Se succéder, et que + subjonctif/indicatif

schtroumpf grognon
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Message par schtroumpf grognon »

embatérienne a écrit :Malheureusement, en grammaire, toutes les questions ne reçoivent pas forcément une réponse logique : il faut parfois se contenter de "c'est comme ça parce que ... c'est comme ça" ! L'usage a ses raisons que la raison ne connaît point, aurait écrit Pascal s'il avait été l'auteur de la Grammaire de Port-Royal. Pourquoi, par exemple, "espérer" et "souhaiter" se conduisent-ils différemment :
j'espère que vous allez bien /je souhaite que vous alliez bien.
j'espère que vous viendrez demain/ je souhaite que vous veniez demain.
Par comparaison, le verbe latin sperare "espérer" se construit en latin classique plus souvent avec une proposition infinitive qu'avec la conjonction ut suivie du subjonctif, c'est-à-dire que les deux constructions existent mais le subjonctif est plus rare. Notre construction à l'indicatif vient peut-être de là.

On pourrait reprendre la discussion en se demandant pourquoi le verbe latin sperare préfère la construction qui n'est pas au subjonctif. En latin, les verbes de désir et de volonté se construisent souvent avec le subjonctif introduit par la conjonction ut. Sperare fait exception.

Je peux expliquer la construction française par le latin, mais je ne peux expliquer la construction latine.

Autre explication (simpliste) :

Quand on espère, on prend ses désirs pour des réalités.
embatérienne

Message par embatérienne »

Merci de vos commentaires et la piste latine est effectivement à creuser pour expliquer le traitement singulier de "espérer".
En revanche, la possibilité de prendre la proposition infinitive me paraît sans grand rapport. Du reste, en français, les deux verbes "espérer" et "souhaiter" acceptent cette construction :
Je souhaite le voir travailler mieux à l'école.
J'espère le voir travailler mieux à l'école.
schtroumpf grognon
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Message par schtroumpf grognon »

Le plus important à voir est que sperare en latin classique ne se construit généralement pas avec une complétive au subjonctif.

J'ai mentionné la proposition infinitive parce qu'en latin classique les subordonnées complétives à l'indicatif n'existent pas.
Une phrase comme "Je dis qu'il est grand." se traduit par une proposition infinitive à l'époque classique. La construction que nous connaissons avec une conjonction exprimée et un verbe à l'indicatif n'apparaîtra qu'à l'époque chrétienne.

Pour expliquer les constructions du français, il serait plus logique de se référer au latin vulgaire de la décadence, langue dont le français est issu directement, mais le problème est que ce latin n'est pas celui qu'on étudie dans les écoles. On préfère celui de Cicéron.
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