Paon, faon, taon, Laon
- Perkele
- Messages : 12915
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
- Localisation : Deuxième à droite après le feu
Paon, faon, taon, Laon
Je viens de me souvenir que ces mots "paon, faon, taon, Laon" que j'avais appris à prononcer "pan, fan, tan, Lan" étaient prononcés en Lorraine "pon; fon, ton, Lon"
Qui a tort qui a raison ?
Qui a tort qui a raison ?
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
- Jacques-André-Albert
- Messages : 4645
- Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
- Localisation : Niort
-
- Messages : 7437
- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Je tombe des nues ! Je n'imaginais pas autre chose que [ɑ̃] (an) pour ces mots.
Mettons-nous à la place de ceux qui apprennent le français en langue étrangère. S'il y a de pareilles différences en France métropolitaine, que doivent-ils penser de la prononciation canadienne des trois nasales [ɑ̃], [ɛ̃] (in) et [ɔ̃] (on), que je peine parfois à différencier dans la bouche de locuteurs de la Belle Province ? Les Québécois ont toutefois pour eux de distinguer encore [œ̃] (un) et [ɛ̃].
Mettons-nous à la place de ceux qui apprennent le français en langue étrangère. S'il y a de pareilles différences en France métropolitaine, que doivent-ils penser de la prononciation canadienne des trois nasales [ɑ̃], [ɛ̃] (in) et [ɔ̃] (on), que je peine parfois à différencier dans la bouche de locuteurs de la Belle Province ? Les Québécois ont toutefois pour eux de distinguer encore [œ̃] (un) et [ɛ̃].
- Yeva Agetuya
- Messages : 2538
- Inscription : lun. 22 juin 2015, 1:43
Re: Paon, faon, taon, Laon
En latin : pavonis, fetonis, tabonis, LugduniPerkele a écrit :Je viens de me souvenir que ces mots "paon, faon, taon, Laon" que j'avais appris à prononcer "pan, fan, tan, Lan" étaient prononcés en Lorraine "pon; fon, ton, Lon"
Qui a tort qui a raison ?
Ce sont les Lorrains qui ont raison.
-
- Messages : 7437
- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Je suppose que vous vous fondez, Yeva Agetuya, sur les séquences O N que comportent les étymons latins. Mais elles ne se prononçaient pas [ɔ̃] (on), on (!) en est à peu près certain. Lorsqu'on est passé de pavonis à paon (première attestation en 1265 selon le Robert DHLF), le son vocalique unique du mot peut aussi avoir résulté de la suppression de la terminaison -is, de la disparition du V et du maintien du A. Mais surtout l'oral précède souvent l'écrit : c'est sans doute parce que la prononciation majoritaire était [pɑ̃] que le maintien graphique du A s'est imposé.
- Astragal
- Messages : 482
- Inscription : dim. 03 avr. 2016, 0:55
- Localisation : Près d’un champ de Marguerite
Dans l'article Faon, paon et taon de la BDL et dans la page taon du Wiktionnaire, je découvre taon s'est également prononcé ta-on.
C’est très bien. J’aurai tout manqué, même ma mort. (Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac)
- Yeva Agetuya
- Messages : 2538
- Inscription : lun. 22 juin 2015, 1:43
- Islwyn
- Messages : 1492
- Inscription : sam. 16 févr. 2013, 12:09
- Localisation : Royaume-Uni (décédé le 9 mars 2018)
TLFi s.v. faon :
« Faon (lat. fetone) a subi l'influence de paon (lat. pavone) et de taon (lat. tabone) ce qui explique la présence de a. Dans ces mots, il y a eu synérèse de [a] et [ɔ̃] en [ɑ̃] au profit de la nuance de la voyelle initiale par suite de la disparition d'une consonne intervocalique (cf. BOURC. 1967, § 91). Au XVIe s., on a écrit fan, pan, tan comme on écrit toujours flan (lat. fladone) dans lequel il n'y a pas eu de correction étymol. Taon a été longtemps prononcé [tɔ̃] et l'on peut encore rencontrer des hésitations à son sujet selon les provinces. Mais paon et faon sont prononcés exclusivement [pɑ̃], [fɑ̃] (cf. MART. Comment prononce 1913, p. 133, 134; BUBEN 1935, § 85). On comparera ces mots d'usage cour. à d'autres plus rares, du type machaon, pharaon dans lesquels la prononc. s'accorde avec la graph.; également, à certains toponymes comme Raon (-L'Étape-sur-Plaine, etc.); au contraire la ville de Laon se prononce [lɑ̃]. Dans les dérivés où la syll. est dénasalisée on prononce [a] : paonne [pan], paonneau [pano], faonne [fan], faonner [fane], faonneau [fano]. »
On remarquera a subi l'influence de... : c'est l'analogie qui joue.
« Faon (lat. fetone) a subi l'influence de paon (lat. pavone) et de taon (lat. tabone) ce qui explique la présence de a. Dans ces mots, il y a eu synérèse de [a] et [ɔ̃] en [ɑ̃] au profit de la nuance de la voyelle initiale par suite de la disparition d'une consonne intervocalique (cf. BOURC. 1967, § 91). Au XVIe s., on a écrit fan, pan, tan comme on écrit toujours flan (lat. fladone) dans lequel il n'y a pas eu de correction étymol. Taon a été longtemps prononcé [tɔ̃] et l'on peut encore rencontrer des hésitations à son sujet selon les provinces. Mais paon et faon sont prononcés exclusivement [pɑ̃], [fɑ̃] (cf. MART. Comment prononce 1913, p. 133, 134; BUBEN 1935, § 85). On comparera ces mots d'usage cour. à d'autres plus rares, du type machaon, pharaon dans lesquels la prononc. s'accorde avec la graph.; également, à certains toponymes comme Raon (-L'Étape-sur-Plaine, etc.); au contraire la ville de Laon se prononce [lɑ̃]. Dans les dérivés où la syll. est dénasalisée on prononce [a] : paonne [pan], paonneau [pano], faonne [fan], faonner [fane], faonneau [fano]. »
On remarquera a subi l'influence de... : c'est l'analogie qui joue.
Quantum mutatus ab illo
-
- Messages : 7437
- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Merci, Islwyn.Islwyn a écrit :synérèse de [a] et [ɔ̃] en [ɑ̃] au profit de la nuance de la voyelle initiale
La synérèse est la « fusion de deux voyelles contiguës en une seule syllabe » (Larousse) (pour « hier », sa prononciation [jɛr] en représente une par rapport au [ijɛr] standard). « Paon » a donc été prononcé « pa-on », puis « pan ». (Je me permets de fournir ce supplément d'explications pour d'éventuels lecteurs peu familiers de l'alphabet phonétique international... ou de la synérèse !)