négation avec "rarement"
négation avec "rarement"
Il y a peu j'entendais à la télévision : "Rarement la température n'aura été aussi douce à Noël"
Une personne à mes côtés me disait que ce n'était pas une formulation correcte sans dire pourquoi ...
Pourtant la négation me semble correcte. Dès lors faudrait-il envisager : " Rarement la température n'a été aussi douce" ?
"Aura" ne me choque pas cependant...
Une personne à mes côtés me disait que ce n'était pas une formulation correcte sans dire pourquoi ...
Pourtant la négation me semble correcte. Dès lors faudrait-il envisager : " Rarement la température n'a été aussi douce" ?
"Aura" ne me choque pas cependant...
Si l'on rétablit la phrase dans un ordre plus normal, je dirais :
"La température aura rarement été aussi douce à Noël"
sans négation.
Le fait de mettre "rarement" en tête ne justifie évidemment pas d'introduire une négation.
Il est possible qu'il y ait une confusion inconsciente avec une phrase proche qui, elle, demande la négation :
"Jamais la température n'aura été aussi douce à Noël".
"La température aura rarement été aussi douce à Noël"
sans négation.
Le fait de mettre "rarement" en tête ne justifie évidemment pas d'introduire une négation.
Il est possible qu'il y ait une confusion inconsciente avec une phrase proche qui, elle, demande la négation :
"Jamais la température n'aura été aussi douce à Noël".
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- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Que le verbe soit au passé composé (a été) ou au futur antérieur (aura été), ne change rien à l'affaire ! Le passé composé ne considère que le passé, le futur antérieur met en relation l'avenir, plus ou moins lointain, avec ce qui le précède (donc éventuellement le passé). Accompagnant l'un ou l'autre temps, « rarement » reste positif.
Je signale toutefois deux pages intéressantes qui montrent que la tournure qu'André79 nous a présentée, associant un "rarement" antéposé dans la phrase et un "ne" explétif, n'est pas isolée :Leclerc92 a écrit :Le fait de mettre "rarement" en tête ne justifie évidemment pas d'introduire une négation.
https://books.google.fr/books?id=HSHMki ... &q&f=false
https://books.google.fr/books?id=NxGwSj ... &q&f=false
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- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Merci pour ces liens et les recherches que vous avez faites. Toutefois, les difficultés réelles du français étant nombreuses, je pense sincèrement que nous aurions tort de ne pas voir clairement une erreur dans « rarement... ne ». Sous votre deuxième lien, d'ailleurs, la phrase de La Nouvelle Revue du Son (Rarement produit ne nous a autant enthousiasmé... ) comporte de surcroit une faute d'orthographe : le participe y est privé de l'indispensable terminaison -s (antécédent « nous »).Leclerc92 a écrit :Je signale toutefois deux pages intéressantes qui montrent que la tournure qu'André79 nous a présentée, associant un "rarement" antéposé dans la phrase et un "ne" explétif, n'est pas isolée :Leclerc92 a écrit :Le fait de mettre "rarement" en tête ne justifie évidemment pas d'introduire une négation.
https://books.google.fr/books?id=HSHMki ... &q&f=false
https://books.google.fr/books?id=NxGwSj ... &q&f=false
Je souhaite à tous les télépapoteurs que notre belle langue leur apporte beaucoup de satisfactions en cette nouvelle année et qu'en tous domaines 2016 leur soit douce (non pas rarement, mais aussi souvent que possible !)
Je suis aussi d'avis que c'est une faute, mais beaucoup de tournures aujourd'hui acceptées ont commencé comme des fautes.
Grevisse mentionne cette tournure dans le Bon Usage, 12e édition, §977 R2, en la rapprochant comme je l'ai fait moi-même de la tournure équivalente avec "jamais" (tournure non fautive, celle-là) et cite des exemples de Vaudoyer et de Jean Daniel des années 70. Je n'ai pas trouvé d'exemples anciens de cette tournure qui est en plein développement. En voici quelques exemples tirés de livres récents :
-Rarement je n'ai vu le président aussi bavard
-Rarement, je n'ai compris aussi clairement combien la 'longue marche' en Chine, avec Jésus et mes hôtes Chinois, m'aidait à entendre cette famine et à écouter celles et ceux qui la vivent.
-Rarement nous n'aurons entendu autant de récriminations et rarement nous n'aurons autant marché dans les rues d'une ville.
-Par bonheur, rarement je n'avais cru aussi bien ni aussi complètement à ce que je disais.
-rarement nous n'avons eu de bulletins aussi copieux où l'abondance va de pair avec la qualité. (c'est de loin mon exemple le plus ancien, de 1939)
Hanse, souvent très libéral, écrit :
Colin est plus prolixe :
Grevisse mentionne cette tournure dans le Bon Usage, 12e édition, §977 R2, en la rapprochant comme je l'ai fait moi-même de la tournure équivalente avec "jamais" (tournure non fautive, celle-là) et cite des exemples de Vaudoyer et de Jean Daniel des années 70. Je n'ai pas trouvé d'exemples anciens de cette tournure qui est en plein développement. En voici quelques exemples tirés de livres récents :
-Rarement je n'ai vu le président aussi bavard
-Rarement, je n'ai compris aussi clairement combien la 'longue marche' en Chine, avec Jésus et mes hôtes Chinois, m'aidait à entendre cette famine et à écouter celles et ceux qui la vivent.
-Rarement nous n'aurons entendu autant de récriminations et rarement nous n'aurons autant marché dans les rues d'une ville.
-Par bonheur, rarement je n'avais cru aussi bien ni aussi complètement à ce que je disais.
