abus de l'adjectif "vrai"
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- Jacques-André-Albert
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À propos de Villon, il est intéressant de noter qu'il avait conscience de l'évolution du français, puisqu'il écrivit une 《 ballade en vieil langage françois 》, en employant une langue encore en usage deux générations avant lui.Islwyn a écrit :Nous ne sommes peut-être pas dans la situation qu'envisageait Montaigne, qui craignait qu'il ne fût plus compris dans cinquante ans (et il eut raison de le dire, Villon étant presque incompréhensible en 1580), mais nous assistons quand même à la plus rapide évolution qu'aient jamais connue nos vernaculaires.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
(Montaigne - Essais, I, 24)
- Jacques-André-Albert
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Pour revenir à la remarque à l'origine de cette discussion, ne peut-on pas voir dans cet abus de l'adjectif vrai une prise de conscience, de la part de ceux qui utilisent les médias, d'une réticence du public gavé des mensonges en tout genre venant des milieux politique, publicitaire et médiatique en général ?
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
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Ici sa traduction en français contemporain. Il serait intéressant d'en connaître la version dans la langue de Villon. Observé en 2015, le poème semble écrit dans un français identique à celui auquel nous a habitués l'auteur de La Ballade des pendus : affaire de spécialistes.Jacques-André-Albert a écrit :À propos de Villon, il est intéressant de noter qu'il avait conscience de l'évolution du français, puisqu'il écrivit une 《 ballade en vieil langage françois 》, en employant une langue encore en usage deux générations avant lui.Islwyn a écrit :Nous ne sommes peut-être pas dans la situation qu'envisageait Montaigne, qui craignait qu'il ne fût plus compris dans cinquante ans (et il eut raison de le dire, Villon étant presque incompréhensible en 1580), mais nous assistons quand même à la plus rapide évolution qu'aient jamais connue nos vernaculaires.
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- Islwyn
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Je vous remercie, et vous avez parfaitement raison. Vous savez, les fils de FNBL ont tendance à se déferler quant et quant, et on ne distingue pas toujours ce qui convient à l'un et pas à l'autre.
De nouveau : merci !
PS : mon emploi de quant et quant se doit peut-être à une lecture récente de quelques essais de Montaigne, mais ne me semble pas quand même trop daté.
De nouveau : merci !
PS : mon emploi de quant et quant se doit peut-être à une lecture récente de quelques essais de Montaigne, mais ne me semble pas quand même trop daté.
Quantum mutatus ab illo
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Cette distinction est faite également pour la langue allemande. Mais les mots utilisés pour celle-ci peuvent induire en erreur : le moyen allemand, pour les linguistes, n'est pas un état de la langue à une période donnée, c'est une notion géographique qualifiant les parlers intermédiaires entre ceux du nord (bas allemand) et ceux du sud (haut allemand, expression ambiguë qui, en langage commun moderne, à l'instar de l'allemand hochdeutsch, désigne aussi la langue standard).Islwyn a écrit :Ainsi distingue-t-on l'ancien français / anglais du francais / anglais moderne en supposant un moyen français / anglais. Point n'est besoin de dire que les pratiquants de ce moyen français / anglais ne furent nullement conscients de parler une langue « intermédiaire ».
Ce qui correspond outre-Rhin aux moyen français et moyen anglais, c'est le moyen haut-allemand.
J'ai déjà eu l'occasion d'intervenir ici sur ce sujet.
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C'est dans la zone traditionnelle du haut allemand (au sud) que l'on dit (surtout : que l'on disait) fertik. Mais la prononciation officielle est ['fɛrtiç], le dernier son de ce mot (noté g) s'écrivant aussi ch dans d'autres vocables, comme ich (je). Le son chuinté de notre vache est rendu en allemand par sch, qu'un Allemand (à l'exception, peut-être, des Rhénans : proximité de la France ?) ne confond pas avec ch*. Fertig signifie prêt, fini.
*Je ne parle ici que du ch non guttural et non, donc, de celui de Buch (livre).
*Je ne parle ici que du ch non guttural et non, donc, de celui de Buch (livre).