Les pléonasmes
Je ne vois pas de pléonasme dans monter au sommet ou sur le sommet, car je peux très bien monter dans la montagne sans aller jusqu'à son sommet, en m'arrêtant à mi-pente ou sur la crête militaire... La précision au sommet ne me parait donc pas superfétatoire.Claude a écrit : monter au sommet, lui-même étant un pléonasme ; dommage !
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Si une maison a un étage et un rez-de-chaussée et que l'on dise au rez-de-chaussée « Je vais monter en haut », le pléonasme me semble incontestable et critiquable.
Si la maison a deux étages, je ne pense pas que l'on puisse critiquer « monter au premier », puisque « aller au premier » pourrait avoir nombre d'autres sens et que l'on peut « descendre au premier »... si l'on est au second !
Pour la tour Eiffel, on dispose d'« aller tout en haut », qui me paraît préférable à « monter tout en haut ». Mais, vous l'avez dit, « tout en haut » est plus précis qu'« en haut » : je trouve donc moi aussi peu gênant ce pléonasme... atténué.
J'essaie aussi de penser à dire « aller au sommet » d'une montagne ou d'une colline, mais le verbe n'a pas la connotation d'effort de « monter ».
Si la maison a deux étages, je ne pense pas que l'on puisse critiquer « monter au premier », puisque « aller au premier » pourrait avoir nombre d'autres sens et que l'on peut « descendre au premier »... si l'on est au second !
Pour la tour Eiffel, on dispose d'« aller tout en haut », qui me paraît préférable à « monter tout en haut ». Mais, vous l'avez dit, « tout en haut » est plus précis qu'« en haut » : je trouve donc moi aussi peu gênant ce pléonasme... atténué.
J'essaie aussi de penser à dire « aller au sommet » d'une montagne ou d'une colline, mais le verbe n'a pas la connotation d'effort de « monter ».
Tout est relatif !André a écrit :[...]J'essaie aussi de penser à dire « aller au sommet » d'une montagne ou d'une colline, mais le verbe n'a pas la connotation d'effort de « monter ».
Dans l'emploi du verbe monter, je ne vois pas, pour ma part, la notion d'effort mais simplement l'indication du sens du déplacement, d'un point bas vers un point situé plus haut.
Aller peut tout à fait convenir; sur la commune de St-Gervais-les-Bains, partant du Mont Blanc (4810 m), point A, vous irez au Mont Blanc de Courmayeur (4748m), point B, en descendant vers le col Major, avant de monter pour rejoindre le sommet. Finalement serez-vous monté ou serez-vous descendu ou plus simplement serez-vous allé de A vers B ?
J'opterais personnellement indifféremment pour l'une des deux dernières propositions.
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Dans mon journal : ... le bâtiment censé accueillir l'EMA ne serait pas prêt avant novembre 2019, alors que Milan dispose d'un lieu déjà disponible.
Et ceci : Le petit « commerce » de ces deux sœurs... a duré pendant plusieurs années.
Mots mis en gras par moi. L'EMA est l'Agence européenne du médicament.
Et ceci : Le petit « commerce » de ces deux sœurs... a duré pendant plusieurs années.
Mots mis en gras par moi. L'EMA est l'Agence européenne du médicament.
Je vais me faire l'avocat du diable.
Dans la première phrase, il est peut-être fâcheux de trouver deux mots de la même racine, disposer et disponible, si près dans la phrase, mais il n'y a pas vraiment pléonasme. Disposer de a le sens de posséder. Disponible a ici plutôt le sens de déjà prêt.
Dans la deuxième phrase, il y a ce fameux "pendant" qui vient après "durer" (je crois que vous avez déjà signalé au moins un cas semblable). Est-ce un pléonasme ? Certes, on peut se passer de "durant" et dire "a duré plusieurs années". Mais ajouter "durant" ne me paraît pas fautif, de même qu'on peut dire au choix "il s'est promené deux heures" ou "il s'est promené pendant deux heures". Je note d'ailleurs ce "pléonasme" dans le TLFi:
Dans la première phrase, il est peut-être fâcheux de trouver deux mots de la même racine, disposer et disponible, si près dans la phrase, mais il n'y a pas vraiment pléonasme. Disposer de a le sens de posséder. Disponible a ici plutôt le sens de déjà prêt.
