L'utilisation de la forme négative
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- Inscription : sam. 10 janv. 2015, 15:33
L'utilisation de la forme négative
Bonjour,
Il y a quelques mois, j'ai acheté un livre qui s'appelle Communication progressive du français. Au début de l'ouvrage, il y a un chapitre qui présente quelques aspects particuliers de la communication en français. Ce qui me frappe, c'est que l'auteur souligne l'importance d'utiliser la forme négative en français. Selon le livre, les Français disent souvent par exemple: Il n'est pas grand au lieu de dire Il est petit ou Ce n'est pas mal au lieu de C'est bien.
Mes questions: Pourquoi préfèrez-vous les formes négatives? Savez-vous si l'utilisation de la forme négative est fréquente partout dans les pays francophones ou seulement en France?
Il y a quelques mois, j'ai acheté un livre qui s'appelle Communication progressive du français. Au début de l'ouvrage, il y a un chapitre qui présente quelques aspects particuliers de la communication en français. Ce qui me frappe, c'est que l'auteur souligne l'importance d'utiliser la forme négative en français. Selon le livre, les Français disent souvent par exemple: Il n'est pas grand au lieu de dire Il est petit ou Ce n'est pas mal au lieu de C'est bien.
Mes questions: Pourquoi préfèrez-vous les formes négatives? Savez-vous si l'utilisation de la forme négative est fréquente partout dans les pays francophones ou seulement en France?
- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Les Français ont l'habitude de parler par litote, qui se définit ainsi : dire le moins pour faire entendre le plus. Par exemple, si quelqu'un vous dit : Il ne me déplairait pas d'être riche, cela veut dire en réalité « J'aimerais bien être riche ».
Un spécialiste dit que la litote, au lieu d'affirmer positivement une chose, nie la chose contraire. C'est ce que nous faisons en disant « Il n'est pas gentil » pour Il est méchant.
Je ne crois pas que nous puissions expliquer nos préférences, car elles sont automatiques et donc inconscientes. Peut-être que la forme négative a, dans notre esprit, plus de force ? Ou que nous voulons marquer ce que nous souhaiterions et qui n'existe pas ?
La litote fait donc partie de nos habitudes de langage, mais il est difficile de dire pourquoi.
Je ne sais pas si les autres francophones utilisent fréquemment ce procédé.
Un spécialiste dit que la litote, au lieu d'affirmer positivement une chose, nie la chose contraire. C'est ce que nous faisons en disant « Il n'est pas gentil » pour Il est méchant.
Je ne crois pas que nous puissions expliquer nos préférences, car elles sont automatiques et donc inconscientes. Peut-être que la forme négative a, dans notre esprit, plus de force ? Ou que nous voulons marquer ce que nous souhaiterions et qui n'existe pas ?
La litote fait donc partie de nos habitudes de langage, mais il est difficile de dire pourquoi.
Je ne sais pas si les autres francophones utilisent fréquemment ce procédé.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Je ne le sais guère non plus, je pense par contre pouvoir confirmer qu'il s'agirait, dans une certaine mesure, d'une spécialité française : je crois qu'en tout cas en allemand le procédé est moins fréquent.Jacques a écrit :Je ne sais pas si les autres francophones utilisent fréquemment ce procédé.
Je me demande d'ailleurs si, un peu dans le même ordre d'idée, la langue française n'est pas plus portée que d'autres à utiliser certains mots dans le seul but que leur contraire soit compris :
Ah, c'est du beau ! et Ah, c'est du propre ! s'emploient pour manifester du mécontentement. Un jeune apprenant un évènement qui le contrarie fortement dira facilement Génial ! De même De mieux en mieux ! peut signifier que les choses vont de plus en plus mal et Je te souhaite bien du plaisir ! se dit lorsque l'on sait que l'interlocuteur va rencontrer des difficultés.
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- Messages : 10
- Inscription : sam. 10 janv. 2015, 15:33
C'est très intéressant. Par litote on peut exprimer des nuances. Mais bien sûr, je crois que l'intonation ou la prononciation du mot joue un rôle important quand on manifeste du mécontentement en disant "Génial!".André (G., R.) a écrit :Je me demande d'ailleurs si, un peu dans le même ordre d'idée, la langue française n'est pas plus portée que d'autres à utiliser certains mots dans le seul but que leur contraire soit compris :
Ah, c'est du beau ! et Ah, c'est du propre ! s'emploient pour manifester du mécontentement. Un jeune apprenant un évènement qui le contrarie fortement dira facilement Génial ! De même De mieux en mieux ! peut signifier que les choses vont de plus en plus mal et Je te souhaite bien du plaisir ! se dit lorsque l'on sait que l'interlocuteur va rencontrer des difficultés.
- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Attention ! Le procédé décrit par André n'est pas une litote. C'est une caractéristique du langage des Français, qui disent le contraire de ce qu'ils pensent. La litote, elle, nie le contraire de ce qu'on veut dire.
Je ne sais pas si cette manière de parler a un nom, en tout cas je ne le connais pas. Autre exemple pour compléter ceux d'André : d'un enfant qui est très méchant, on dira : Il est gentil ce petit ! Si on a été en colère ou contrarié on dit : Tu parles comme j'étais content ! Je pense comme André que cette manière de parler est propre aux Français.
Je ne sais pas si cette manière de parler a un nom, en tout cas je ne le connais pas. Autre exemple pour compléter ceux d'André : d'un enfant qui est très méchant, on dira : Il est gentil ce petit ! Si on a été en colère ou contrarié on dit : Tu parles comme j'étais content ! Je pense comme André que cette manière de parler est propre aux Français.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Islwyn
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- Localisation : Royaume-Uni (décédé le 9 mars 2018)
En effet, je crois que le procédé illustré par André est celui de l'antiphrase.
Un exemple très fréquent de la litote (qui trouve toute sa force dans La Princesse de Clèves de Mme de Lafayette) : « vous n'êtes pas sans savoir... » et sa version erronée : « vous n'êtes pas sans ignorer... ».
Un exemple très fréquent de la litote (qui trouve toute sa force dans La Princesse de Clèves de Mme de Lafayette) : « vous n'êtes pas sans savoir... » et sa version erronée : « vous n'êtes pas sans ignorer... ».
Quantum mutatus ab illo
Je le crois aussi.Islwyn a écrit :[...] je crois que le procédé illustré par André, qui consiste à dire le contraire de ce que l'on pense réellement (a), est celui de l'antiphrase [...]
(a) ndlr
- Jacques-André-Albert
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- Localisation : Niort
Ah bravo ! C'est réussi !
C'est le ton et l'air mécontents qui font la différence, car les mêmes expressions peuvent être utilisées dans un sens laudatif.
C'est le ton et l'air mécontents qui font la différence, car les mêmes expressions peuvent être utilisées dans un sens laudatif.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
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- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Merci Islwyn, j'ai vérifié dans mon dictionnaire de rhétorique, c'est bien l'antiphrase : Figure de style qui consiste à employer, le plus souvent par ironie ou euphémisme, un mot, une locution, une phrase dans un sens contraire à sa véritable signification.
Et merci à Bernard pour le lien.
Et merci à Bernard pour le lien.
Dernière modification par Jacques le sam. 17 janv. 2015, 21:51, modifié 1 fois.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Puis-je vous demander si l'antiphrase se pratique un peu en anglais ? En allemand, comme celle de la litote, son utilisation est moins fréquente qu'en français.Islwyn a écrit :En effet, je crois que le procédé illustré par André est celui de l'antiphrase.
Peut-être nous direz-vous, El desconocido, si ces procédés sont courants en finnois et en suédois.
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- Manni-Gédéon
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Re: L'utilisation de la forme négative
Souvent, ça permet d'exprimer une nuance.El desconocido a écrit :Bonjour,
Il y a quelques mois, j'ai acheté un livre qui s'appelle Communication progressive du français. Au début de l'ouvrage, il y a un chapitre qui présente quelques aspects particuliers de la communication en français. Ce qui me frappe, c'est que l'auteur souligne l'importance d'utiliser la forme négative en français. Selon le livre, les Français disent souvent par exemple: Il n'est pas grand au lieu de dire Il est petit ou Ce n'est pas mal au lieu de C'est bien.
Mes questions: Pourquoi préfèrez-vous les formes négatives? Savez-vous si l'utilisation de la forme négative est fréquente partout dans les pays francophones ou seulement en France?
Lorsque j'aide mon fils à préparer un examen de guitare, si je lui dis Ce n'est pas mal, ça veut dire qu'il est sur la bonne voie, mais qu'il a encore des progrès à faire pour que je lui dise C'est bien.
Quand on dit Tu n'es pas gentil, c'est moins fort que Tu es méchant ; ça permet d'éviter que la personne se sente attaquée.
C'est en tout cas comme cela que je le ressens, peut-être parce que je suis suisse...
L'erreur ne devient pas vérité parce qu'elle se propage et se multiplie ; la vérité ne devient pas erreur parce que nul ne la voit.
Gandhi, La Jeune Inde
Gandhi, La Jeune Inde
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