Dépendant du/au

[Perkele]

Il va de soi qu'on est dépendant de ses parents, de son emploi, de ses choix... mais qu'en est-il lorsqu'il s'agit d'une accoutumance ? Est-on dépendant "du tabac" ou "au tabac" ?

[Leclerc92]

Je n'ose vous proposer de dire "addict au tabac" pour contourner la difficulté !
Mais comme dépendance (et dépendant) a pris le sens que nous savons pour plus ou moins remplacer addiction, assujettissement, soumission, sensibilité, asservissement, sujétion lesquels demandent tous la préposition "à", "dépendance" et "dépendant" dans ce sens nouveau prennent aussi la préposition "à", me semble-t-il.

[André (G., R.)]

Toxicomanie, tabagisme, alcoolisme sont aussi des assuétudes : le terme est certes un peu vieillot et met davantage en cause le comportement de la personne dépendante que dépendance, mais il a l'avantage de la précision. Addiction a la même précision, mais c'est un anglicisme. Je ne vois pas d'inconvénient (linguistique !) à dire d'un alcoolique qu'il est dépendant à l'alcool.

[Islwyn]

Se souvient-on des échanges que voici :
http://www.achyra.org/francais/viewtopi ... e&ie=utf-8
?
Notre regretté Jacques y exprime franchement son avis.

[André (G., R.)]

Merci.
Cette fois nous n'avons pas encore évoqué l'adjectif (susceptible d'être substantivé) accro. Il est ressenti comme familier pour au moins deux raisons : c'est l'abréviation par apocope, me semble-t-il, d'accroché, mais ce participe n'est pas ou guère attesté avec l'acception de son abréviation. Toutefois accro (à la cigarette par exemple) ne me choque pas.

[Astragal]

J'ai effectué des recherches dans des livres pour voir si une tendance se dégageait :

• dépendance du tabac (8 résultats)
  dépendance au tabac (1 240 résultats)

L'écart est moins flagrant avec le mot dépendant au lieu de dépendance.

J'ai fait la même recherche sur tout l'internet et, là, la différence entre du et au est moins marquée :

• dépendance du tabac = 11 300 résultats
  dépendance au tabac = 46 200 résultats

Ces chiffres ne démontrent pas grand-chose, hormis peut-être une préférence pour dépendant au tabac.

[André (G., R.)]

Dépendant de s'emploie depuis très longtemps sans rapport avec les assuétudes : À 18 ans il est encore très dépendant de ses parents. On voit bien l'idée qu'a reprise le vocabulaire de la toxicomanie, celle de ne pas pouvoir se passer de... Mais on est frappé aussi par le fait que la dépendance vis-à-vis des parents peut-être relativisée (encore, très) quand c'est moins envisageable pour la toxicomanie. C'est sans doute la raison du choix de la préposition à introduisant le complément concernant ce dernier domaine : le cultivateur de tabac est dépendant du tabac qu'il vend, sans être forcément dépendant au tabac.
Malheureusement addict se rencontre de plus en plus souvent au sens figuré ou, pour le moins, dans un sens atténué. Il n'est pas impossible d'entendre par exemple Elle est complètement addict à ses poupées. On imagine mal, alors, de remplacer addict (qui, soit dit en passant, ne figure pas dans le Larousse de 2016) par dépendante, me semble-t-il, tandis qu'accro peut convenir.
Je promouvrais volontiers dépendant à et accro à.

[Perkele]

Merci pour tous ces avis.

D'une part, j'évite les anglicismes et, d'autre part "accro à" me semble un peu désinvolte. Je l'ai néanmoins employé dans ce texte où cette idée revenait souvent.