Dans la deuxième phrase, il y a ce fameux "pendant" qui vient après "durer" (je crois que vous avez déjà signalé au moins un cas semblable). Est-ce un pléonasme ? Certes, on peut se passer de "durant" et dire "a duré plusieurs années". Mais ajouter "durant" ne me paraît pas fautif, de même qu'on peut dire au choix "il s'est promené deux heures" ou "il s'est promené pendant deux heures". Je note d'ailleurs ce "pléonasme" dans le TLFi:
On trouve "durer pendant" sous la plume des meilleurs écrivains, et ce, depuis l'époque classique. Si pléonasme il y a, il me paraît admis par l'usage. Cela dit, dans l'exemple particulier que vous citez, je préférerais probablement me passer de "pendant".− [Par la prép. pendant] Pendant tout le temps que dure, qu'a duré... Pendant tout le temps qu'avait duré la lecture, Daigremont (...) avait souri à des pensées vagues (Zola, Argent,1891, p. 178).L'apprenti reste chez le même maître pendant tout le temps que dure son apprentissage (Faral, Vie temps st Louis,1942, p. 70):
10. Habitué du Café de Paris, du boulevard de Gand et du bois de Boulogne, le faux Cavalcanti, pendant qu'il était resté à Paris, et pendant les deux ou trois mois qu'avait duré sa splendeur, avait fait une foule de connaissances. Dumas père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 662.
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Je prévoyais plus ou moins une objection comme la vôtre concernant la première phrase. L'option consistant à voir derrière disposer et disponible les sens que vous leur donnez ne me gêne guère. Je pensais toutefois essentiellement aux personnes soucieuses de leur langue, qui ne peuvent oublier que l'adjectif (du latin médiéval disponibilis) dérive du verbe latin classique disponere, d'où vient disposer. Milan possède un lieu disponible. Milan dispose d'un lieu approprié.
Pour la deuxième phrase, j'éviterais « durer pendant » en tout état de cause. J'ai d'ailleurs à l'esprit la préposition durant synonyme de pendant. « Il s'est promené deux heures » est différent, puisque, stricto sensu, aucun mot n'y exprime la durée. On n'a sans doute pas dit sans raison, jadis « Il s'est promené deux heures durant », qui ne me semble d'ailleurs pas totalement tombé en désuétude.
Pour la deuxième phrase, j'éviterais « durer pendant » en tout état de cause. J'ai d'ailleurs à l'esprit la préposition durant synonyme de pendant. « Il s'est promené deux heures » est différent, puisque, stricto sensu, aucun mot n'y exprime la durée. On n'a sans doute pas dit sans raison, jadis « Il s'est promené deux heures durant », qui ne me semble d'ailleurs pas totalement tombé en désuétude.
- Monsieur Pogo
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Tous égaux
Lorsqu'une phrase commence par « Nous sommes tous... », on pense, à l'évidence, que l'adjectif qui suivra, si c'en est un, concernera toutes les personnes représentées par « nous », par exemple « mortels ». Or ledit adjectif peut contenir l'idée qu'aucune exception n'est envisageable.
« Nous sommes égaux devant la mort » signifie généralement, je crois, que nous mourrons tous. Si une seule personne était immortelle, nous ne serions pas égaux devant la mort.
Que pensez-vous de « Nous sommes tous égaux devant la mort » ? Pour moi « tous égaux » est une tournure pléonastique. Mais elle est devenue si courante qu'on finit par s'interroger sur cet inconvénient. Il y a très longtemps que je souhaitais en parler ici, bien que je ne sois pas certain d'être le premier à le faire.
« Nous sommes égaux devant la mort » signifie généralement, je crois, que nous mourrons tous. Si une seule personne était immortelle, nous ne serions pas égaux devant la mort.
Que pensez-vous de « Nous sommes tous égaux devant la mort » ? Pour moi « tous égaux » est une tournure pléonastique. Mais elle est devenue si courante qu'on finit par s'interroger sur cet inconvénient. Il y a très longtemps que je souhaitais en parler ici, bien que je ne sois pas certain d'être le premier à le faire.