Trop + terme pluriel : accord du verbe
- Islwyn
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Trop + terme pluriel : accord du verbe
Lu sur le site d'un journal bien connu : « Trop de qualificatifs si outranciers tue la critique. »
J'ai cru à une erreur, que j'ai osé relever auprès des correcteurs. On me répond que « Trop de qualificatifs si outranciers » est le sujet et appelle le singulier. Un autre correspondant m'envoie à
http://www.zcorrecteurs.fr/forum/sujet- ... verbe.html
Si j'ai bien compris, trop n'est plus ici adverbe mais substantif.
J'aimerais avoir l'avis du forum sur ce point de grammaire (si ce n'est de style).
J'ai cru à une erreur, que j'ai osé relever auprès des correcteurs. On me répond que « Trop de qualificatifs si outranciers » est le sujet et appelle le singulier. Un autre correspondant m'envoie à
http://www.zcorrecteurs.fr/forum/sujet- ... verbe.html
Si j'ai bien compris, trop n'est plus ici adverbe mais substantif.
J'aimerais avoir l'avis du forum sur ce point de grammaire (si ce n'est de style).
Quantum mutatus ab illo
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- Messages : 7437
- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Pas si facile !
Le Robert en six volumes indique : N. B. Dans ce cas l'adjectif en rapport avec trop de... s'accorde en général avec le complément. « Trop de bonté est cruelle à la vanité d'autrui » (VERCORS, in GREVISSE). Si l'on applique cette règle, que Robert n'explique pas suffisamment à mon sens (le verbe est est également concerné par l'accord), on doit écrire Trop de qualificatifs si outranciers tuent la critique. Et c'est plutôt ainsi que je procéderais.
Le Robert en six volumes indique : N. B. Dans ce cas l'adjectif en rapport avec trop de... s'accorde en général avec le complément. « Trop de bonté est cruelle à la vanité d'autrui » (VERCORS, in GREVISSE). Si l'on applique cette règle, que Robert n'explique pas suffisamment à mon sens (le verbe est est également concerné par l'accord), on doit écrire Trop de qualificatifs si outranciers tuent la critique. Et c'est plutôt ainsi que je procéderais.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Je vous donne l'avis de Girodet :
Trop de + nom. On accorde généralement avec le complément : Trop de maisons sont vieilles et petites. Cependant, accord avec trop (masc. sing.) si trop de signifie « un excès de » : Trop de sucreries est mauvais pour les dents. Trop de complaisance est désastreux parfois.
Ce que je comprends, c'est que dans le premier cas on veut dire il existe un trop grand nombre de, et dans le second un abus de, un excès de.
C'est ce qui est implicite dans votre exemple. Dans ce cas particulier il y a excès. Si on avait dit Trop de qualificatifs si outranciers tuent la critique, cela aurait signifié « On rencontre trop souvent des qualificatifs outranciers qui tuent la critique ». L'intention était de dire « Un tel déploiement de... ». C'est donc trop de qui est sujet du verbe et traité comme un nom masculin singulier.
Trop de + nom. On accorde généralement avec le complément : Trop de maisons sont vieilles et petites. Cependant, accord avec trop (masc. sing.) si trop de signifie « un excès de » : Trop de sucreries est mauvais pour les dents. Trop de complaisance est désastreux parfois.
Ce que je comprends, c'est que dans le premier cas on veut dire il existe un trop grand nombre de, et dans le second un abus de, un excès de.
C'est ce qui est implicite dans votre exemple. Dans ce cas particulier il y a excès. Si on avait dit Trop de qualificatifs si outranciers tuent la critique, cela aurait signifié « On rencontre trop souvent des qualificatifs outranciers qui tuent la critique ». L'intention était de dire « Un tel déploiement de... ». C'est donc trop de qui est sujet du verbe et traité comme un nom masculin singulier.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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- Messages : 7437
- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Girodet m'étonne : trop n'exprime-t-il pas essentiellement l'excès ? (Le Robert en six volumes propose d'emblée, en tête d'un long article : I. Adv. ll 1° D'une manière excessive, abusive, plus* qu'il ne faudrait.) Il me semble que la phrase Trop de maisons sont vieilles et petites signifie que le nombre de maisons à être vieilles et petites est excessif.
Toutefois je ne suis pas totalement réticent à des phrases comme Trop de sucreries est mauvais pour les dents. Mais je ne peux pas ne pas remarquer qu'il suffit de remplacer trop de par un excès de pour se sortir de la difficulté !
Toutefois je ne suis pas totalement réticent à des phrases comme Trop de sucreries est mauvais pour les dents. Mais je ne peux pas ne pas remarquer qu'il suffit de remplacer trop de par un excès de pour se sortir de la difficulté !
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- Messages : 7437
- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Nous devons peut-être admettre, comme Girodet, une différence de sens entre Trop de sucreries est mauvais pour les dents et Trop de sucreries sont mauvaises pour les dents. La phrase avec le verbe au singulier signifie que l'excès de sucreries, quelles qu'elles soient, nuit aux dents. L'autre veut dire que parmi les sucreries il en est un trop grand nombre à avoir cette caractéristique, mais que certaines ne l'ont pas. On peut toutefois se demander si cela est bien conforme à la réalité. Un autre exemple serait probablement préférable.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
C'est la nuance que j'ai voulu marquer : trop de sucreries est nuisible = un abus par quiconque de sucreries lui nuit. Trop de sucreries sont nuisibles = parmi toutes les sucreries mises à disposition du public, il y en a un trop grand nombre qui sont nuisibles.
Trop donne toujours l'idée d'excès, mais dans le cas 1 on entend « la consommation excessive, l'abus de sucreries » et dans le cas 2 « il y a un nombre trop important de sucreries qui... ».
La nuance est de taille.
Trop donne toujours l'idée d'excès, mais dans le cas 1 on entend « la consommation excessive, l'abus de sucreries » et dans le cas 2 « il y a un nombre trop important de sucreries qui... ».
La nuance est de taille.
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