C'est que « infinitus est numerus stultorum ». J'ai mal manipulé le texte que je cherchais à citer, et j'en suis resté à quia. Heureusement que ma bêtise n'ait été que temporaire !Claude a écrit :Mais encore ?
Grand-tante
- Jacques-André-Albert
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Villon, au milieu du quinzième siècle, était conscient du changement de langue, lui qui a écrit sa « Ballade en vieil langage françois »Islwyn a écrit :Mais que recouvre l’expression « l’ancien français »?
Les spécialistes situent vers 1340 la séparation entre l'ancien français et le moyen français, admettant quand même tout ce qu'a de factice l'imposition d'une date précise. Pour Ménage, on peut penser que tout ce qui précédait le « français classique » était de l'« ancien français ».
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
(Montaigne - Essais, I, 24)
- Islwyn
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Inutile, peut-être, de rappeler ce que pensait Montaigne de cette langue qu'il savait écrire avec tant de finesse :
« J’escris mon livre pour peu d’hommes et pour peu d’années. Si cela avait esté une matiere destinée à durer, il aurait fallu la confier à une langue plus stable. D’après la variation continuelle qui a accompagné la nostre jusqu’à l’heure actuelle, qui peut esperer que sa forme actuelle sera en usage dans cinquante ans d’ici ? Depuis que je vis elle a changé pour la moitié. »
(Essais, III ix, écrit donc entre 1580 et 1588)
On peut parler ici de la « fin » du moyen français ; Malherbe viendra bientôt tout bouleverser.
« J’escris mon livre pour peu d’hommes et pour peu d’années. Si cela avait esté une matiere destinée à durer, il aurait fallu la confier à une langue plus stable. D’après la variation continuelle qui a accompagné la nostre jusqu’à l’heure actuelle, qui peut esperer que sa forme actuelle sera en usage dans cinquante ans d’ici ? Depuis que je vis elle a changé pour la moitié. »
(Essais, III ix, écrit donc entre 1580 et 1588)
On peut parler ici de la « fin » du moyen français ; Malherbe viendra bientôt tout bouleverser.
Quantum mutatus ab illo
- Jacques-André-Albert
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Heureusement pour nous, un minimum de culture et de pratique du moyen français font que cette langue nous reste accessible, même dans l'orthographe de l'époque, ce qui n'est pas le cas de l'ancien français.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
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- Yeva Agetuya
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http://www.lexilogos.com/serments_strasbourg.htm
- Pro Deo amur et pro christian poblo et nostro commun
salvament, d'ist di in avant, in quant Deus
savir et podir me dunat, si salvarai eo
cist meon fradre Karlo et in aiudha
et in cadhuna cosa, si cum om per dreit son
fradra salvar dift, in o quid il mi altre-
si fazet et ab Ludher nul plaid nunquam
prindrai qui, meon vol, cist meon fradre
Karle in damno sit.
-
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La version sous votre lien, Yeva Agetuya, comporte une petite faute de copie, assez fréquente pour ce genre de texte : un F a été substitué à un S à la ligne 6 (dift au lieu de dist, doit).
À l'entrée adiudha du Wiktionnaire, je trouve ceci :
Pro Deo amur et pro christian poblo et nostro commun salvament, dist di in avant, in quant Deus savir et podir me dunat, si salvaraeio cist meon fradre Karlo, et in adiudha et in cadhuna cosa, si cum om per dreit son fradra salvar dist, in o quid il mi altresi fazet; et ab Ludher nul plaid numquam prindrai, qui meon vol, cist meon fradre Karle in damno sit. — (Serments de Strasbourg)
Pour l’amour de Dieu et pour le peuple chrétien et notre commun salut, à partir de ce jour, autant que Dieu me donnera savoir et pouvoir, je défendrai mon frère Charles par mon aide et en toute chose, comme on doit de droit secourir son frère, pourvu qu’il fasse de même pour moi, et je ne prendrai jamais avec Lothaire aucun plaid qui, de ma volonté, soit dommageable à mon frère Charles.
Dans « prendre un plaid », « plaid » pourrait être apparenté à plaidoyer et j'imagine que l'expression pourrait signifier « faire un procès », « traîner en justice » ?
Sans rapport avec cela. Islwyn, vous vous le rappelez peut-être, j'avais appris seulement après plusieurs mois et avec étonnement que vous n'étiez pas locuteur natif du français. J'espère donc que vous ne m'en voudrez pas si je reviens sur une phrase que vous nous avez proposée ci-dessus : Heureusement que ma bêtise n'ait été que temporaire ! Avez-vous une idée de ce qui me pousse à cette démarche ?