-rarement nous n'avons eu de bulletins aussi copieux où l'abondance va de pair avec la qualité. (c'est de loin mon exemple le plus ancien, de 1939)
Hanse, souvent très libéral, écrit :
Girodet dit brièvement de même.Ne pas l'accompagner d'un ne qui fait contresens et serait normal avec jamais : Rarement la critique parisienne [ne] s'est pareillement déchaînée. La faute est courante.
Colin est plus prolixe :
Il y a, dans une des citations de Colin, une autre faute que je vous laisse le soin de repérer.Une faute fréquente consiste à employer avec cet adverbe la négation ne : Rarement l'esprit le plus traditionnel et le plus facile du Boulevard n'a passé ainsi à l'écran avec cette élégance (Mauriac). Rarement la poésie ne s'est mieux accordée avec le physique de son poète, que celle de Cadou avec lui-même (Ragon). Rarement, il est vrai, la vue d'un écritoire quelconque ne m'a réjoui le cœur (Perret). Cette « contamination » se présente souvent quand la phrase contient une liaison par [n] : Rarement on n'avait vu une telle affluence. Sans doute y a-t-il ici une influence du tour, équivalent quant au sens, ne... pas souvent. On suivra l'exemple qui est donné dans cette phrase : Les médecins admirent : rarement on a vu opération si bien faite (Simenon).
Dernière modification par Leclerc92 le sam. 02 janv. 2016, 11:13, modifié 1 fois.
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Merci, j'ai supprimé la citation qui n'avait pas sa place.
L'écritoire, eh oui. Dans le livre de Jacques Perret, "Cheveux sur la soupe", paru en 1954, la citation est telle que Colin l'écrit :
« Rarement, il est vrai, la vue d'un écritoire quelconque ne m'a réjoui le cœur. »
Curieusement, dans un numéro de la revue La Parisienne de 1953 qui présente ce même texte (peut-être juste un extrait, je n'ai pas accès au numéro entier), la phrase est écrite :
Rarement, il est vrai, la vue d'une écritoire quelconque ne m'a réjoui le cœur.
Visiblement, un correcteur n'a pas fait son travail dans l'une des deux publications !
L'écritoire, eh oui. Dans le livre de Jacques Perret, "Cheveux sur la soupe", paru en 1954, la citation est telle que Colin l'écrit :
« Rarement, il est vrai, la vue d'un écritoire quelconque ne m'a réjoui le cœur. »
Curieusement, dans un numéro de la revue La Parisienne de 1953 qui présente ce même texte (peut-être juste un extrait, je n'ai pas accès au numéro entier), la phrase est écrite :
Rarement, il est vrai, la vue d'une écritoire quelconque ne m'a réjoui le cœur.
Visiblement, un correcteur n'a pas fait son travail dans l'une des deux publications !
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- Inscription : jeu. 14 déc. 2017, 7:56
négation avec "rarement"
Rarement suivi ou non de "ne":
faut-il uniquement rechercher la faute ?
Rarement la ville aura été aussi peu polluée (= de temps à autre)
Rarement la ville n'aura été aussi peu polluée (= c'est exceptionnel)
Rarement nous avons eu des nouvelles aussi rassurantes (cela arrive)
Rarement nous n'avons eu des nouvelles aussi rassurantes (exception)
Il y a là l'expression d'une nuance: je pense qu'il ne faut pas jeter l'opprobre !
faut-il uniquement rechercher la faute ?
Rarement la ville aura été aussi peu polluée (= de temps à autre)
Rarement la ville n'aura été aussi peu polluée (= c'est exceptionnel)
Rarement nous avons eu des nouvelles aussi rassurantes (cela arrive)
Rarement nous n'avons eu des nouvelles aussi rassurantes (exception)
Il y a là l'expression d'une nuance: je pense qu'il ne faut pas jeter l'opprobre !
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- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Re: négation avec "rarement"
Bienvenue à vous, Philippe S.Philippe S a écrit :Rarement suivi ou non de "ne":
faut-il uniquement rechercher la faute ?
Rarement la ville aura été aussi peu polluée (= de temps à autre)
Rarement la ville n'aura été aussi peu polluée (= c'est exceptionnel)
Rarement nous avons eu des nouvelles aussi rassurantes (cela arrive)
Rarement nous n'avons eu des nouvelles aussi rassurantes (exception)
Il y a là l'expression d'une nuance: je pense qu'il ne faut pas jeter l'opprobre !
J'avais dit ci-dessus ce que je pensais de « rarement... ne... ». Je ne vois rien dans vos phrases qui puisse me faire changer d'avis. Pour moi, « Rarement la ville aura été aussi peu polluée » signifie que la ville n'est qu'exceptionnellement peu polluée, et non qu'elle le serait de temps à autre, c'est-à-dire un peu plus souvent. Les deux adverbes me paraissent très proches de sens.
Nous avions par ailleurs oublié d'associer rarement à l'adjectif qui l'a produit, rare : éprouve-t-on le besoin d'introduire une négation dans la phrase « Il est rare que la ville soit aussi peu polluée » ? Je me permets donc de reproduire ce qu'écrivait Leclerc92 ci-dessus :
Il est possible qu'il y ait une confusion inconsciente avec une phrase proche qui, elle, demande la négation :
"Jamais la température n'aura été aussi douce à Noël".
En ce qui concerne le temps qu'il fait, ce n'est pas forcément d'actualité ! Mais j'ai pareillement le sentiment assez net que les utilisateurs de « rarement... ne... » sont influencés à tort par « jamais... ne... ».
- Jacques-André-Albert
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- Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
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- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
On a aussi, parmi les formes négatives : « ne... guère... », « ne... point... », « ne... goutte... »... Il me semble qu'il a été question récemment de « ne... que... », dont je trouve discutable la valeur négative, sur FNBL.
Je découvre votre intervention, Jacques-André-Albert, au moment où je publie la mienne.
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