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Publié : mer. 09 mars 2011, 0:37
par Marco
Ne faut-il pas hiérarchiser les choses historiquement ? C’est juste une question que je me pose. Pour moi, le TLF est le meilleur fruit de la lexicographie francophone récente, parce qu’il recense les usages, mais pas n’importe lesquels, car ils sont tous documentés chez des auteurs du passé, et dans le cas d’idiome nous remontons au moins au 19ème siècle.

Une question plus générale, que je me pose et que je vous pose, est la suivante : jusqu’à quel point est-il sensé de considérer comme mauvais des emplois qui ont eu cours et toujours ont cours ? C’est une question fondamentale, je crois.

Je dois préciser, parce que les paroles écrites ne peuvent jamais s’interpréter exactement comme celles qui sont prononcées avec une certaine intonation, etc., que je ne voudrais surtout pas passer pour celui qui se dirait « progressiste » et que je m’interroge seulement.

Et je conclus sur ces deux mots, Jacques, problème et site. Si je ne m’abuse, vous en condamnez l’usage en lieu, respectivement, de « difficulté, etc. » et de « lieu » ou autre (je ne me souviens pas exactement). En fait, c’est la seule chose, si je puis dire, qui me dérange un peu : l’extension sémantique, qui est le propre de toutes les langues, est normale.

Alors, oui, nous devons défendre une tradition, nous devons nous battre pour faire respecter des règles de base, mais aussi, nous devons, je crois, accepter certains usages connus de tous, ne serait-ce que dans un registre familier – car il faut aussi tenir compte du contexte –, et éduquer, si on peut, au goût de la variété consciente.

J’aimerais m’excuser encore une fois, tout cela n’est qu’interrogation. :)

Publié : mer. 09 mars 2011, 7:43
par Jacques
Vous excuser de quoi ? Nous exposons nos points de vue. Si nous avions le même sur tout, où serait l'intérêt du forum ? Je vais m'expliquer sur ma réaction : il y a une vingtaine d'années, j'ai lu un livre intitulé Naître en français, écrit par Émile Genouvrier, qui expliquait l'histoire de la langue, depuis le latin populaire des commerçants romains mélangé de l'argot des salles de garde (c'était son propre terme) pour aboutir au français contemporain. Il insistait sur la nécessité de bien faire la différence entre langue, dialecte, idiome et patois. Auparavant, hormis le patois, je ne faisais pas de distinction entre les trois autres.
C'est de lui que j'ai retenu la leçon, appuyée sur l'étymologie grecque, selon laquelle le mot idiome ne doit s'appliquer qu'à un parler propre à une communauté, mais jamais à une langue nationale, et a fortiori internationale comme le français, l'espagnol ou l'anglais.
Comme je ne suis pas savant, je me suis approprié ladite leçon, qui m'a beaucoup marqué, en m'efforçant de l'appliquer dans mon langage.

Publié : mer. 09 mars 2011, 9:10
par Brazilian dude
Je suis d'accord avec Marco. On dit idioma en portugais, espagnol, catalan et italien pour se référer à une langue (língua en portugais, lengua en espagnol, llengua en catalan, lingua en italien) peut-être parce que idioma sonne comme un synonyme d'un niveau plus élevé de langue et évite des confusions avec le terme langue (et língua, etc.), qui se réfère aussi à un organe.

Publié : mer. 09 mars 2011, 9:14
par Jacques
Les exemples pris dans d'autres langues peuvent-ils justifier en français un emploi critiqué par des spécialistes ?
J'ai expliqué que je ne donne pas un avis personnel, mais celui de quelqu'un qui sait de quoi il parle.

Publié : mer. 09 mars 2011, 12:39
par Brazilian dude
Si tant de langues apparentées se comportent comme ça, je pense qu'il est peut probable que toutes ces langues aient tort et que seul le français (ou le français de quelqu'un) ait raison.

Peut-être que le spécialiste que vous mentionnez ne sait pas de quoi il parle. Errare humanum est.

Publié : mer. 09 mars 2011, 13:23
par Jacques
Si justement il sait, j'ai expliqué qu'il a écrit un livre remarquable sur l'histoire de la langue et son évolution depuis le latin. Et j'ai cité des dictionnaires qui définissent un idiome comme un perler propre à une communauté.

Publié : mer. 09 mars 2011, 14:06
par Manni-Gédéon
Brazilian dude a écrit :Si tant de langues apparentées se comportent comme ça, je pense qu'il est peut probable que toutes ces langues aient tort et que seul le français (ou le français de quelqu'un) ait raison.
La question n'est pas là ; il ne s'agit pas d'avoir tort ou raison. Les mots qui se ressemblent n'ont pas forcément le même sens d'une langue à l'autre ; c'est justement ce qu'on appelle les faux amis.
Par exemple, le mot anglais actually n'a pas le même sens que le mot actuellement en français et le mot italien esazione n'a pas le même sens que le français exaction.
Il existe beaucoup d'exemples similaires. Ces mots ont la même origine et ils ont évolué différemment d'une langue à l'autre.

Publié : mer. 09 mars 2011, 14:14
par Jacques
Vous avez mieux défini que moi l'argument. On ne peut pas se référer à une langue pour justifier ce qui se dit dans une autre. Ce qui sert de justification dans le mot français idiome, c'est sa racine grecque idios indiquant une singularité, une spécificité.