UNE QUESTION DONT JE CONNAIS LA RÉPONSE

Répondre
André (G., R.)
Messages : 7437
Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22

UNE QUESTION DONT JE CONNAIS LA RÉPONSE

Message par André (G., R.) »

J'entends et je lis souvent cela.
Je peux dire : J'habite dans une commune dont je connais le maire. Le pronom relatif dont est alors complément du nom maire, comme l'est de ma commune dans Je connais le maire de ma commune. Il s'agit du complément de nom le plus courant, je crois, celui introduit par de. Et dont remplace de laquelle.
Or on parle de la réponse à une question. Pourquoi sommes-nous gênés (je le suis en tout cas un peu) par une question à laquelle je connais la réponse ? Je constate que la difficulté est levée si l'on a recours au verbe répondre (une question à laquelle je répondrai demain).
Je n'exclus pas que ce sujet ait déjà été traité ici.
Avatar de l’utilisateur
Leclerc92
Messages : 5696
Inscription : jeu. 29 nov. 2012, 17:06

Message par Leclerc92 »

Dans le cas des pronoms relatifs composés employés avec une préposition autre que "de" (auprès, chez, contre, de, en, par, sans, sous, etc.), j'ai l'impression que la préposition ne peut porter que sur le verbe de la proposition relative et non sur le COD. En revanche, avec la préposition "de", et notamment en utilisant le pronom "dont", on sait que cela équivaut à un complément du sujet, du verbe, de l'attribut, ou du COD.

C'est pourquoi on peut dire "une commune dont je connais le maire", où "dont"= "de laquelle" ="de la commune" est complément du COD "le maire".

En revanche, dans "une question à laquelle je connais la réponse", "à laquelle" = "à la question" ne peut pas se rapporter au COD "la réponse" mais doit se rapporter au verbe "je connais", ce qui cloche, puisque on ne peut pas dire "je connais à cette question".

Pas de problème pour "une question à laquelle je répondrai demain", où "à laquelle"="à une question" est légitimement rapporté au verbe "je répondrai" : "je répondrai à une question".
Avatar de l’utilisateur
Perkele
Messages : 12918
Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
Localisation : Deuxième à droite après le feu

Message par Perkele »

Je ne crois pas que nous ayons déjà traité ce point au demeurant fort intéressant.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
André (G., R.)
Messages : 7437
Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22

Message par André (G., R.) »

Leclerc92 a écrit :Dans le cas des pronoms relatifs composés employés avec une préposition autre que "de" (auprès, chez, contre, de, en, par, sans, sous, etc.), j'ai l'impression que la préposition ne peut porter que sur le verbe de la proposition relative et non sur le COD. En revanche, avec la préposition "de", et notamment en utilisant le pronom "dont", on sait que cela équivaut à un complément du sujet, du verbe, de l'attribut, ou du COD.

En revanche, dans "une question à laquelle je connais la réponse", "à laquelle" = "à la question" ne peut pas se rapporter au COD "la réponse" mais doit se rapporter au verbe "je connais", ce qui cloche, puisque on ne peut pas dire "je connais à cette question".
Effectivement, on n’accepte pas, ou guère, qu’un pronom relatif composé autre que dont (c'est-à-dire duquel, de laquelle, desquels, desquelles) soit le complément d’un groupe verbal comme « connaître la réponse ». Toutefois il s’agit davantage d’un constat que de l’application d’une règle.

D’ailleurs des phrases très comparables grammaticalement ne provoquent pas la même gêne chez moi. Que pensez-vous de « Mme X est une femme à laquelle (ou : à qui) je ne connais qu’un enfant » ou « Pour ton mariage, juillet est un mois auquel je ne vois aucun inconvénient » ? Dans ces phrases les pronoms relatifs composés ne sont clairement pas compléments des verbes simples des subordonnées (connaître, voir), mais bien de groupes verbaux (connaître un enfant, ne voir aucun inconvénient) comportant des COD (enfant, inconvénient).

