Plus-value (au figuré)
- Klausinski
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Plus-value (au figuré)
Je rencontre le terme « plus-value » en dehors du domaine économique, au figuré, dans un sens assez difficile à résumer en quelques mots, dans des phrases telles que : l'emploi des nouvelles techniques apporte une plus-value à l'enseignement du français ; nous dégagerons la plus-value du travail avec Internet dans l'enseignement, etc. Le sens de ce terme se comprend par comparaison avec son sens économique. L'utilisation d'Internet lors du cours de français apporte quelque chose de plus, constitue un gain (métaphorique) ; il y a un apport, un bénéfice, un avantage, une amélioration, un progrès ; voilà les synonymes qui me viennent à l'esprit, mais j'ai toujours l'impression qu'une idée se perd en chemin. Que pensez-vous de l'emploi du mot plus-value dans ce contexte et quels termes proposeriez-vous pour le remplacer ?
À la réflexion, cet emploi me rappelle un sujet sur le mot « plus » employé substantivement, dans « un petit plus », « un plus ». Le sens de cette dernière expression est sensiblement celui que j'attribuerais à « plus-value ».
À la réflexion, cet emploi me rappelle un sujet sur le mot « plus » employé substantivement, dans « un petit plus », « un plus ». Le sens de cette dernière expression est sensiblement celui que j'attribuerais à « plus-value ».
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
(Kafka, cité par Mauriac)
- Jacques
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Influencé par mon ancien métier, je vois le mot plus-value dans le sens « augmentation de la valeur d'un capital, d'un bien, d'un patrimoine » sans qu'il y ait une amélioration directe apportée à son état. Si on consulte le Robert, c'est ce qu'on y lit et rien d'autre. Je considère qu'il y a usurpation d'un terme qu'on sort de son domaine spécifique.
On pourrait dire L'emploi des nouvelles techniques apporte une amélioration à l'enseignement du français, ce n'est pas la peine d'aller chercher des termes détournés de leur sens réel par pédantisme et effet de manche. La plus-value du travail, cela n'a aucun sens. Il s'agit probablement de meilleure qualité du travail, ou d'une didactique accrue.
On pourrait dire L'emploi des nouvelles techniques apporte une amélioration à l'enseignement du français, ce n'est pas la peine d'aller chercher des termes détournés de leur sens réel par pédantisme et effet de manche. La plus-value du travail, cela n'a aucun sens. Il s'agit probablement de meilleure qualité du travail, ou d'une didactique accrue.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Klausinski
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Comme à vous, l'emploi de ce mot en dehors du domaine économique ne me paraît pas souhaitable. Je me demandais cependant s'il n'existait pas une tournure idiomatique ou un mot exprimant l'idée d'un ajout qui constituerait un progrès, un avantage, une amélioration. Les termes que je viens de citer ne contiennent pas l'idée d'un ajout spécifique qui fait toute la différence. Je ne sais si je me fais bien comprendre et, me direz-vous, je pinaille peut-être.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
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- Jacques
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Oui vous êtes clair. Quant à pinailler non, je suis comme vous, j'aime la précision, à tel point que les gens qu'agace ce besoin me traitent de "tatillon" (les autres, qui le voient plutôt bien, me disent perfectionniste).Klausinski a écrit : Je ne sais si je me fais bien comprendre et, me direz-vous, je pinaille peut-être.
Hélas ! je ne vois pas de formule idiomatique spécifique, des mots banals seulement comme progrès, amélioration... Il faut être dans la peau de celui qui écrit pour trouver la formule choc. Je pense que vous travaillez sur un texte à remettre en forme, car je vois « nouvelles techniques » et je parierais que c'est vous qui le substituez à l'horrible nouvelles technologies, l'une des pires abominations du charabia moderne. Je ne sais pas si j'ai raison, de mon côté, de le changer en « techniques modernes », qui, je pense, revient au même.
Il suffirait peut-être d'écrire apporte une amélioration appréciable à la qualité de l'enseignement du français.
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Dans l'industrie (que je viens de quitter avec bonheur), l'utilisation de "plus-value" dans le sens de "valeur ajoutée" est fréquent. Il est utilisé principalement pour apprécier (souvent, d'ailleurs, de manière péjorative) la contribution d'une personne, d'une entité etc. à un projet.
Il a remis un rapport sans aucune plus-value ne laisse entrevoir qu'une piètre qualité de ce travail.
Il a remis un rapport sans aucune plus-value ne laisse entrevoir qu'une piètre qualité de ce travail.
- Jacques
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Emploi fréquent mais néanmoins impropre. Plus-value n'a pas de sens figuré et ne s'emploie que pour un gain de valeur financière.
