Hors de question
Hors de question
Bonjour à tous.
Ayant entendu dire "démissionner, il en est hors de question" et m'en étant gaussé, je me morigénai aussitôt, argüant que le pronom en était la reprise de la préposition de dans l'expression "il est hors de question de démissionner". Mais alors, répliquai-je, admettons "il ne faut pas mentir, car il en est vilain", puisque l'on dit "il est vilain de mentir", ou "ne venez pas ; il en est inutile" en prétextant "il est inutile de venir". Tout simplement le de n'est là que pour faire joli devant un infinitif et n'a pas valeur de préposition.
Qu'en pensez-vous ?
Ayant entendu dire "démissionner, il en est hors de question" et m'en étant gaussé, je me morigénai aussitôt, argüant que le pronom en était la reprise de la préposition de dans l'expression "il est hors de question de démissionner". Mais alors, répliquai-je, admettons "il ne faut pas mentir, car il en est vilain", puisque l'on dit "il est vilain de mentir", ou "ne venez pas ; il en est inutile" en prétextant "il est inutile de venir". Tout simplement le de n'est là que pour faire joli devant un infinitif et n'a pas valeur de préposition.
Qu'en pensez-vous ?
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- Messages : 7437
- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Je crois que votre raisonnement pèche à son début : en ne reprend pas de, mais de démissionner. Par ailleurs « démissionner, il en est hors de question » n'est pas correct. Seraient correctes, me semble-t-il, les formulations « Démissionner est hors de question », « Il est hors de question de démissionner », « Démissionner, il n'en est pas question », « De démissionner il n'est pas question » ou « Il n'est pas question de démissionner ».
Bien sûr, ma réaction a été, comme la vôtre, de voir dans "Démissionner, il en est hors de question" un solécisme. Mon propos est de comprendre POURQUOI.
Je crois que c'est tout bête : dans "Il n'est pas question de démissionner" démissionner est COMPLEMENT de question, alors que dans "Il est hors de question de démissionner" démissionner est SUJET de est (comme venir dans "Il est inutile de venir"), de n'étant là qu'imposé par l'usage devant un infinitif.
On remarque par ailleurs que hors de question ne s'emploie qu'avec des verbes. On ne trouvera jamais "Il est hors de question de politique".
Je crois que c'est tout bête : dans "Il n'est pas question de démissionner" démissionner est COMPLEMENT de question, alors que dans "Il est hors de question de démissionner" démissionner est SUJET de est (comme venir dans "Il est inutile de venir"), de n'étant là qu'imposé par l'usage devant un infinitif.
On remarque par ailleurs que hors de question ne s'emploie qu'avec des verbes. On ne trouvera jamais "Il est hors de question de politique".
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- Messages : 7437
- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
J'ai l'impression que vous avez dit l'essentiel.
« Démissionner » est bien sujet dans « Il est hors de question de démissionner ».
Une mise au point : dans « Il n'est pas question de démissionner », « démissionner » est bien un complément (indirect), mais du groupe verbal impersonnel « il est question de » et non simplement du nom « question », me semble-t-il.
« Démissionner » est bien sujet dans « Il est hors de question de démissionner ».
Une mise au point : dans « Il n'est pas question de démissionner », « démissionner » est bien un complément (indirect), mais du groupe verbal impersonnel « il est question de » et non simplement du nom « question », me semble-t-il.
- Perkele
- Messages : 12918
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
- Localisation : Deuxième à droite après le feu
Mais, ne serait-ce pas une anacoluthe ?André (G., R.) a écrit :Je crois que votre raisonnement pèche à son début : en ne reprend pas de, mais de démissionner. Par ailleurs « démissionner, il en est hors de question » n'est pas correct. Seraient correctes, me semble-t-il, les formulations « Démissionner est hors de question », « Il est hors de question de démissionner », « Démissionner, il n'en est pas question », « De démissionner il n'est pas question » ou « Il n'est pas question de démissionner ».
