NAÎTRE

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André (G., R.)
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NAÎTRE

Message par André (G., R.) »

J'ergote peut-être à tort. Mais un nouveau titre m'étonne dans mon quotidien :
Le compositeur Henri Dutilleux est né il y a cent ans : conférence à Nantes
L'intéressé étant mort en 2013, j'aurais écrit « était né ».
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Leclerc92
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Message par Leclerc92 »

Ah diable ! Si j'écrivais "Mozart est né à Salzbourg en 1756", concluriez-vous qu'il est encore vivant ? :wink:
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Tout dépendrait du temps des verbes voisins. S'il s'agissait d'un récit au présent de narration, le passé composé « est né » s'imposerait, me semble-t-il : Mozart, qui est né en 1756, compose l'Enlèvement au sérail à l'âge de 26 ans... À cette restriction près, le plus-que-parfait « était né » me semble seul correct pour un personnage décédé. Le décès, s'il est avéré, ne peut être que passé ; et la naissance, nécessairement plus ancienne que le décès, demande d'être racontée au temps qui convient alors, le plus-que-parfait : Mozart, qui était né en 1756, composa l'Enlèvement au sérail à l'âge de 26 ans...
En lisant le titre dans mon journal, je me remémore la mort du compositeur en 2013, et la règle de la concordance des temps m'amène assez naturellement à l'esprit la phrase Le compositeur Henri Dutilleux, qui est mort en 2013, était né il y a cent ans.
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Leclerc92
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Message par Leclerc92 »

André (G., R.) a écrit : À cette restriction près, le plus-que-parfait « était né » me semble seul correct pour un personnage décédé. Le décès, s'il est avéré, ne peut être que passé ; et la naissance, nécessairement plus ancienne que le décès, demande d'être racontée au temps qui convient alors, le plus-que-parfait : Mozart, qui était né en 1756, composa l'Enlèvement au sérail à l'âge de 26 ans...
Quand on raconte la vie d'un personnage mort, toutes les actions sont du passé et on emploie plutôt une succession de passés simples, qui sont le temps idéal du récit. On écrira ainsi : Mozart, qui naquit en 1756, composa l'Enlèvement au sérail à l'âge de 26 ans...
Ce passé simple peut souvent être remplacé par le passé composé "est né".
https://books.google.fr/books?id=urtcAA ... sa&f=false
https://books.google.fr/books?id=8akPAA ... sa&f=false

Je ne crois pas qu'il soit nécessaire d'indiquer par un temps spécial l'antériorité de l'événement-naissance, bien que naturellement, ce soit aussi possible. Mais il est certain que dans la narration d'une succession d'événements, c'est la succession même qui indique l'ordre dans lequel les choses se sont passées : Mozart naquit ..., il composa ..., il mourut...
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Leclerc92 a écrit :Quand on raconte la vie d'un personnage mort, toutes les actions sont du passé et on emploie plutôt une succession de passés simples, qui sont le temps idéal du récit. On écrira ainsi : Mozart, qui naquit en 1756, composa l'Enlèvement au sérail à l'âge de 26 ans...
Je trouve que cette phrase ne respecte pas la règle de la concordance des temps.
Je ne vois aucun inconvénient à formuler ainsi : Mozart naquit en 1756, il composa l'Enlèvement au sérail à l'âge de 26 ans... : succession d'évènements passés considérés dans l'ordre chronologique, vous l'avez dit.
Or dans la phrase Mozart, qui naquit en 1756, composa l'Enlèvement au sérail à l'âge de 26 ans..., « Mozart » constitue le début de la principale (fractionnée) et amène un verbe au passé simple (composa) ; dans la subordonnée commençant par qui on considère un élément plus ancien (la naissance) que celui de la principale, pour lequel je me sens obligé d'utiliser le plus-que-parfait, parce que la subordonnée relative crée un lien avec la principale et attire l'attention sur la non concomitance des faits racontés dans l'une et l'autre. Que l'évènement le moins ancien soit raconté au passé composé, au passé simple ou à l'imparfait (qui n'ont toutefois pas la même valeur) ne me semble rien changer à l'affaire :
L'enfant mangea sa soupe, sa mère l'avait exigé.
L'enfant mangeait sa soupe, sa mère l'avait exigé.
L'enfant a mangé sa soupe, sa mère l'avait exigé.
L'exigence de la mère est antérieure à l'acte de manger, lui-même passé.
Pour une personne décédée, je l'ai dit, je pense à « mort/e » (ou d'ailleurs à « décédé/e »), c'est-à-dire à « qui est mort/e » ou « qui est décédé/e » (passés composés mis en valeur).
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Leclerc92
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Message par Leclerc92 »

