Bernard_M a écrit :Entendu ce soir sur plusieurs radios la notion de
légitime défense différée.
Il y a là quelque chose qui me surprend, quand on sait avec quelle précision est définie la
légitime défense :
une riposte adaptée avec des moyens en rapport avec ceux de l’agresseur et qui cesse dès que cesse l'attaque de celui-ci. Je perçois difficilement, dès lors, comment
la légitime défense peut être
différée...
Je pense que je ne suis pas le seul que cette nouvelle notion va intriguer...
Ne s'agit-il pas là encore de l'utilisation abusive et fautive d'un mot,
légitime défense, dont on ignore le sens ?
Je doute fort que des juristes soient à l'origine d'un tel concept, dont les médias vont se délecter et cela me parait tout aussi absurde et du même agabit que l'expression
à l'insu de mon plein gré, dont on se gargarise tant.
Claude votre avis sur cette question m'intéresserait.
![[clin d'oeil] :wink:](./images/smilies/icon_wink.gif)
Je reconnais l'existence d'un état de danger de mort permanent à vivre sous l'emprise d'une personne violente. La logique voudrait qu'une personne dans cette situation ait le loisir, en dehors des moments critiques, de s'enfuir ou de porter plainte.
Cependant, il me semble que plutôt que de créer la situation de "légitime défense différée", il faudrait se pencher sur la faiblesse des ressources dont dispose une personne dans la situation que j'ai décrite ci-dessus :
- Elle n'est pas écoutée (
il ne faut pas se mêler des affaires de couple),
- Elle n'est pas crue (
ce ne sont que de petites scènes de ménage qu'elle monte en épingle),
- Elle est engluée dans la notion de devoir (liens du mariage),
- Elle est paralysée par la crainte que lui inspire la personne violente,
- S'enfuir la mettrait dans une situation difficile financièrement (
revenu, logement...) et affectivement (
enfants)...
Pour toutes ces raisons, elle ne s'aventure pas à se tourner vers un refuge et elle ne porte pas plainte. À savoir que le conjoint violent peut être un notable quasi intouchable.
Pour revenir à la langue et à la logique dénuée de psychologie, la notion de légitime défense différée est une aberration .
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.