Et l’on peut s’étonner, si l’on n’accepte ni dont (pour moi la grammaire l’interdit) ni à laquelle, de l’impossibilité où l’on est d’utiliser « connaître la réponse » dans une subordonnée dépendant de « une question ».
Avatar de l’utilisateur
Leclerc92
Messages : 5696
Inscription : jeu. 29 nov. 2012, 17:06

Message par Leclerc92 »

André (G., R.) a écrit :D’ailleurs des phrases très comparables grammaticalement ne provoquent pas la même gêne chez moi. Que pensez-vous de « Mme X est une femme à laquelle (ou : à qui) je ne connais qu’un enfant » ou « Pour ton mariage, juillet est un mois auquel je ne vois aucun inconvénient » ? Dans ces phrases les pronoms relatifs composés ne sont clairement pas compléments des verbes simples des subordonnées (connaître, voir), mais bien de groupes verbaux (connaître un enfant, ne voir aucun inconvénient) comportant des COD (enfant, inconvénient).
Dans ces phrases, la préposition introduit bien un complément du verbe, pas un complément du nom.
Je ne connais à Mme X qu'un enfant.
Je ne vois au mois de juillet aucun inconvénient.
Il ne s'agit pas de l'enfant à Mme X ni de l'inconvénient au mois de juillet.
Elle ne sont donc pas comparables grammaticalement avec le cas de "dont" vu plus haut.
André (G., R.)
Messages : 7437
Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22

Message par André (G., R.) »

Leclerc92 a écrit :Elle ne sont donc pas comparables grammaticalement avec le cas de "dont" vu plus haut.
Vous ne voulez peut-être pas parler de dont, mais de à laquelle.
Mais vous avez raison, sans que je cesse toutefois de m'interroger. J'ai d'ailleurs constaté entre-temps que ma gêne disparaît presque totalement lorsque question est précédé de l'article indéfini ou d'un numéral : C'est une question à laquelle je connais au moins deux réponses.
Avatar de l’utilisateur
Leclerc92
Messages : 5696
Inscription : jeu. 29 nov. 2012, 17:06

Message par Leclerc92 »

André (G., R.) a écrit :
Leclerc92 a écrit :Elle ne sont donc pas comparables grammaticalement avec le cas de "dont" vu plus haut.
Vous ne voulez peut-être pas parler de dont, mais de à laquelle.
J'avais en tête le fait qu'on ne peut les comparer avec les phrases où le pronom relatif composé peut se rapporter au COD, c'est-à-dire les phrases avec "dont" ou "de laquelle".
André (G., R.) a écrit :Mais vous avez raison, sans que je continue toutefois de m'interroger. J'ai d'ailleurs constaté entre-temps que ma gêne disparaît presque totalement lorsque question est précédé de l'article indéfini ou d'un numéral : C'est une question à laquelle je connais au moins deux réponses.
Oui, c'est vrai. Probablement parce qu'on dit plus facilement :
À cette question, je connais au moins deux réponses.
que
À cette question, je connais la réponse.
André (G., R.)
Messages : 7437
Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22

Message par André (G., R.) »

Sans doute transforme-t-on à laquelle en COS lorsqu'on passe de « C'est une question à laquelle je connais la réponse » à « C'est une question à laquelle je connais deux réponses ». L'affaire reste tout de même un peu mystérieuse.
Et je ne peux que répéter : refuser « à laquelle » dans la première de ces deux phrases signifie que l'on considère comme impossible d'utiliser « je connais la réponse » dans une subordonnée correcte complétant « une question ».
Avatar de l’utilisateur
Leclerc92
Messages : 5696
Inscription : jeu. 29 nov. 2012, 17:06

Message par Leclerc92 »

André (G., R.) a écrit :Et je ne peux que répéter : refuser « à laquelle » dans la première de ces deux phrases signifie que l'on considère comme impossible d'utiliser « je connais la réponse » dans une subordonnée correcte complétant « une question ».
Je crois qu'on le peut. On trouve souvent à partir du XXe siècle :
"une question dont je connais la réponse".
ce qui revient à utiliser "la réponse de la question" plutôt que "la réponse à la question".
Je n'ai pas trouvé cette même expression au XIXe siècle ou auparavant, mais je trouve de très nombreuses attestations de :
"une question dont la réponse ..."
ce qui revient aussi à utiliser "la réponse de la question".
Si cette dernière hypothèse est trop difficile à admettre, on peut aussi considérer que "dont" joue le rôle un peu lâche d'un simple complément de propos, signifiant "à propos de laquelle, au sujet de laquelle".
André (G., R.)
Messages : 7437
Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22

