L'a dit ? L'a pas dit ?

jarnicoton
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Message par jarnicoton »

Jacques a écrit :Et m... pour le roi d'Angleterre
Qui nous a déclaré la guerre
Mon père a entendu pendant l'Occupation (majuscule ou pas ?) une version collabo :
Et m... pour le roi d'Angleterre
Qui nous a foutus dans la guerre.
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Jacques
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Message par Jacques »

Ce n'est pas étonnant. On en a entendu de toutes les couleurs pendant l'Occupation. Tout était bon pour se moquer de l'occupant.
Oui, il faut une majuscule parce que le mot, désignant non une quelconque occupation, mais un fait devenu historique, a valeur de nom propre ; comme quand on écrit la Révolution, la Terreur, la Libération, le Directoire, etc.
Puisque nous parlons de l'Occupation, voici un poème qui fut affiché au nez et à la barbe des Allemands. Il est écrit en vers brisés. Je vous invite à le lire une première fois comme un alexandrin ordinaire. Ensuite vous le reprenez pour lire la première colonne, qui s'arrête là où je mets un astérisque, donc en vers de six syllabes ; puis la seconde. C'est un tout autre son de cloche.
Aimons et admirons * le chancelier Hitler,
L’éternelle Angleterre * est indigne de vivre.
Maudissons, écrasons * le peuple d’outre-mer
Le nazi sur la terre * sera seul à survivre.
Soyons donc le soutien * du Führer allemand
De ces navigateurs * la race soit maudite.
À eux seuls appartient * ce juste châtiment
La palme du vainqueur * répond au vrai mérite.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Claude
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Message par Claude »

Jacques a écrit :Et cette célèbre chanson (bretonne je crois) :
Au trente et un du mois d'a-oût, (bis)
....
Refrain :
Buvons un coup, buvons-en deux
À la santé des amoureux,
À la santé du roi de France.
Et m... pour le roi d'Angleterre
Qui nous a déclaré la guerre
Puisque nous sommes en week-end, je vous offre le son.
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shokin
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Message par shokin »

Il y a les Québécois qui utilisent actuellement le mot marde.

Mange d'la marde ! (= Va t'faire foutre !)
Tout ce que tu fais, c'est de la marde !
Walmarde ! (critique de Wal-Mart)
Aujourd'hui, ma vie, c'est d'la marde !

Il y a même leur juron Vierge ! qu'ils prononcent parfois Viarge !
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Jacques
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Message par Jacques »

Si vous permettez, je pense qu'ils ne prononcent pas marde, mais que la première voyelle est une diphtongue, ce son qui a disparu en français d'Europe : ils disent quelque chose comme ma'èr, c'est une diphtongue montante car le son a est ébauché alors que le è est prononcé clairement.
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shokin
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Message par shokin »

Écoute la chanson.

Vous pouvez aussi écouter La Tête A Papineau des Cowboys Fringants.

Ou chercher "marde" sur YouTube.
Dernière modification par shokin le ven. 26 avr. 2013, 14:42, modifié 1 fois.
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Jacques
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Message par Jacques »

J'ai bien écouté, il n'y a pas de diphtongue mais le son A tout seul. Peut-être que les diphtongues sont en voie d'abandon au Québec. Certains Québécois ont aujourd'hui un accent qui se rapproche fortement de celui des Français.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Claude
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Message par Claude »

J'entends également le son A tout seul, aussi bien par le présentateur que par la chanteuse.
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Perkele
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Message par Perkele »

Mais le titre a-t-il été écrit avec un A par des Français ou les Québécois eux-mêmes ?
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Une coïncidence ? Peut-être un peu plus.
Dans les dialectes méridionaux de l’allemand, en bavarois en particulier, on trouve le même phénomène : « der Lehrer » (l’enseignant) y devient « da Lehra ». La consonne R n’est jamais prononcée dans la langue de Goethe comme en français standard : elle est soit roulée, sonore (« traurig ») (triste), soit partiellement vocalisée en A quand elle est précédée d’un E (totalement en dialecte). Le phénomène est possible aussi après un I (« mir » [me, à moi] peut être prononcé « miar », voire « mia »).
Le québécois vient davantage du français de l’Ouest de la France que de celui d’autres régions : encore aujourd’hui, quand j’entends le mot de Cambronne en patois sarthois, j’ai l’impression que son premier E ressemble vaguement à un A.
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Jacques
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Message par Jacques »

Le R roulé serait donc dominant en allemand ? Benoît XVI roulait les R quand il parlait allemand, mais pas quand il s'exprimait en français. J'ai eu un prof d'allemand qui était autrichien, il prononçait à la parisienne.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Jacques a écrit :Le R roulé serait donc dominant en allemand ?
La réponse est plutôt oui (hors des situations où il est plus ou moins vocalisé). Avec beaucoup de nuances, beaucoup de degrés dans l'intensité du roulement : je préfère d'ailleurs dire qu'il est sonore, les cordes vocales travaillent pour sa production !
Brazilian dude
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Message par Brazilian dude »

Je n'ai pas la même expérience qu'André. Cette espèce de r, semblable au r français, c'est que l'on enseigne aux étudiants étrangers et c'est le r que j'entends le plus souvent à la télévision et en Allemagne.

Cela n'est pas le cas pour beucoup (la plupart?) d'autrichiens et de suisses germanophones.
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Jacques a écrit :J'ai bien écouté, il n'y a pas de diphtongue mais le son A tout seul. Peut-être que les diphtongues sont en voie d'abandon au Québec. Certains Québécois ont aujourd'hui un accent qui se rapproche fortement de celui des Français.
Ce n'est pas le cas de Lisa Leblanc, qui a un fort accent, et qui est, il faut le préciser, acadienne.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

André (Georges, Raymond) a écrit :Le québécois vient davantage du français de l’Ouest de la France que de celui d’autres régions : encore aujourd’hui, quand j’entends le mot de Cambronne en patois sarthois, j’ai l’impression que son premier E ressemble vaguement à un A.
Cette ouverture du è devant r n'est pas une caractéristique exclusive de l'Ouest. Elle a existé en Île de France.
Je cite Jacqueline Picoche, Histoire de la langue française :

« |r| a eu une influence ouvrante sur un |ε| précédent dès le XIIIè siècle, où apparaissent des rimes comme armes, larmes ( et non lairmes comme en ancien français).
Cette tendance est très vivante au XVIè siècle dans la région parisienne... De ces hésitations, il ne nous reste que quelques traces comme escherpe > écharpe, ou asparge > asperge.
Au XVIIè siècle, dans le théâtre de Molière, |ar| pour |εr| (Piarrot pour Pierrot) fait partie des caractéristiques du langage populaire et paysan. »
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
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