Féminisations, encore !

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André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Dans mon journal :

Riche... et mal élevée
On vous a raconté ici, la semaine dernière, ce coup de colère de la fille du patron de Korean Air. Parce qu'on lui avait servi des noix de macadamia dans un sachet, la cadre de 40 ans avait fait retarder un vol de cette compagnie alors que l'avion était déjà sur la piste. Dimanche, elle a présenté ses excuses aux employés qu'elle avait humiliés. Et son PDG de père a ajouté qu'il ne l'avait pas élevée correctement. Ben oui, allez, mange tes noix, range ta chambre et vas te coucher !

Mon choix de ce fil vient de la cadre. Le mot se terminant par un E, on pense à la ministre. Mais la ressemblance ne va guère plus loin, parce que cadre a d'autres sens que celui de « salarié exerçant une fonction de direction, de conception ou de contrôle dans une entreprise » (Larousse) et qu'une féminisation dans ces autres sens serait absurde.
Je pensais ne trouver cadre qu'au masculin dans mes dictionnaires. Le Robert en six volumes et le DHLF ne lui connaissent effectivement que ce genre. Mais le Larousse comporte deux entrées CADRE. Pour la première (bordure, limite, entourage, ossature...) on lit n. m. La deuxième est suivie d'abord de n. (salarié...), puis on y trouve un peu plus loin : n. m. MIL. 1 Cadre de réserve...

Quelques autres remarques concernant l'article que je cite :
1 - Wikipédia m'apprend ce qui suit : Macadamia est un genre botanique de la famille des Proteaceae. Le genre comprend neuf espèces dont le noyer du Queensland qui donne les noix de macadamia.
Le genre est nommé d'après John Macadam, qui était un collègue du botaniste Ferdinand von Mueller, qui a décrit pour la première fois le genre.
2 - Je me questionne un peu sur l'expression son PDG de père. Pour moi, père n'y est pas complément du nom PDG, probablement lui est-il apposé.
3 - L'impératif vas est malheureusement classique.
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Ernest de la Coquecigrue
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Message par Ernest de la Coquecigrue »

André (G., R.) a écrit :2 - Je me questionne un peu sur l'expression son PDG de père. Pour moi, père n'y est pas complément du nom PDG, probablement lui est-il apposé.
Ce genre de construction (apposition placée avant le nom support et jointe par la préposition de) se retrouve parfois dans des désignations affectives, souvent péjoratives (Ce cochon de Morin ; Mon idiot de voisin), mais pas toujours (Son grand médecin de père) (Grevisse, §342). C'est en phase avec le style assez coloré de l'article.
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Jacques
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Message par Jacques »

André (G., R.) a écrit :3 - L'impératif vas est malheureusement classique.
Ce qui est également classique, c'est cette mauvaise habittude d'écrire PDG comme s'il s'agissait d'un sigle. Car
président-directeur général doit s'abréger en P.-D.G. avec trois points et un trait d'union.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Claude
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Message par Claude »

À propos de va, j'entends souvent prononcer la malheureuse liaison quel va-t-être... ?, sûrement par analogie avec que va-t-il... ?.
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André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Ernest de la Coquecigrue a écrit :
André (G., R.) a écrit :2 - Je me questionne un peu sur l'expression son PDG de père. Pour moi, père n'y est pas complément du nom PDG, probablement lui est-il apposé.
Ce genre de construction (apposition placée avant le nom support et jointe par la préposition de)
Tout à fait exact : il vaut mieux dire que PDG est apposé à père, nom support.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Jacques a écrit :Ce qui est également classique, c'est cette mauvaise habittude d'écrire PDG comme s'il s'agissait d'un sigle. Car président-directeur général doit s'abréger en P.-D.G. avec trois points et un trait d'union.
Larousse :
P-DG ou P.-D.G. n. sigle. Président-directeur général.

Robert (supplément du dictionnaire en six volumes) :
P.D.G. n. m. Abrév. fam. (répandue vers 1960), et quelque peu péjorative de Président directeur général.

