Pourquoi il va neiger demain ?
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Pourquoi il va neiger demain ?
... et pas "Il ira neiger demain", puisque c'est du futur ?
Bonjour,
J'ai essayé de faire l'analogie avec un autre verbe intransitif :
"Je vais marcher dans les bois." signifie que je suis en train d'y aller.
"J'irai marcher dans les bois demain." s'accorde bien au futur.
Alors pourquoi "Il va neiger demain" ? J'avoue que je n'ai pas trouvé l'explication. Merci à vous.
Bonjour,
J'ai essayé de faire l'analogie avec un autre verbe intransitif :
"Je vais marcher dans les bois." signifie que je suis en train d'y aller.
"J'irai marcher dans les bois demain." s'accorde bien au futur.
Alors pourquoi "Il va neiger demain" ? J'avoue que je n'ai pas trouvé l'explication. Merci à vous.
- Jacques-André-Albert
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Bonjour,
Attention ! l'expression « je vais marcher dans les bois » a deux significations possibles :
- le futur proche : « demain, je vais marcher dans les bois », qui équivaut à peu près à « j'irai marcher dans les bois », et qui répond à la question « que fais-tu demain ? »
- l'action présente : « je vais marcher dans les bois », qui équivaut à « je pars marcher dans les bois » et qui répond à la question « où vas-tu ? ».
Attention ! l'expression « je vais marcher dans les bois » a deux significations possibles :
- le futur proche : « demain, je vais marcher dans les bois », qui équivaut à peu près à « j'irai marcher dans les bois », et qui répond à la question « que fais-tu demain ? »
- l'action présente : « je vais marcher dans les bois », qui équivaut à « je pars marcher dans les bois » et qui répond à la question « où vas-tu ? ».
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
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- Jacques
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Cette construction, il va neiger, est de type idiomatique. Les idiotismes sont propres à chaque langue, ils échappent à toute analyse, on ne peut pas leur donner une explication fondée sur la logique grammaticale. Chaque langue exprime le futur proche par un procédé différent. Il est ici un pronom impersonnel, je le signale au passage. Si on disait "il ira" cela signifierait "il se rendra sur place". Ce n'est pas l'idée exprimée, le verbe aller est ici une espèce d'auxiliaire du futur proche, et n'évoque pas le sens habituel qui est « se déplacer, se rendre ». Je dois cependant vous dire que si on ajoute un élément situant l'action dans l'avenir, ici « demain », c'est le futur simple et non le futur proche qu'on préférera dans une langue surveillée, c'est-à-dire au-dessus du niveau de la conversation courante : Il neigera demain. La langue familière a tendance à user abondamment du futur proche, et le substitue souvent au futur simple.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Vous l'avez dit, Jacques et Islwyn, aller exprime au présent l'idée du futur proche quand il est suivi d'un infinitif. C'est une bonne raison de ne pas l'utiliser au futur en la circonstance.
Vous l'avez expliqué aussi, Jacques : le verbe aller au futur, s'il est suivi d'un infinitif, exprime une idée de déplacement, conformément à son acception normale, originale !
Présent : Le lundi mon voisin va chez son fils jouer aux cartes.
Futur : Lundi prochain il ira jouer aux cartes chez son fils.
Vous l'avez expliqué aussi, Jacques : le verbe aller au futur, s'il est suivi d'un infinitif, exprime une idée de déplacement, conformément à son acception normale, originale !
Présent : Le lundi mon voisin va chez son fils jouer aux cartes.
Futur : Lundi prochain il ira jouer aux cartes chez son fils.
- Jacques-André-Albert
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- Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
- Localisation : Niort
Je ne sais pas sur quoi vous vous basez, Jacques, pour rejeter cet emploi du futur proche. Que dire, alors, de l'utilisation du présent dans le même cas : demain, je vais au marché ?Jacques a écrit :Je dois cependant vous dire que si on ajoute un élément situant l'action dans l'avenir, ici « demain », c'est le futur simple et non le futur proche qu'on préférera dans une langue surveillée, c'est-à-dire au-dessus du niveau de la conversation courante : Il neigera demain. La langue familière a tendance à user abondamment du futur proche, et le substitue souvent au futur simple.
Il ne me semble pas condamnable de dire : qu'est-ce que tu vas faire ce weekend ?.
Il me semble que l'emploi du futur proche permet d'introduire, justement, une idée de proximité. En tout cas, je n'ai pas trouvé de condamnation de cet usage.
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(Montaigne - Essais, I, 24)
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- Jacques
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- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Je me fonde sur ce que j'ai lu chez un spécialiste, je crois Jacques Capelovici. Je n'ai pas rejeté ou condamné cet emploi du futur proche à la place du futur simple, j'ai dit qu'il appartient à notre langage familier, courant, mais que dans un niveau de langue surveillé, c'est-à-dire pas vraiment littéraire mais recherché, il recommandait d'employer plutôt le futur simple, car c'est son rôle, pour décrire une action qui se situe dans l'avenir, et de réserver le futur proche pour une action imminente.
Quant au présent, je ne le rejette pas davantage, mais je pense qu'il est aussi du domaine de la langue familière, et j'ajoute que je ne fais pas exception, j'utilise le futur proche et le présent pour une action à venir, comme nous le faisons tous.
