On nous dit que quatre personnes ont été blessées à cause de la fumée.
En vérifiant dans le dictionnaire de l’Académie française, je constate qu'une blessure est une « Lésion produite en un point du corps par un coup ou un choc ». Si maintenant la fumée blesse, jusqu'où ira-t-on ?
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
Je trouve aussi que le terme n'est pas approprié, mais il est difficile de savoir ce que le journaliste entend par « blessé ».
Bien que je ne sois pas qualifié en la matière, je n'écarterais pas totalement la possibilité qu'une fumée puisse « blesser ».
CHU de Rouen a écrit :Lésion par inhalation de fumée
Synonyme CISMeF : traumatisme par inhalation fumée; Lésion pulmonaire d'inhalation de fumée; Brûlures pulmonaires par inhalation de fumée; Lésions d'inhalation de fumée; blessure par inhalation de fumée; lésion par inhalation de fumées;
Traduction automatique contrôlée du MeSH : blessure pulmonaire suite à inhalation de fumée toxique provenant de la combustion de substances plastiques, synthétiques, de construction etc. Cette blessure est la cause de morbidité la plus fréquente chez les patients brûlés.;
J'éviterais aussi de dire que quelqu'un est blessé par de la fumée. Mais dans la phrase du journaliste je remarque « à cause de » : et si la fumée avait provoqué par exemple des chutes, qui elles-mêmes auraient entraîné d'authentiques blessures ?
Les journalistes ont probablement relayé des mots, comme toujours lorsqu'ils n'accèdent pas directement à la source. Au lieu de nous fournir de l'information, ils laissent libre cours à notre imagination et, par là, ils laissent la porte ouverte à la rumeur.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
Ces "blessés à cause de la fumée" nous semblent effectivement bizarres. Mais que fallait-il dire ?
Il arrive qu'on ne sache pas exactement quel mot employer, et la langue française n'offre pas toujours un vocabulaire complet pour toutes les situations.
La fumée cause des lésions, mais on ne peut pas dire des lésés à cause de la fumée. Parler de victimes risque de faire passer pour morts ceux qui ne sont qu'hospitalisés.
Sur les quatre personnes touchées, il semble que trois vacanciers ont été "incommodés/intoxiqués" (selon les médias) par des inhalations de fumées sans gravité, et un pompier a été blessé (sans autre précision).
Peut-être devait-on se contenter de dire que quatre personnes avaient été hospitalisées à cause de leur exposition à la fumée ?
Intoxiqués par la fumée aurait parfaitement convenu.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
En fait, comme je le supposais plus haut, seuls trois des quatre "blessés" ont été intoxiqués par la fumée, légèrement d'ailleurs ; le quatrième, un pompier, a été blessé à cause d'une chute.
C'est le fait de rassembler dans une même phrase les différentes "victimes" qui a produit l'impropriété constatée.
Jacques-André-Albert a écrit :Intoxiqués par la fumée aurait parfaitement convenu.
Non, car l'on peut mourir d'une intoxication.
La toxicité est la mesure de la capacité d’une substance à provoquer des effets néfastes et mauvais pour la santé ou la survie chez toute forme de vie. (Wikipedia)
Donc cela va d'une lésion bénigne à la mort.
Lorsque l'on parle de pertes militaires, il y a des morts et des blessés. Cela suppose que la catégorie "blessés" regroupe toutes sortes de bobos, y compris des intoxications.
Quelle richesse de vocabulaire ! La généralisation de l'emploi du français a été un bien d'un côté, mais de l'autre, quelle perte !
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
Le parler d'Oléron est clairement en zone d'oïl. Malgré la distance, des mots sont proches de leurs correspondants en patois sarthois et certains sont identiques. Toutefois la majorité les entrées de cette liste impressionnante ne me dit rien.
"Abattis" est du français, il me semble. J'ai toujours entendu l'expression "numérote tes abattis" (que ma grand-mère m'avait expliquée) quand deux garçons se menaçaient d'en venir aux mains.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
On le disait aussi chez moi.
C'est une constatation qu'on peut faire dans beaucoup de glossaires de dialectes/patois : il s'y mêle parfois des mots ou expressions qu'on trouve ailleurs, voire partout ailleurs.
Bien entendu, les mots et expressions de cette liste attestés tels quels dans les dictionnaires de français de 2016 sont rares, mais on trouve dans ladite liste beaucoup de simples prononciations locales, par exemple, à l'entrée Paraître (se), « Ô s'parait minmes pas qu'ô l'a mouillé » pour « Il se paraît même pas qu'il a mouillé » (On ne voit même pas qu'il a plu). On n'a pas affaire à du français standard contemporain, mais j'aurais, pour ainsi dire, mauvaise conscience à ne pas voir dans un tel parler une sorte de variante locale historique de notre langue.