiliser le verbe défendu.
Je n’ai jamais trouvé de référence qui confirme les dires du prof. J’aimerais savoir si d’autres personnes ici ont eu vent de quelque chose de ce genre.
Pendant que j’y suis, il y a… un certain temps (35 ans ?) j’avais acheté un petit livre d’initiation de base aux services qu’on peut attendre d’un ordinateur. L’auteur affirmait qu’il y a trois sortes de documents : manuscrit (rédigé à la main), tapuscrit (dactylographié) et ordinascrit (conçu par traitement de texte). Le troisième me paraît loufoque, mais j’ai rencontré au moins deux fois tapuscrit dans des textes qu'on peut considérer comme sérieux. Je livre tout cela à vos méditations et espère avoir des réponses ou réflexions.
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En rédigeant mon sujet, je pense à vous André. Vous auriez écrit la professeure, réglant de ce fait le chassé-croisé entre masculin et féminin.
Je réfléchis depuis longtemps à votre choix. Le rejet aveugle « par conviction » est évidemment l’attitude la plus sotte. Votre système a ceci d’avantageux, c’est qu’il est inattaquable et applique une féminisation naturelle grammaticalement non contestable. Je suis toujours réticent à cette mutation, et puis il y a aussi la crainte de passer pour celui qui a commis une faute (c’est pareil quand j’écris évènement ou ambigüité) mais je pense que dans un avenir à moyen terme, il pourrait bien arriver à s’imposer.
L’Académie ne rejette pas, et se dit prête à entériner l’usage qui se sera établi.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Tapuscrit figure en bonne place dans mon petit Robert, comme "mot mal formé". Le terme est couramment employé dans l'édition, pour le distinguer de manuscrit. En l'employant, les éditeurs réclament qu'un auteur fournisse son texte sous forme dactylographiée, et non manuscrite.
C'est pour cela que je suis en train de taper / frapper / écrire / saisir le texte manuscrit d'une auteure (1). Ce n'est pas l'activité humaine la plus passionnante, mais ainsi la correction orthographique se fait "à la volée".
(1) J'aime assez le terme (et en tout cas je le préfère à autrice ou femme auteur), comme André et sa professeure, donc je l'utilise volontiers.
C'est pour cela que je suis en train de taper / frapper / écrire / saisir le texte manuscrit d'une auteure (1). Ce n'est pas l'activité humaine la plus passionnante, mais ainsi la correction orthographique se fait "à la volée".
(1) J'aime assez le terme (et en tout cas je le préfère à autrice ou femme auteur), comme André et sa professeure, donc je l'utilise volontiers.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Votre réponse m'intéresse, et en même temps j'ai une piste. Je n'avais pas pensé à consulter le Robert, qui donne comme définition à tapuscrit : texte tapé à la machine, sans mention de "mot mal formé" dans l'édition que j'ai, et qui va contre l'opinion du prof puisqu'il parle de tapé et non écrit à la machine.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Ernest de la Coquecigrue
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- Inscription : mer. 30 oct. 2013, 11:57
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- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
« Taper à la machine », « taper à l'ordinateur », « taper un texte » : j'emploie ces expressions, sans me poser beaucoup de questions. Je vois que « taper » est formé sur une onomatopée et j'entends en ce moment même le bruit correspondant des touches de mon clavier d'ordinateur.
Ah, la professeure et l'auteure ! Maintes fois j'ai insisté sur l'esprit de tolérance avec lequel je souhaite promouvoir ces mots, ma compréhension pour les défenseurs (!) du statut des noms épicènes étant totale. D'ailleurs j'ai une légère mauvaise conscience en ce qui concerne auteure depuis que vous nous avez rappelé, Jacques, que ce mot devrait, si on le féminise, suivre la règle appliquée dans auditrice, institutrice...
Lors de l'une des premières discussions sur le sujet dont je me souvienne, il avait par ailleurs été dit qu'« épicène » était réservé aux animaux. Certaines vérifications que j'ai faites ensuite semblent prouver qu'il n'en serait rien.
