personne ou quiconque
personne ou quiconque
Bonjour,
Doit-on dire :
" Je n'apprendrai rien à personne" ou bien " Je n'apprendrai rien à quiconque" ?
Cela a-t-il la même signification ?
Doit-on dire :
" Je n'apprendrai rien à personne" ou bien " Je n'apprendrai rien à quiconque" ?
Cela a-t-il la même signification ?
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- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Il semble, en effet, que c'est l'expression qui est couramment employée, mais je n'en connais pas l'origine. Sans doute, pour renforcer l'idée de négation, si je puis dire...André (G., R.) a écrit :Ma préférence va nettement à Je n'apprendrai rien à personne, mais je peine à la justifier. Peut-être la très vague impression que quiconque serait moins respectueux que personne, plus neutre, joue-t-elle un rôle dans mon choix.
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- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Les négations ne... rien et ne... personne ont fait l'objet de commentaires sur FNBL, par exemple ici.
- Jacques-André-Albert
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- Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
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Je n'apprendrai rien à quiconque me paraît tout à fait recevable, quiconque signifiant, rappelons-le, qui que ce soit, n'importe qui. Souvenons-nous aussi du sens premier de rien : le mot est issu de l'accusatif latin rem de res, la chose. Je n'apprendrai chose à qui que ce soit, est l'équivalent de je n'apprendrai rien à quiconque.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
(Montaigne - Essais, I, 24)
- Jacques-André-Albert
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Quelques citations d'auteurs contenant quiconque dans le même emploi :
- En vérité, vous ne devez rien à quiconque. Vous devez tout à tous. François Mauriac
- Je n'ai jamais rencontré quiconque qui soit capable de parler de ses parents de manière posée, honnête et juste. David Foenkinos
- Peut-être est-il impossible à quiconque de dire la vérité. Edward Bunker
- Nul n'est fait pour quiconque et c'est heureux, car nous sommes quatre milliards: la recherche d'un prédestiné ressemblerait à celle d'une aiguille dans un tas de foin. Hervé Bazin
- En vérité, vous ne devez rien à quiconque. Vous devez tout à tous. François Mauriac
- Je n'ai jamais rencontré quiconque qui soit capable de parler de ses parents de manière posée, honnête et juste. David Foenkinos
- Peut-être est-il impossible à quiconque de dire la vérité. Edward Bunker
- Nul n'est fait pour quiconque et c'est heureux, car nous sommes quatre milliards: la recherche d'un prédestiné ressemblerait à celle d'une aiguille dans un tas de foin. Hervé Bazin
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
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- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Aucune objection ! La préférence que j'ai exprimée n'était fondée en rien sur l'idée que l'un des deux pronoms serait grammaticalement meilleur que l'autre, j'ai encore moins voulu dire qu'il faudrait à tout prix éviter d'employer quiconque, il s'est simplement agi pour moi d'indiquer à dallia, pour lui répondre, qu'ayant le choix entre « Je n'apprendrai rien à personne » et « Je n'apprendrai rien à quiconque », j'opte pour le premier !
- Jacques-André-Albert
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- Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
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Ce sont deux mots de nature différente. Personne est un substantif qui, employé avec la particule négative ne, a fini par prendre le sens négatif de « aucun individu », à l'instar de point ou jamais (point de doute, jamais il ne viendra...). Quiconque est soit un pronom relatif sujet, essentiellement quand il est en tête de proposition (quiconque me résiste), soit un pronom indéfini, c'est le cas dans l'exemple que vous donnez. Il est vrai que quiconque sonne plus soutenu, surtout lorsqu'il est utilisé dans des sentences à caractère solennel (Quiconque se sert de l'épée périra par l'épée).
Curieusement, mieux que quiconque semble avoir gagné du terrain, au cours du vingtième siècle, au détriment de mieux que personne, si l'on en croit ce diagramme.
Curieusement, mieux que quiconque semble avoir gagné du terrain, au cours du vingtième siècle, au détriment de mieux que personne, si l'on en croit ce diagramme.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
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- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Le Robert en six volumes, après une assez longue rubrique consacrée au sens traditionnel de quiconque, qui que ce soit qui, confirme l'évolution relativement tardive que montre le diagramme et ne la cautionne pas entièrement :Jacques-André-Albert a écrit :Curieusement, mieux que quiconque semble avoir gagné du terrain, au cours du vingtième siècle, au détriment de mieux que personne, si l'on en croit ce diagramme.
ll 2° QUICONQUE employé au sens de « n'importe qui, personne ». Je suis aussi sensible que quiconque à la force de son admiration (cit. 3). Louis XIV sentait mieux que quiconque ce frémissement (cit. 16) de toute la nation.— REM. Cet emploi, dont on cite quelques rares exemples aux XVIIe et XVIIIe siècles, est devenu fréquent depuis la fin du XIXe siècle ; blâmé par certains grammairiens (Cf. G. et R. LE BIDOIS, Synt. franç. mod. §§ 416 et 417), il est cependant très répandu (Cf. GREVISSE, Bon us., § 591, REM. 3, qui cite GAUTIER, DAUDET, RENARD, ROLLAND, PROUST, DUHAMEL, GIDE, GIRAUDOUX, SAINT-EXUPÉRY, MAURIAC, etc.).
Je ne suis donc pas certain que cet emploi de notre pronom relève du langage soutenu. J'ai bien l'impression au contraire, le français étant sujet à des phénomènes de mode, qu'il s'est agi de cela pour quiconque au XIXe siècle.
