Retirer quelque chose de quelque chose

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André (G., R.)
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Retirer quelque chose de quelque chose

Message par André (G., R.) »

N'étant pas strictement certain (mais quasiment) de la faute qu'il me semble voir dans cette phrase dont l'auteur est l'un de nos immortels, je préfère vous la soumettre ici :
... l'archevêque ouvre la Sainte Ampoule, dont avec une aiguille d'or il n'en retire qu'une goutte d'huile sainte qu'il mélange avec le saint chrême.
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Islwyn
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Message par Islwyn »

«...dont... il ne retire... ».
Quantum mutatus ab illo
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Nous sommes bien d'accord.

L'archevêque retire une goutte d'huile sainte de la Sainte Ampoule,
il en retire une goutte d'huile sainte,
la Sainte Ampoule est l'objet dont il retire une goutte d'huile sainte.

Je trouve très étonnant que notre historien oublie en terminant sa phrase qu'il a fourni le complément (dont) et éprouve le besoin de le donner à nouveau (en).
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Jacques
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Message par Jacques »

Je ne sais pas exactement comment nommer la faute, mais elle est flagrante à première lecture. Dont = de quoi ; en = de cela. Peut-être est-ce le de sous-entendu dans les deux qui crée une redondance ?
On peut comparer cette erreur à celle, devenue classique hélas ! qui consiste à dire c'est d'un ami dont j'ai besoin.
Pour moi, c'est quasiment une faute populaire, du style « comme dirait ma concierge ». Qu'un académicien s'y laisse prendre, c'est difficile à accepter.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Islwyn
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Message par Islwyn »

André (G., R.) a écrit :Je trouve très étonnant que notre historien oublie en terminant sa phrase qu'il a fourni le complément (dont) et éprouve le besoin de le donner à nouveau (en).
C'est une faute que l'on pourrait qualifier de pléonasme grammatical.
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Jacques
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Message par Jacques »

Islwyn a écrit : C'est une faute que l'on pourrait qualifier de pléonasme grammatical.
J'étais donc tout près en parlant de redondance.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

La phrase devient correcte si l'on remplace dont par et :
... l'archevêque ouvre la Sainte Ampoule et, avec une aiguille d'or, il n'en retire qu'une goutte d'huile sainte qu'il mélange avec le saint chrême.
Préférez-vous mélanger avec ou mélanger à ?
On m'a dit il y a bien longtemps, en tout cas, que le verbe parler, dont le complément est parfois introduit aussi par avec, ne s'emploie normalement qu'avec à, tandis que l'on cause avec quelqu'un.
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Jacques
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Message par Jacques »

Pour parler et causer j'ai appris la même chose.
Je me trompe peut-être, mais j'ai idée que mélanger avec se dit de choses que l'on mêle intimement, alors que mélanger à se conjuguerait à la forme pronominale pour désigner le fait que quelqu'un se fond dans un milieu : Elle se mélangeait à la foule qui avançait vers le sanctuaire – J'ai mélangé la peinture avec le colorant.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

En effet, vos deux phrases comportant le verbe mélanger me plaisent bien.
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Jacques a écrit :Je me trompe peut-être, mais j'ai idée que mélanger avec se dit de choses que l'on mêle intimement, alors que mélanger à se conjuguerait à la forme pronominale pour désigner le fait que quelqu'un se fond dans un milieu : Elle se mélangeait à la foule qui avançait vers le sanctuaire – J'ai mélangé la peinture avec le colorant.
Le dictionnaire de l'Académie, sans le dire expressément, associe, dans ses exemples, le verbe à la préposition avec quand il s'agit d'unir plusieurs choses de façon qu'elles se confondent, tandis que l'association d'éléments de nature différente se construirait avec à. Elle semble donc vous donner raison, Jacques.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
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Jacques
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Message par Jacques »

Il est dommage que l'Académie n'évoque pas l'emploi en verbe pronominal.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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