Doute concernant le ne explétif

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jofra
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Doute concernant le ne explétif

Message par jofra »

Bonjour,

Je doute du "ne explétif" dans cette phrase:

Elle poursuit en précisant qu’en attendant que le marché ne reprenne de la vigueur.

Qu'en pensez-vous?

Merci!
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Perkele
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Message par Perkele »

La phrase n'est pas finie ?
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
jofra
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Message par jofra »

Je suis désolée...

Voici la phrase :

Elle poursuit en précisant qu’en attendant que le marché ne reprenne de la vigueur, une grande partie des matières recyclables récupérées sont acheminées dans des entrepôts.

Merci!
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Jacques
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Message par Jacques »

Dans cette construction le NE est fautif. En effet, ce ne explétif ne s'emploie qu'avec des verbes ou locutions exprimant le doute, la crainte, la précaution, l'empêchement... : craindre, avoir peur, redouter, empêcher, éviter, douter, nier, de peur que, évitez, prenez garde... ou après des comparatifs d'inégalité : davantage, plus, moins, mieux, meilleur, pire, moindre, ou dans des propositions temporelles introduites par avant que : dépêche-toi de partir avant qu'il ne vienne.
Dans votre phrase il n'y a aucun de ces cas.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Jacques
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Message par Jacques »

Je vous ai cité Pièges et difficultés, Bordas, Robert. Ce que j'y ai trouvé est confirmé par l'Académie française :
Ne s'emploie aussi sans valeur négative. On dit alors qu'il est explétif. Sa présence, bien qu'elle ne soit pas nécessaire à la correction grammaticale, est recommandée dans la langue soutenue. Dans les propositions qui suivent un verbe exprimant la crainte ou l'empêchement. Je crains qu'il ne vienne. Je redoute qu'il ne crée encore quelque difficulté. Empêchez qu'il ne tombe. Après les locutions conjonctives à moins que, avant que, depuis que, sans que. Finissez votre ouvrage avant qu'il ne revienne. À moins qu'il ne renonce. Il ne vient jamais sans qu'on ne l'en ait prié plusieurs fois ou, dans la langue classique, Il ne vient jamais qu'on ne l'en ait prié plusieurs fois. On dit de même Voilà longtemps que je ne l'ai vu. Dans des phrases qui expriment la comparaison, après plus que, moins que, mieux que et autre que. Il est plus riche, il est meilleur qu'on ne le dit. Vous écrivez mieux que vous ne parlez. C'est autre chose que je ne croyais, je n'aurais pas cru que ce fût ainsi. C'est plus qu'il ne m'en faut. D'une façon générale, dans des propositions conjonctives où il n'y a pas de négation mais qui sont entendues dans un contexte négatif. Il s'en est fallu de peu qu'il ne réussisse. Personne ne doutait qu'il ne fît semblant. Nierez-vous qu'il n'y soit parvenu ?
Je vous fais grâce de la longue explication de Littré, qui rejoint celles des spécialistes nommés ci-dessus et de l'Académie.
Grevisse expose les données que je cite plus haut, et ajoute qu'on l'emploie aussi : « Avec les locutions conjonctives avant que, sans que, et encore après à moins que, n'avoir de cesse que, il s'en faut que, peu s'en faut que. » Voilà donc six spécialistes reconnus et écoutés qui excluent en attendant que.
Dernière modification par Jacques le jeu. 15 janv. 2009, 9:11, modifié 1 fois.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Un « bel » exemple, me semble-t-il, de « ne » explétif fautif dans mon journal :
Ce serait une catastrophe qu'un type comme Trump ne devienne président des États-Unis.
Je me permettrai à ce sujet un jugement personnel. L'Académie française recommande (cf. ci-dessus, l'intervention de Jacques du 6 janvier 2009) ce « ne » explétif « dans la langue soutenue » en certaines circonstances. Elle devrait ajouter qu'on est sûr de ne commettre toutefois aucune erreur à ne jamais l'utiliser.
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Leclerc92
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Message par Leclerc92 »

Indubitablement fautif, symptomatique d'une hypercorrection : le rédacteur a dans un coin de sa tête le "ne" explétif utilisé avec les verbes de crainte et il a assimilé "ce serait une catastrophe que" avec "on redoute que, on craint que".
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

J'ai noté ce faux  « ne » explétif issu de la bouche d'un de nos ministres il y a quelques jours. Je m'étais amusé en constatant qu'il disait le contraire de ce qu'i voulait exprimer.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
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Leclerc92
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Message par Leclerc92 »

Peut-être pas tout à fait, car pour exprimer correctement le contraire, il faut quand même ajouter le "pas" :
Ce serait une catastrophe qu'un type comme Trump ne devienne pas président des États-Unis.
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