Vous avez raison, JAA, d'insister sur le fait que personne est initialement un nom, mais je trouve tout de même plus commode d'y voir un pronom indéfini dans ne... personne ou personne... ne.
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- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Dans mon journal, sous la plume de Michel URVOY :
La souveraineté n'étant plus, à leurs yeux, incarnée par le Président ou défendue par les partis, les Gilets jaunes considèrent qu'il n'est d'autre souveraineté que la leur. Quiconque, dans la même situation, vivrait la même déconvenue : faute de souverain reconnu, le peuple s'érige en souverain, même si un empilement de revendications contradictoires ne fait pas un projet (mot mis en gras par moi).
J'ai l'impression qu'il faut comprendre « N'importe qui, dans la même situation, vivrait la même déconvenue ». « Quiconque », pronom relatif dans sa valeur d'origine, mais devenu aussi pronom indéfini, peut-il être sujet sous cette seconde nature grammaticale ? On est alors habitué à le voir complément : Je défie quiconque de répondre à cette question.
De quoi s'y perdre ! Le rapprochement de « Quiconque pourra répondre à cette question ! » (N'importe qui pourra répondre à cette question !) et de « Quiconque pourra répondre à cette question gagnera cent euros » (Celui qui pourra…) me trouble.
À moins qu'un élément ait été omis dans la phrase de mon journal ?
La souveraineté n'étant plus, à leurs yeux, incarnée par le Président ou défendue par les partis, les Gilets jaunes considèrent qu'il n'est d'autre souveraineté que la leur. Quiconque, dans la même situation, vivrait la même déconvenue : faute de souverain reconnu, le peuple s'érige en souverain, même si un empilement de revendications contradictoires ne fait pas un projet (mot mis en gras par moi).
J'ai l'impression qu'il faut comprendre « N'importe qui, dans la même situation, vivrait la même déconvenue ». « Quiconque », pronom relatif dans sa valeur d'origine, mais devenu aussi pronom indéfini, peut-il être sujet sous cette seconde nature grammaticale ? On est alors habitué à le voir complément : Je défie quiconque de répondre à cette question.
De quoi s'y perdre ! Le rapprochement de « Quiconque pourra répondre à cette question ! » (N'importe qui pourra répondre à cette question !) et de « Quiconque pourra répondre à cette question gagnera cent euros » (Celui qui pourra…) me trouble.
À moins qu'un élément ait été omis dans la phrase de mon journal ?
Comme l'écrit Hanse, « quiconque, pronom relatif indéfini, signifie "toute personne qui". Il a une fonction dans deux propositions : sujet dans la subordonnée, il est sujet ou complément dans la principale. Quiconque a beaucoup vu peut avoir beaucoup retenu. »
Il manque donc un verbe pour faire une phrase irréprochable.
Quiconque serait dans la même situation vivrait la même déconvenue.
Cependant, force est de reconnaître que "quiconque" s'emploie de plus en plus comme substitut de "n'importe qui", d'une manière maintenant très courante comme complément, et d'une manière moins courante, comme sujet. Grevisse en cite plusieurs exemples.
Il manque donc un verbe pour faire une phrase irréprochable.
Quiconque serait dans la même situation vivrait la même déconvenue.
Cependant, force est de reconnaître que "quiconque" s'emploie de plus en plus comme substitut de "n'importe qui", d'une manière maintenant très courante comme complément, et d'une manière moins courante, comme sujet. Grevisse en cite plusieurs exemples.
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- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Re:
Mots mis en gras par moi aux première et deuxième lignes de la citation.Leclerc92 a écrit : ↑lun. 10 déc. 2018, 17:10 Comme l'écrit Hanse, « quiconque, pronom relatif indéfini, signifie "toute personne qui". Il a une fonction dans deux propositions : sujet dans la subordonnée, il est sujet ou complément dans la principale. Quiconque a beaucoup vu peut avoir beaucoup retenu. »
Il manque donc un verbe pour faire une phrase irréprochable.
Quiconque serait dans la même situation vivrait la même déconvenue.
Cette intervention de Leclerc92 avait dû m'échapper, puisqu'elle date de la période où je le lisais.
Or elle comporte une erreur étonnamment non relevée. Et je ne peux par ailleurs que penser au lecteur occasionnel. Dans « Quiconque a beaucoup vu peut avoir beaucoup retenu » ou « Quiconque serait dans la même situation vivrait la même déconvenue », « Quiconque » n'est le sujet que du premier verbe. Le second verbe a pour sujet toute la subordonnée introduite par le pronom relatif indéfini.
À l'école primaire, à peu près tout le monde s'en souvient probablement, on conseillait aux élèves de poser une question avec « Qui... ? » ou « Qu'est-ce qui... ? » lorsqu'ils cherchaient un sujet et avaient déjà repéré un verbe conjugué. Soit la phrase « Demain viendra à cette fête presque toute la population du village ». À la question « Qui viendra ? » répond « presque toute la population du village », groupe sujet.
« Quiconque a beaucoup vu » et « Quiconque serait dans la même situation » répondent ci-dessus à « Qui peut avoir beaucoup retenu ? » et « Qui vivrait la même déconvenue ? »
Re: personne ou quiconque
Ce serait à Hanse de vous répondre. Je suppose qu'il visait par une ellipse peut-être hardie quiconque en tant que noyau de la proposition sujet et l'assimilait au sujet lui-même.
Dieu merci, ça ne change rien quant aux conclusions tirées.
Dieu merci, ça ne change rien quant aux conclusions tirées.