Quant au présent, je ne le rejette pas davantage, mais je pense qu'il est aussi du domaine de la langue familière, et j'ajoute que je ne fais pas exception, j'utilise le futur proche et le présent pour une action à venir, comme nous le faisons tous.
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Les critères selon lesquels nous choisissons le présent à sens futur, le futur proche avec aller ou le futur grammatical me paraissent difficiles à cerner.
Dans certains cas, toutefois, l’affaire est claire : la plupart du temps, par exemple, « le jour où », si l’on considère un évènement à venir, est suivi du futur grammatical, me semble-t-il (Le jour où tu me verras à la piscine, les poules auront des dents), tandis que si deux personnes se trouvent près d’un enfant qui patauge dans une baignoire, l’une dira à l’autre « Attention, il va t’éclabousser ! » (une situation où le futur grammatical serait ressenti comme bizarre et où le présent à sens futur serait impossible, car ledit présent serait compris comme ayant sa véritable valeur de présent).
D'ailleurs, pour que le présent ait un sens futur, un adverbe de temps s'impose probablement (Votre phrase, JAA : Que fais-tu demain ?) C'est cet adverbe qui fait paraître le futur inutile, en tout cas en langage quotidien. Cependant de cet adverbe on n'éprouve le besoin qu'une fois, par la suite on le sous-entend :
« Que fais-tu demain ?
— À 10 heures je vais chez le dentiste, à midi je suis attendu chez mon cousin.
— Tu restes chez lui tout l'après-midi ? ... »
Dans certains cas, toutefois, l’affaire est claire : la plupart du temps, par exemple, « le jour où », si l’on considère un évènement à venir, est suivi du futur grammatical, me semble-t-il (Le jour où tu me verras à la piscine, les poules auront des dents), tandis que si deux personnes se trouvent près d’un enfant qui patauge dans une baignoire, l’une dira à l’autre « Attention, il va t’éclabousser ! » (une situation où le futur grammatical serait ressenti comme bizarre et où le présent à sens futur serait impossible, car ledit présent serait compris comme ayant sa véritable valeur de présent).
D'ailleurs, pour que le présent ait un sens futur, un adverbe de temps s'impose probablement (Votre phrase, JAA : Que fais-tu demain ?) C'est cet adverbe qui fait paraître le futur inutile, en tout cas en langage quotidien. Cependant de cet adverbe on n'éprouve le besoin qu'une fois, par la suite on le sous-entend :
« Que fais-tu demain ?
— À 10 heures je vais chez le dentiste, à midi je suis attendu chez mon cousin.
— Tu restes chez lui tout l'après-midi ? ... »
- Islwyn
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- Localisation : Royaume-Uni (décédé le 9 mars 2018)
Le terme futur proche = aller + infinitif, m'a toujours un peu agacé. Si la formule renvoie effectivement souvent à un futur proche (du type : « le dîner va être prêt » ), elle peut également indiquer un futur lointain vu par rapport au présent, p. ex. « dans dix ans je vais prendre ma retraite ».
Quantum mutatus ab illo
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Vous avez raison. Mais deux nuances s'imposent : on ne connaît premièrement guère d'autre expression que futur proche pour désigner cela, secondement il est bon de savoir qu'aller au présent suivi d'un infinitif convient d'autant moins que l'on s'éloigne du présent. Certes « dans dix ans je vais prendre ma retraite » se dit, mais « dans dix ans je prendrai ma retraite » est préférable.
- Islwyn
- Messages : 1492
- Inscription : sam. 16 févr. 2013, 12:09
- Localisation : Royaume-Uni (décédé le 9 mars 2018)
Cet emploi de aller + infin. semble avoir commencé à faire son apparition au XVIe siècle, et représente à cette époque un usage populaire. Il se trouve surtout à la première personne du singulier (dans des paroles prêtées à un personnage, p. ex. chez Rabelais). On pourrait à la rigueur y voir un futur analytique, en comparaison avec le futur synthétique (ou futur simple). Ainsi je vais manger / je mangerai.
Quantum mutatus ab illo
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- Perkele
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La formule "Il va neiger" est un futur proche : l'action prévue va se dérouler sous peu. C'est une construction idiomatique (propre à la langue, dans laquelle les mots s'écartent de leur sens étymologique, comme "il y a")DenisDenis a écrit :Merci pour votre réponse.
Après quelques recherches, cette construction de phrase s'appelle un "futur périphrastique". Je vais essayer (ou j'essayerai) de le placer dans un diner de famille.
Ce qui ne me dit pas pourquoi "il ira neiger" est incorrect (ou ne se dit pas, en tous cas).
Lorsque l'action est prévu pour un moment plus éloigné on emploi un futur simple : "il neigera".
"Il ira" ne peut représenter que le verbe aller.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
- Perkele
- Messages : 12918
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
- Localisation : Deuxième à droite après le feu
Pour votre dernier exemple, j'emploierai naturellement un futur simple.Islwyn a écrit :Le terme futur proche = aller + infinitif, m'a toujours un peu agacé. Si la formule renvoie effectivement souvent à un futur proche (du type : « le dîner va être prêt » ), elle peut également indiquer un futur lointain vu par rapport au présent, p. ex. « dans dix ans je vais prendre ma retraite ».
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.