Difficile de s'y retrouver. Il est étonnant qu'il n'y ait même pas d'accord entre les deux dictionnaires sur le trait d'union. Il semblerait par ailleurs qu'un sigle puisse comporter des points ou n'en pas comporter. Et le Robert, sans employer le mot à l'entrée P.D.G., voit un sigle dans cette abréviation, si je me réfère à sa définition du mot sigle.
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Jacques
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Message par Jacques »

Une fois de plus il n'y a pas accord complet entre les dictionnaires d'usage.
Je considère que le trait d'union est logique, puisque nous avons un nom composé dans le mot complet : président-directeur.
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

J'ai cru, André, qu'en intervenant dans cette section à propos de P.-D.-G. vous vouliez parler de l'amusante féminisation en « pédégère ».
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Le trait d'union s'impose évidemment dans l'abréviation s'il est présent dans le titre intégral. Mais vous pouvez constater, Jacques, que Robert écrit Président directeur général.
Pédégère est plaisant, JAA, je le rencontre de temps en temps, mais je ne vois pas pourquoi l'on ne dirait et n'écrirait pas une P.-D.G.
J'ai choisi cette rubrique hier, je l'ai dit, à cause de la cadre qui figurait dans l'article de journal.
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Jacques
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Message par Jacques »

Je pense qu'en fait, les dictionnaires ne peuvent plus être considérés comme des guides. Ils ne conseillent plus, et avouent que leur rôle est d'observer et de rapporter l'usage. Or, l'usage dépend essentiellement des médias, dont nous constatons les fantaisies.
Le dictionnaire n'est plus une référence de bonne orthographe.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Je ne suis pas assez compétent et n'ai pas assez d'éléments pour en juger sérieusement. Mais on ne peut que constater comme vous que la prise en compte peu ou non critique de l'usage est devenue de plus en plus importante au fil des éditions.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Après la cadre d'il y a deux semaines, je trouve ce matin dans mon journal : Enquêtes codées, le retour des agents secrètes
Je comprends que l'on ait besoin de parler d'agents secrets femmes, mais agent ne pouvant être que masculin, un adjectif s'y rapportant accordé au féminin me paraît totalement incongru. Le partisan (modéré) de certaines féminisations que je suis en est gêné, comme beaucoup, probablement. Mais que faire ? Dans la logique de professeure il y aurait bien agente...
Quelle surprise ! Je m'apprêtais à affirmer qu'agente ne serait jamais accepté comme professeure commence à l'être. Or mon Larousse de 2008, que je viens de consulter, l'admet. Ce qui rend encore plus incongru agents secrètes !
Évidemment on peut parler d'espionnes ! Progressé-je en matière de chacaleries ?
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Jacques
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Message par Jacques »

Il n'y a rien à ajouter, vous avez bien développé le sujet, mais espionne est ressenti comme péjoratif, ce qui en rend l'emploi difficile.
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André (G., R.)
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Le premier violon est enceinte

Message par André (G., R.) »

C'est ce que j'ai constaté cet après-midi lors d'un concert. Je propose cette phrase pour son côté amusant, mais elle ne me paraît pas correcte. Enceinte est un adjectif attribut, mais n'existe évidemment qu'au féminin, premier violon ne peut être que masculin : or la règle veut que l'adjectif qualificatif soit au même genre que le nom qu'il qualifie. On peut dire bien sûr Le premier violon est une femme enceinte ou La femme premier violon est enceinte. Mais il me semble voir là une limite aux féminisations.
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Jacques
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Le premier violon est enceinte

Message par Jacques »

Il y a opposition entre le genre de la fonction et celui, sous-entendu, de la personne ; pour ce qui concerne l'accord de l'adjectif c'est la quadrature du cercle. Mais premier violon est une métonymie qui reporte le nom de l'instrument sur celui ou celle qui en joue. Cela autorise-t-il l'accord au féminin ? On recommande de faire de préférence l'accord sur la personne en cas d'opposition, à condition que son sexe soit clairement énoncé ou qu'il soit connu : Madame le proviseur est absente.
Je me sentirais enclin à l'indulgence pour Le premier violon est enceinte, cela ne me choque pas vraiment, mais il est préférable d'écarter toute ambigüité ou toute incongruité en procédant autrement, comme vous le suggérez. On pourrait tout aussi bien dire Madame le premier violon est enceinte, et l'affaire ne laisse plus de doute.
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