S'occuper de

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Perkele
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S'occuper de

Message par Perkele »

J'ai du mal à démêler ce qui est dit dans cette page

J'aurais volontiers écrit : "Martine s'en est occupé", quoi que représente EN.

Qu'en pensez-vous ?
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Il me semble, Perkele, que votre raisonnement correct ne débouche bizarrement pas sur le bon accord. Le complément indirect de s'occuper, introduit par de, ne joue aucun rôle dans l'affaire, vous l'avez suggéré, et cela vaut évidemment encore lorsque ledit complément est remplacé par en. S'occuper, c'est occuper soi-même (COD) : au passé on peut considérer que la personne que j'ai occupée, c'est moi. Si je suis une femme j'écrirai que je me suis occupée (de la préparation d'un voyage), pour un homme on notera qu'il s'est occupé (de ses enfants).
Dans « Merci de vous en être occupé », que je trouve sous votre lien, on ne peut écrire occupé ainsi que si l'on s'adresse à un personnage masculin. Si vous désigne plusieurs personnes, ainsi qu'il est proposé, on peut avoir « Merci de vous en être occupés » s'il s'agit d'hommes ou d'hommes et de femmes, ou « Merci de vous en être occupées » si l'on s'adresse seulement à des femmes. Le genre et le nombre du nom représenté par « en » n'ont pas à être pris en compte, mais seulement le pronom réfléchi COD.
Donc : Martine s'en est occupée. (Elle s'est occupée, elle s'est bien occupée de ses patients, elle s'en est bien occupée).
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Perkele
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Message par Perkele »

Bon sang, mais c'est bien sûr ! En l'occurrence S' n'a aucune valeur grammaticale et l'accord avec le sujet s'impose !

Il m'a piégée ce EN, entraînant un réflexe inapproprié.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Perkele a écrit : S' n'a aucune valeur grammaticale !
Objection, tout de même !
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

André (G., R.) a écrit : elle s'est bien occupée de ses patients, elle s'en est bien occupée).
J'ai peut-être eu tort de remplacer dans cet exemple de ses patients par en. Lorsqu'il s'agit de personnes il me semble préférable de garder la préposition et de la faire suivre du pronom personnel remplaçant le nom (et seulement ce dernier) : Elle s'est bien occupée d'eux. Qu'en pensez-vous ? Le sujet a déjà été traité, je crois, sur FNBL, mais je garde le vague souvenir qu'il n'aurait pas été épuisé.
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Islwyn
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Message par Islwyn »

Pour moi, en ne peut jamais renvoyer à un substantif représentant une personne ou des personnes. Cette distinction ne s'étend pas à des êtres animés (« vos chiens, j'en ai assez ! »), ni d'ailleurs à un substantif qui englobe quand même des personnes (« oh, cette foule, j'en ai assez ! »).
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André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Nous sommes d'accord. Je crains toutefois qu'il y ait de plus en plus de laisser-aller (je peux être concerné !) en la matière.
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Perkele
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Message par Perkele »

André (G., R.) a écrit :
Perkele a écrit : S' n'a aucune valeur grammaticale !
Objection, tout de même !
Je rectifie : il n'est pas analysable.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Leclerc92
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Message par Leclerc92 »