C'est vrai, l'utilisation de professeure facilite parfois la tâche.
Ah, la professeure et l'auteure ! Maintes fois j'ai insisté sur l'esprit de tolérance avec lequel je souhaite promouvoir ces mots, ma compréhension pour les défenseurs (!) du statut des noms épicènes étant totale. D'ailleurs j'ai une légère mauvaise conscience en ce qui concerne auteure depuis que vous nous avez rappelé, Jacques, que ce mot devrait, si on le féminise, suivre la règle appliquée dans auditrice, institutrice...
Lors de l'une des premières discussions sur le sujet dont je me souvienne, il avait par ailleurs été dit qu'« épicène » était réservé aux animaux. Certaines vérifications que j'ai faites ensuite semblent prouver qu'il n'en serait rien.
C'est vrai, l'utilisation de professeure facilite parfois la tâche.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Je ne changerai fort probablement jamais, mais vous m'avez donné à réfléchir. Vous parlez de tolérance, je la situerais plutôt de l'autre côté, celui des gens qui, comme moi, restent attachés aux habitudes acquises. Il faut accepter avec bienveillance, dès lors qu'elles sont justes et fondées sur un raisonnement qui se défend, des pratiques ou des idées différentes.
En ce qui concerne épicène, il n'a jamais été réservé aux animaux, à preuve la définition de Littré :
ÉPICÈNE (é-pi-sê-n'), adj. Terme de grammaire. Qui désigne indifféremment l'un ou l'autre sexe : par exemple enfant, qui sert à désigner un garçon et une fille, est un nom épicène. Renard, perdrix, qui se disent du mâle et de la femelle, sont aussi des noms épicènes.
Quant à l'Académie, elle avait déjà cet avis en 1762 dans la 4e édition du dictionnaire : ÉPICÈNE. adj. Nom que l'on donne aux mots communs aux deux sexes. Les mots, Enfans, Parens, sont Épicènes.
Enfin, pour en revenir à mon sujet, je constate que « taper à la machine, à l'ordinateur » est une formule courante et fort répandue. Pourquoi serait-ce fautif ?
En ce qui concerne épicène, il n'a jamais été réservé aux animaux, à preuve la définition de Littré :
ÉPICÈNE (é-pi-sê-n'), adj. Terme de grammaire. Qui désigne indifféremment l'un ou l'autre sexe : par exemple enfant, qui sert à désigner un garçon et une fille, est un nom épicène. Renard, perdrix, qui se disent du mâle et de la femelle, sont aussi des noms épicènes.
Quant à l'Académie, elle avait déjà cet avis en 1762 dans la 4e édition du dictionnaire : ÉPICÈNE. adj. Nom que l'on donne aux mots communs aux deux sexes. Les mots, Enfans, Parens, sont Épicènes.
Enfin, pour en revenir à mon sujet, je constate que « taper à la machine, à l'ordinateur » est une formule courante et fort répandue. Pourquoi serait-ce fautif ?
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- Jacques-André-Albert
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Ici on voit l'intérêt d'un usage rigoureux des prépositions, dont l'emploi a tendance, de nos jours, à devenir incertain ou perverti : taper sur l'ordinateur devrait être exceptionnel et vraisemblablement lié à un mouvement d'humeur.Jacques a écrit :Enfin, pour en revenir à mon sujet, je constate que « taper à la machine, à l'ordinateur » est une formule courante et fort répandue. Pourquoi serait-ce fautif ?
![[rigole] :lol:](./images/smilies/icon_lol.gif)
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
(Montaigne - Essais, I, 24)
- Jacques-André-Albert
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- Jacques
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- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
C'est le dernier recours lorsque cet engin s'obstine à ne pas vouloir faire ce que vous attendez de lui. :DJacques-André-Albert a écrit : taper sur l'ordinateur devrait être exceptionnel et vraisemblablement lié à un mouvement d'humeur.
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