Hors de question

Répondre
Teissier
Messages : 27
Inscription : mar. 22 sept. 2015, 13:09

Hors de question

Message par Teissier »

Bonjour à tous.
Ayant entendu dire "démissionner, il en est hors de question" et m'en étant gaussé, je me morigénai aussitôt, argüant que le pronom en était la reprise de la préposition de dans l'expression "il est hors de question de démissionner". Mais alors, répliquai-je, admettons "il ne faut pas mentir, car il en est vilain", puisque l'on dit "il est vilain de mentir", ou "ne venez pas ; il en est inutile" en prétextant "il est inutile de venir". Tout simplement le de n'est là que pour faire joli devant un infinitif et n'a pas valeur de préposition.
Qu'en pensez-vous ?
André (G., R.)
Messages : 7437
Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22

Message par André (G., R.) »

Je crois que votre raisonnement pèche à son début : en ne reprend pas de, mais de démissionner. Par ailleurs « démissionner, il en est hors de question » n'est pas correct. Seraient correctes, me semble-t-il, les formulations « Démissionner est hors de question », « Il est hors de question de démissionner », « Démissionner, il n'en est pas question », « De démissionner il n'est pas question » ou « Il n'est pas question de démissionner ».
Teissier
Messages : 27
Inscription : mar. 22 sept. 2015, 13:09

Message par Teissier »

Bien sûr, ma réaction a été, comme la vôtre, de voir dans "Démissionner, il en est hors de question" un solécisme. Mon propos est de comprendre POURQUOI.
Je crois que c'est tout bête : dans "Il n'est pas question de démissionner" démissionner est COMPLEMENT de question, alors que dans "Il est hors de question de démissionner" démissionner est SUJET de est (comme venir dans "Il est inutile de venir"), de n'étant là qu'imposé par l'usage devant un infinitif.
On remarque par ailleurs que hors de question ne s'emploie qu'avec des verbes. On ne trouvera jamais "Il est hors de question de politique".
André (G., R.)
Messages : 7437
Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22

Message par André (G., R.) »

J'ai l'impression que vous avez dit l'essentiel.
« Démissionner » est bien sujet dans « Il est hors de question de démissionner ».
Une mise au point : dans « Il n'est pas question de démissionner », « démissionner » est bien un complément (indirect), mais du groupe verbal impersonnel « il est question de » et non simplement du nom « question », me semble-t-il.
Teissier
Messages : 27
Inscription : mar. 22 sept. 2015, 13:09

Message par Teissier »

Votre réponse me fait plaisir, car j'ai failli ajouter "ou de la locution verbale il [n']est [pas] question" et m'en suis abstenu pour abréger. Nous sommes donc tout à fait d'accord.
Avatar de l’utilisateur
Perkele
Messages : 12918
Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
Localisation : Deuxième à droite après le feu

Message par Perkele »

André (G., R.) a écrit :Je crois que votre raisonnement pèche à son début : en ne reprend pas de, mais de démissionner. Par ailleurs « démissionner, il en est hors de question » n'est pas correct. Seraient correctes, me semble-t-il, les formulations « Démissionner est hors de question », « Il est hors de question de démissionner », « Démissionner, il n'en est pas question », « De démissionner il n'est pas question » ou « Il n'est pas question de démissionner ».
Mais, ne serait-ce pas une anacoluthe ?
Dernière modification par Perkele le sam. 10 oct. 2015, 9:32, modifié 1 fois.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
André (G., R.)
Messages : 7437
Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22

Message par André (G., R.) »

Teissier a écrit :On remarque par ailleurs que hors de question ne s'emploie qu'avec des verbes.
À vrai dire, « être hors de question » peut s'employer aussi comme verbe personnel et avoir alors un nom ou un pronom comme sujet :

Ceci est hors de question.
Sa démission est hors de question.

C'est le groupe verbal impersonnel « il est hors de question [de] » dont le sujet réel est un verbe à l'infinitif. Mais une proposition subordonnée conjonctive peut également remplir cette fonction :

Il est hors de question qu'il démissionne.
André (G., R.)
Messages : 7437
Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22

Message par André (G., R.) »

Perkele a écrit :
André (G., R.) a écrit :Par ailleurs « démissionner, il en est hors de question » n'est pas correct.
Mais, ne serait-ce pas un anacoluthe ?
La fameuse anacoluthe ! C'est une construction non terminée. L'exemple qu'en donne le Petit Larousse, « Rentré chez lui, sa femme était malade », a l'avantage d'être simple. Pour corriger l'anacoluthe on y ajoute « il vit que » : Rentré chez lui, il vit que sa femme était malade.
Dans « démissionner, il en est hors de question », j'ai à première vue plutôt l'impression de l'inverse : trop d'éléments ! Mais après tout, si l'on considère qu'était visée la forme « démissionner, il n'en est pas question », on peut voir une anacoluthe dans le renoncement à n'... pas.... L'honnêteté m'oblige toutefois à dire que ce serait un peu tiré par les cheveux !
Avatar de l’utilisateur
Perkele
Messages : 12918
Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
Localisation : Deuxième à droite après le feu

Message par Perkele »

L'exemple qui m'est resté gravé depuis ma scolarité est : "Les pauvres, il faut prier pour eux". Mais peut-être aurait-il mieux valu parler de prolepse ?

(Et je m'en vais aussitôt corriger la faute de genre que contient ma précédente intervention.)
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
André (G., R.)
Messages : 7437
Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22

Message par André (G., R.) »

Je ne connais guère la prolepse. Mais à la suite d'une recherche rapide que je viens de faire, je crois pouvoir l'exclure.
Dans votre exemple « Les pauvres » ne remplit aucune fonction liée à « il faut prier pour eux ». Je vois là, effectivement, une anacoluthe, dont il est difficile de se débarrasser, sauf à avoir recours à des formes lourdes du genre « Les pauvres sont des gens à propos desquels je pense qu'il faut prier pour eux ».
Avatar de l’utilisateur
Perkele
Messages : 12918
Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
Localisation : Deuxième à droite après le feu

Message par Perkele »

Et si l'on disait tout simplement "Il faut prier pour les pauvres" ?
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
André (G., R.)
Messages : 7437
Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22

Message par André (G., R.) »

Bien entendu !
On peut imaginer plusieurs autres formulations :
Les pauvres doivent être dans nos prières.
Nous ne devons pas oublier les pauvres dans nos prières.
Prions en particulier pour les pauvres.
...
En écrivant « Les pauvres sont des gens à propos desquels je pense qu'il faut prier pour eux », je n'ai pas voulu proposer la meilleure formulation possible, mais seulement caractériser et supprimer l'anacoluthe dans la phrase telle que vous l'avez fournie.
Avatar de l’utilisateur
Perkele
Messages : 12918
Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
Localisation : Deuxième à droite après le feu

Message par Perkele »

Assurément !
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
Teissier
Messages : 27
Inscription : mar. 22 sept. 2015, 13:09

Message par Teissier »

André (G., R.) a écrit :À vrai dire, « être hors de question » peut s'employer aussi comme verbe personnel et avoir alors un nom ou un pronom comme sujet
Pardon. J'ai voulu dire effectivement que "Il est hors de question" ne s'emploie qu'avec des verbes, ou - merci de le préciser - des propositions.
Bien sûr, on peut très bien trouver "La politique est ici hors de question".
Teissier
Messages : 27
Inscription : mar. 22 sept. 2015, 13:09

Message par Teissier »

A propos d'anacoluthe, peut-on qualifier ainsi l'expression : "La vie vaut la peine d'être vécue" ?
Répondre