Islwyn a écrit :Pour moi, en ne peut jamais renvoyer à un substantif représentant une personne ou des personnes. Cette distinction ne s'étend pas à des êtres animés (« vos chiens, j'en ai assez ! »), ni d'ailleurs à un substantif qui englobe quand même des personnes (« oh, cette foule, j'en ai assez ! »).
L'Académie est moins sévère :
L'antécédent est, de nos jours, plutôt une chose, un animé non humain ou toute une partie d'énoncé. Mais il s'agit là d'un usage plutôt que d'une règle : en renvoie aussi, aujourd'hui encore, à des personnes, dans des conditions qui ne peuvent faire l'objet d'une règle rigoureuse. On distinguera bien, en principe, Cet outil est excellent, j'en suis satisfait, de Cet élève est excellent, je suis satisfait de lui. Mais J'en suis satisfait n'est pas exclu. Bien plus, des raisons stylistiques peuvent conduire à préférer le pronom au complément prépositionnel, même lorsque l'antécédent est une personne. Rodrigue aime Chimène et en est aimé. Il veut en faire son épouse.
Dans la précédente édition du Dictionnaire, elle disait déjà :
Il se dit quelquefois des Personnes. C'est un véritable ami, je ne pourrai jamais oublier les services que j'en ai reçus.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Merci, Leclerc92.
Perkele a écrit :
André (G., R.) a écrit :
Perkele a écrit : S' n'a aucune valeur grammaticale !
Objection, tout de même !
Je rectifie : il n'est pas analysable.
M'en voudrez-vous ? Je ne crois pas que l'on puisse dire cela non plus. Vous ressentez sans doute, et à juste titre, s' comme étroitement associé à occuper, mais notre petit mot a une nature et une fonction grammaticales : pronom réfléchi, COD. Les verbes pronominaux se comportant grammaticalement comme s'occuper sont nombreux (se vouer, se distinguer, s'acharner, se fourvoyer, se tromper, se consacrer...). De même que l'on écrit « Merci de vous en être occupés », on notera « Merci de vous y être consacrés », si l'on s'adresse à des représentants du sexe masculin.
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Perkele
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Message par Perkele »

Dans "s'occuper" (soi-même) il est COD

Dans "s'occuper de" il ne l'est plus : il n'a pas occupé lui de quelque chose.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Il me semble que dans les exemples que j'ai donnés le pronom réfléchi remplit la fonction de COD. Peut-être est-ce moins net dans s'occuper de, mais après tout lorsque je m'occupe de mes enfants, c'est bien moi-même que j'occupe.
Toutefois il est vrai que pour certains autres verbes pronominaux se comportant de la même façon quant à l'accord de leur participe, la fonction de leur pronom réfléchi est indéfinissable (s'apercevoir [de], se passer [de], se douter [de]...) (on ne peut évidemment pas considérer que s'apercevoir de vaudrait apercevoir soi-même de, qui n'a aucun sens). Se ou s' me paraissent alors toujours susceptibles d'être analysés comme des pronoms réfléchis, si l'on souhaite parler de leur nature, mais chercher leur fonction indépendamment du reste du verbe n'a probablement aucun sens. Cependant cela n'a guère d'importance car tout se passe donc, en ce qui concerne l'accord du participe, comme si le pronom réfléchi était encore COD.
En résumé, l'accord du participe du groupe verbal s'en occuper est identique à ceux de s'occuper (sans complément), s'occuper de, s'apercevoir de..., s'en apercevoir...
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

L'affaire peut paraître se compliquer un peu (mais je n'apprends sans doute rien à personne et le sujet n'est pas nouveau ici) lorsque le pronom réfléchi est COS :

Ils se (COS) sont lavé les cheveux (COD),
Ma petite-fille s' (COS) est fait des tresses (COD),
Vous (COS) êtes-vous brossé les dents (COD) ?
Nous nous (COS) sommes acheté des cacahouètes (COD).

Mais il s'agit en réalité seulement de reconnaître la fonction COS du pronom réfléchi, puisqu'alors le participe ne s'accorde pas avec ce dernier*. Malheureusement on peut être induit en erreur par le fait que ces mêmes verbes pronominaux comportent aussi une forme avec le pronom réfléchi COD :

Ils se sont lavés,
Elle s'est faite à la force du poignet,
Vous êtes-vous brossés ?
Les progrès dans l'art d'écrire ne se sont jamais achetés que par l'abandon d'une complaisance (je mets au passé la phrase de GIDE [Journal] « Chaque progrès dans l'art d'écrire ne s'achète que par l'abandon d'une complaisance »).

*Toutefois, si le COD précède le verbe, on retrouve la règle bien connue :
Les tresses que ma petite-fille s'est faites sont jolies (que, COD, est mis pour tresses, féminin pluriel).
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Perkele
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Message par Perkele »

J'analyse de la même façon :

ils se (COD) sont aperçus l'un l'autre / Il se (rien) sont aperçus de leur erreur

ils se (COD) sont saisis par le col / Ils se (rien) sont saisis de leur serviette
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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