Message par André (G., R.) »

Leclerc92 a écrit :Si cette dernière hypothèse est trop difficile à admettre, on peut aussi considérer que "dont" joue le rôle un peu lâche d'un simple complément de propos, signifiant "à propos de laquelle, au sujet de laquelle".
« Rôle un peu lâche » est faible. Par définition dont ne peut signifier à propos de laquelle dans la phrase de référence, puisque cette dernière comporte le nom (réponse) dont (!) le pronom relatif est complément (Dont signifie « à propos de laquelle » dans « C'est une femme dont je sais qu'elle a beaucoup souffert »).
Avatar de l’utilisateur
Leclerc92
Messages : 5696
Inscription : jeu. 29 nov. 2012, 17:06

Message par Leclerc92 »

André (G., R.) a écrit :
Leclerc92 a écrit :Si cette dernière hypothèse est trop difficile à admettre, on peut aussi considérer que "dont" joue le rôle un peu lâche d'un simple complément de propos, signifiant "à propos de laquelle, au sujet de laquelle".
« Rôle un peu lâche » est faible. Par définition dont ne peut signifier à propos de laquelle dans la phrase de référence, puisque cette dernière comporte le nom (réponse) dont (!) le pronom relatif est complément (Dont signifie « à propos de laquelle » dans « C'est une femme dont je sais qu'elle a beaucoup souffert »).
De fait, c'est l'un OU l'autre. Si nous choisissons de dire que c'est bien le rôle ordinaire de "dont" en complément de nom, alors ce n'est pas le complément de propos. Mais si le complément de nom ne nous convient pas, alors le complément de propos peut faire l'affaire. Comparons :

Je sais, à propos de cette femme, qu'elle a beaucoup souffert :
« C'est une femme dont je sais qu'elle a beaucoup souffert »

Je connais, à propos de cette question, la réponse :
« C'est une question dont je connais la réponse »


Mais je suis au bout de mes connaissances en la matière. Je n'irai pas plus loin pour ne pas m'aventurer en terra incognita.
André (G., R.)
Messages : 7437
Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22

Message par André (G., R.) »

On peut ne pas savoir qui « prend l'initiative de » quelque chose. « Être à l'initiative de » me plaît moins, mais j'ergote peut-être. Je lis dans mon journal : X fustige les pétitions... dont « on ne sait trop » qui est à l'initiative.
André (G., R.)
Messages : 7437
Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22

Message par André (G., R.) »

Soit la phrase :
X fustige des pétitions : une avocate et un député sont à leur initiative.
Je transforme la deuxième partie en subordonnée :
X fustige des pétitions à l'initiative desquelles sont une avocate et un député.
Cette dernière phrase est-elle acceptable grammaticalement ? Il me semble.
Et maintenant :
X fustige des pétitions, mais on ne sait pas qui est à leur initiative.
J'ai l'impression que l'on peut transformer ainsi :
X fustige des pétitions, à l'initiative desquelles on ne sait pas qui est.
Mais c'est inélégant.
Peut-être :
X fustige des pétitions, à l'initiative desquelles on ne sait qui se trouve.

Quoi qu'il en soit, je l'ai dit, je préfère prendre l'initiative de :
X fustige des pétitions, dont on ne sait qui a pris l'initiative. (dont est complément de nom)
On peut alors aussi, je crois, utiliser dont comme complément de propos :
X fustige des pétitions, dont on ne sait qui en a pris l'initiative.
André (G., R.)
Messages : 7437
Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22

Message par André (G., R.) »

Si l'on admet d'utiliser un possessif devant initiative, on peut aussi, dans la phrase du journal, faire de dont complément de nom un complément de propos ; ledit possessif rend alors ce qu'exprimait le pronom relatif initial :
X fustige les pétitions... dont on ne sait trop qui est à leur initiative.

Mais je sens que je vais devoir passer à d'autres sujets... :lol:
Pourtant j'aimerais justement avoir d'autres avis sur l'utilisation du possessif devant initiative dans l'expression être à l'initiative.
Répondre