Augmentation de la valeur d'une propriété, d'un bien, d'un objet. Réaliser une forte plus-value. Une plus-value immobilière. Un impôt sur les plus-values. Spécialt. Excédent qui résulte de la différence entre le produit réel d'une taxe, d'un impôt, d'une opération commerciale ou boursière et le produit qu'on en attendait. (Académie française)
Augmentation de la valeur d'une propriété, d'un bien, d'un objet. Réaliser une forte plus-value. Une plus-value immobilière. Un impôt sur les plus-values. Spécialt. Excédent qui résulte de la différence entre le produit réel d'une taxe, d'un impôt, d'une opération commerciale ou boursière et le produit qu'on en attendait. (Académie française)
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Sans vouloir ergoter, je me demande s'il est possible d'affirmer que tel ou tel mot ne peut être employé au sens figuré. La saison s'y prêtant, je pense à l'expression un manteau de neige : sa banalité mise à part, je ne pense pas qu'on puisse lui faire le moindre reproche, or on ne la trouve pas forcément pour autant dans les dictionnaires d'usage. L'emploi de mots au sens figuré ne relève-t-il pas de la fantaisie du locuteur ? Est-il fautif s'il n'est pas courant ?Jacques a écrit : Plus-value n'a pas de sens figuré et ne s'emploie que pour un gain de valeur financière.
- Jacques
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Je réponds en fonction de mon expérience professionnelle dans le monde de la finance. Je peux supposer que toutes les personnes averties qui travaillent dans les affaires financières ne peuvent pas voir d'un bon œil ce détournement de sens qui sent l'usurpation et le pédantisme. Je m'appuie aussi sur les avis de l'Académie française, du Petit Robert, du dictionnaire Hachette, du Maxidico et du Petit Larousse, qui n'envisagent pas un sens figuré, surtout avec une distorsion qui l'éloigne de son sens réel.
Dans plus-value, il y a de façon claire l'idée d'une valeur financière ajoutée, d'une valeur en capital accrue, implicitement sans qu'une amélioration qui la justifierait ait été pratiquée. Si vous achetez un bien 150 000 € et le revendez un an plus
tard 165 000, il y a une plus-value de 15 000.
Si aucun dictionnaire n'envisage de sens figuré, nous pouvons, je crois, affirmer qu'il n'existe pas.
Mais vous avez le droit de ne pas partager mon avis, ce forum est un lieu virtuel de libre expression et chacun doit pouvoir s'y épancher hors de toute censure. J'y tiens ! Et la maxime selon laquelle le chef a toujours raison ne s'applique pas aux modérateurs et administrateurs.
Dans plus-value, il y a de façon claire l'idée d'une valeur financière ajoutée, d'une valeur en capital accrue, implicitement sans qu'une amélioration qui la justifierait ait été pratiquée. Si vous achetez un bien 150 000 € et le revendez un an plus
tard 165 000, il y a une plus-value de 15 000.
Si aucun dictionnaire n'envisage de sens figuré, nous pouvons, je crois, affirmer qu'il n'existe pas.
Mais vous avez le droit de ne pas partager mon avis, ce forum est un lieu virtuel de libre expression et chacun doit pouvoir s'y épancher hors de toute censure. J'y tiens ! Et la maxime selon laquelle le chef a toujours raison ne s'applique pas aux modérateurs et administrateurs.
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- Islwyn
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Vous avez tout à fait raison, et une des qualités marquantes de la littérature est sa manipulation des « figures », où presque tout mot concret peut figurer par exemple dans une métaphore qui en modifie le sens (on parle dans ces circonstances de « l'écart » entre emploi littéral et emploi figuré). Mais nous débordons largement le sujet de ce fil, qui concerne une extension du sens concret de « plus-value ».André (G., R.) a écrit :Sans vouloir ergoter, je me demande s'il est possible d'affirmer que tel ou tel mot ne peut être employé au sens figuré. La saison s'y prêtant, je pense à l'expression un manteau de neige : sa banalité mise à part, je ne pense pas qu'on puisse lui faire le moindre reproche, or on ne la trouve pas forcément pour autant dans les dictionnaires d'usage. L'emploi de mots au sens figuré ne relève-t-il pas de la fantaisie du locuteur ? Est-il fautif s'il n'est pas courant ?Jacques a écrit : Plus-value n'a pas de sens figuré et ne s'emploie que pour un gain de valeur financière.
Quantum mutatus ab illo
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- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
À l'entrée FIGURER, le Robert en six volumes explique :
— (Gramm.). Sens figuré, sens qu'un mot ou une expression reçoit par suite d'une métaphore de source populaire ou littéraire qui finit souvent par perdre toute sa valeur d'image. [...]
— Stylist. Langage, style figuré, riche en figures, c'est-à-dire, dans l'acception actuelle, particulièrement en métaphores et en comparaisons. V. Imagé. [...]
Pour parler franchement, je dois admettre que je ne me suis jamais posé avant aujourd'hui la question de savoir si l'on parle de sens figuré uniquement pour des sens consacrés par l'usage ou si tout un chacun peut employer un mot au sens figuré selon sa fantaisie. Mais je crois que si l'on m'avait interrogé sur ce point, j'aurais penché pour la seconde option.
— (Gramm.). Sens figuré, sens qu'un mot ou une expression reçoit par suite d'une métaphore de source populaire ou littéraire qui finit souvent par perdre toute sa valeur d'image. [...]
— Stylist. Langage, style figuré, riche en figures, c'est-à-dire, dans l'acception actuelle, particulièrement en métaphores et en comparaisons. V. Imagé. [...]
Pour parler franchement, je dois admettre que je ne me suis jamais posé avant aujourd'hui la question de savoir si l'on parle de sens figuré uniquement pour des sens consacrés par l'usage ou si tout un chacun peut employer un mot au sens figuré selon sa fantaisie. Mais je crois que si l'on m'avait interrogé sur ce point, j'aurais penché pour la seconde option.