À l'entrée adiudha du Wiktionnaire, je trouve ceci :
Pro Deo amur et pro christian poblo et nostro commun salvament, dist di in avant, in quant Deus savir et podir me dunat, si salvaraeio cist meon fradre Karlo, et in adiudha et in cadhuna cosa, si cum om per dreit son fradra salvar dist, in o quid il mi altresi fazet; et ab Ludher nul plaid numquam prindrai, qui meon vol, cist meon fradre Karle in damno sit. — (Serments de Strasbourg)
Pour l’amour de Dieu et pour le peuple chrétien et notre commun salut, à partir de ce jour, autant que Dieu me donnera savoir et pouvoir, je défendrai mon frère Charles par mon aide et en toute chose, comme on doit de droit secourir son frère, pourvu qu’il fasse de même pour moi, et je ne prendrai jamais avec Lothaire aucun plaid qui, de ma volonté, soit dommageable à mon frère Charles.
Dans « prendre un plaid », « plaid » pourrait être apparenté à plaidoyer et j'imagine que l'expression pourrait signifier « faire un procès », « traîner en justice » ?
Sans rapport avec cela. Islwyn, vous vous le rappelez peut-être, j'avais appris seulement après plusieurs mois et avec étonnement que vous n'étiez pas locuteur natif du français. J'espère donc que vous ne m'en voudrez pas si je reviens sur une phrase que vous nous avez proposée ci-dessus : Heureusement que ma bêtise n'ait été que temporaire ! Avez-vous une idée de ce qui me pousse à cette démarche ?
- Islwyn
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- Localisation : Royaume-Uni (décédé le 9 mars 2018)
Oh ! Vous savez, au moment de taper cette phrase-là, j'ai été conscient que quelque chose clochait ! Je pensais sans doute « je suis heureux... » tout en écrivant « Heureusement que... », d'où le subjonctif intempestif.André (G., R.) a écrit : je reviens sur une phrase que vous nous avez proposée ci-dessus : Heureusement que ma bêtise n'ait été que temporaire ! Avez-vous une idée de ce qui me pousse à cette démarche ?
![[lève les yeux] :roll:](./images/smilies/icon_rolleyes.gif)
Quantum mutatus ab illo
Cf. l'histoire controversée :André (G., R.) a écrit :Dans « prendre un plaid », « plaid » pourrait être apparenté à plaidoyer et j'imagine que l'expression pourrait signifier « faire un procès », « traîner en justice » ?
https://books.google.fr/books?id=C0IyAQ ... EQ6AEIPTAGAinsi, on a prétendu récemment que le tour trois fois centenaire « ne rêver que plaies et bosses » résultait d'une confusion orthographique et que l'on devrait écrire « ne rêver que plaids et bosses ».
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Rien à ajouter, en ce qui me concerne !Islwyn a écrit :Oh ! Vous savez, au moment de taper cette phrase-là, j'ai été conscient que quelque chose clochait ! Je pensais sans doute « je suis heureux... » tout en écrivant « Heureusement que... », d'où le subjonctif intempestif.André (G., R.) a écrit : je reviens sur une phrase que vous nous avez proposée ci-dessus : Heureusement que ma bêtise n'ait été que temporaire ! Avez-vous une idée de ce qui me pousse à cette démarche ?
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- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Merci, Leclerc92. Tapant « plaid » sur mon fournisseur d'accès, je n'ai rien obtenu. Je suis peut-être en cause.Leclerc92 a écrit :Cf. l'histoire controversée :André (G., R.) a écrit :Dans « prendre un plaid », « plaid » pourrait être apparenté à plaidoyer et j'imagine que l'expression pourrait signifier « faire un procès », « traîner en justice » ?https://books.google.fr/books?id=C0IyAQ ... EQ6AEIPTAGAinsi, on a prétendu récemment que le tour trois fois centenaire « ne rêver que plaies et bosses » résultait d'une confusion orthographique et que l'on devrait écrire « ne rêver que plaids et bosses ».
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Ô rage ! ô désespoir ! La version du Serment de Strasbourg que j'ai empruntée ci-dessus au Wiktionnaire comporte aussi une faute, à la première ligne : on y trouve dist au lieu de d'ist. Je crois que dist est devenu soit « dit » soit « doit » en français moderne, tandis que d'ist... signifie « de ce... » ou « de cette... », la parenté entre ist et le démonstratif latin iste ne faisant pas de doute.
- Islwyn
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La page de Wikipédia donne également le texte « germanique » que je n'ai jamais vu auparavant :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Serments_de_Strasbourg
https://fr.wikipedia.org/wiki/Serments_de_Strasbourg
Quantum mutatus ab illo
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- Islwyn
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Tant qu'on est là, la Séquence ou Cantilène de Sainte Eulalie du même siècle est d'un grand intérêt. Je viens de la relire pour la première fois depuis cinquante ans :
https://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9qu ... te_Eulalie
https://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9qu ... te_Eulalie
Quantum mutatus ab illo