André (G., R.) a écrit :L'enfant mangea sa soupe, sa mère l'avait exigé.
L'enfant mangeait sa soupe, sa mère l'avait exigé.
L'enfant a mangé sa soupe, sa mère l'avait exigé.
L'exigence de la mère est antérieure à l'acte de manger, lui-même passé.
La raison en est que l'ordre anti-chronologique adopté pour ces phrases exige une précision de temps.
Mais si l'on adopte l'ordre chronologique, ce n'est ni nécessaire, ni l'usage.
Sa mère exigea qu'il mange(ât) sa soupe, l'enfant la mangea
Sa mère a exigé qu'il mange(ât) sa soupe, l'enfant l'a mangée.

Par ailleurs, on s'éloigne de la simple constatation initiale : Le compositeur Henri Dutilleux est né il y a cent ans : conférence à Nantes.

Attendons d'autres avis, car nous semblons différer sur ce point.
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Islwyn
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Message par Islwyn »

Je comprends mal ces échanges.
« Mozart est né... », n'est-ce pas l'exact équivalent de « Mozart naquit » ? Tout comme « Mozart est mort » l'est de « Mozart mourut » ?
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André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Pour moi non. Je n'imagine le passé simple naquit que pour une personne décédée, le passé composé est né ne me semble bien convenir que pour un vivant.
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Perkele
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Re: NAÎTRE

Message par Perkele »

André (G., R.) a écrit :J'ergote peut-être à tort. Mais un nouveau titre m'étonne dans mon quotidien :
Le compositeur Henri Dutilleux est né il y a cent ans : conférence à Nantes
L'intéressé étant mort en 2013, j'aurais écrit « était né ».
Avec "était né", je ne comprends pas qu'il est mort, mais qu'il n'est plus né... étrange. :roll:
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
André (G., R.)
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Re: NAÎTRE

Message par André (G., R.) »

Perkele a écrit :Avec "était né", je ne comprends pas qu'il est mort, mais qu'il n'est plus né... étrange. :roll:
Étrange, en effet ! L'affaire se complique !
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Perkele
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Message par Perkele »

André (G., R.) a écrit :Pour moi non. Je n'imagine le passé simple naquit que pour une personne décédée, le passé composé est né ne me semble bien convenir que pour un vivant.
Naître est une action brève ; dans le passé, elle se traduit par le passé simple qui malheureusement est en voie de disparition et remplacé par le passé composé. Je n'éprouverais aucune honte à vous narrer que je naquis en xxx et que j'obtins mon bachot en xxx.

En revanche le plus-que-parfait exprime une action qui a duré et qui est terminée au moment où se passe une autre action du passé dont on parle. Ex : Quand vint le soir, ils avaient tout rangé.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Je suis obligé de vous contredire, Perkele, en ce qui concerne la durée de l'action exprimée au plus-que-parfait. Il s'utilise aussi bien pour des actions ponctuelles :
Les voisins m’ont dit que l’arbre était tombé.
Elle avait fini son travail et lisait tranquillement.
L'homme que j'avais aperçu était chauve.
Il me semble que la seule certitude concernant l'emploi de ce temps concerne l'antériorité de l'action décrite par comparaison avec une autre action elle-même passée.

Pour ce qui est du passé simple, je ne pense évidemment pas qu'il soit réservé à des actions concernant les personnes décédées. Ce que j'en ai dit ne valait que pour naître : si vous tapez X naquit en... sur votre fournisseur d'accès, on ne vous proposera guère que des phrases illustrant cette habitude des écrivains, qui n'est certes pas une règle.
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