Dernière modification par Perkele le sam. 10 oct. 2015, 9:32, modifié 1 fois.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
À vrai dire, « être hors de question » peut s'employer aussi comme verbe personnel et avoir alors un nom ou un pronom comme sujet :Teissier a écrit :On remarque par ailleurs que hors de question ne s'emploie qu'avec des verbes.
Ceci est hors de question.
Sa démission est hors de question.
C'est le groupe verbal impersonnel « il est hors de question [de] » dont le sujet réel est un verbe à l'infinitif. Mais une proposition subordonnée conjonctive peut également remplir cette fonction :
Il est hors de question qu'il démissionne.
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- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
La fameuse anacoluthe ! C'est une construction non terminée. L'exemple qu'en donne le Petit Larousse, « Rentré chez lui, sa femme était malade », a l'avantage d'être simple. Pour corriger l'anacoluthe on y ajoute « il vit que » : Rentré chez lui, il vit que sa femme était malade.Perkele a écrit :Mais, ne serait-ce pas un anacoluthe ?André (G., R.) a écrit :Par ailleurs « démissionner, il en est hors de question » n'est pas correct.
Dans « démissionner, il en est hors de question », j'ai à première vue plutôt l'impression de l'inverse : trop d'éléments ! Mais après tout, si l'on considère qu'était visée la forme « démissionner, il n'en est pas question », on peut voir une anacoluthe dans le renoncement à n'... pas.... L'honnêteté m'oblige toutefois à dire que ce serait un peu tiré par les cheveux !
- Perkele
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
- Localisation : Deuxième à droite après le feu
L'exemple qui m'est resté gravé depuis ma scolarité est : "Les pauvres, il faut prier pour eux". Mais peut-être aurait-il mieux valu parler de prolepse ?
(Et je m'en vais aussitôt corriger la faute de genre que contient ma précédente intervention.)
(Et je m'en vais aussitôt corriger la faute de genre que contient ma précédente intervention.)
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Je ne connais guère la prolepse. Mais à la suite d'une recherche rapide que je viens de faire, je crois pouvoir l'exclure.
Dans votre exemple « Les pauvres » ne remplit aucune fonction liée à « il faut prier pour eux ». Je vois là, effectivement, une anacoluthe, dont il est difficile de se débarrasser, sauf à avoir recours à des formes lourdes du genre « Les pauvres sont des gens à propos desquels je pense qu'il faut prier pour eux ».
Dans votre exemple « Les pauvres » ne remplit aucune fonction liée à « il faut prier pour eux ». Je vois là, effectivement, une anacoluthe, dont il est difficile de se débarrasser, sauf à avoir recours à des formes lourdes du genre « Les pauvres sont des gens à propos desquels je pense qu'il faut prier pour eux ».
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- Messages : 7437
- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Bien entendu !
On peut imaginer plusieurs autres formulations :
Les pauvres doivent être dans nos prières.
Nous ne devons pas oublier les pauvres dans nos prières.
Prions en particulier pour les pauvres.
...
En écrivant « Les pauvres sont des gens à propos desquels je pense qu'il faut prier pour eux », je n'ai pas voulu proposer la meilleure formulation possible, mais seulement caractériser et supprimer l'anacoluthe dans la phrase telle que vous l'avez fournie.
On peut imaginer plusieurs autres formulations :
Les pauvres doivent être dans nos prières.
Nous ne devons pas oublier les pauvres dans nos prières.
Prions en particulier pour les pauvres.
...
En écrivant « Les pauvres sont des gens à propos desquels je pense qu'il faut prier pour eux », je n'ai pas voulu proposer la meilleure formulation possible, mais seulement caractériser et supprimer l'anacoluthe dans la phrase telle que vous l'avez fournie.
Pardon. J'ai voulu dire effectivement que "Il est hors de question" ne s'emploie qu'avec des verbes, ou - merci de le préciser - des propositions.André (G., R.) a écrit :À vrai dire, « être hors de question » peut s'employer aussi comme verbe personnel et avoir alors un nom ou un pronom comme sujet
Bien sûr, on peut très bien trouver "La politique est ici hors de question".